L’anthologie horrifique Masters of Horror va faire l’objet d’une réédition en Blu-ray en deux volumes, dont le premier sortira le 23 janvier 2018.
NOTE : il m’a malheureusement été confirmé par ESC, courant janvier 2018, que cette édition avait été mystérieusement annulée. Aucune explication particulière n’a été fournie. Si vous avez davantage d’informations, n’hésitez pas à les indiquer via des commentaires.
La génèse de Masters of Horror
Le projet Masters of Horror est né dans des circonstances plutôt sympathiques et informelles, au début des années 2000. Mick Garris, le créateur de la série (qui réalisa notamment Critters 2 et La Mouche 2), organisa un dîner au restaurant dans la ville de Sherman Oaks (Californie). Autour de la table, uniquement des grands noms du cinéma de genre, dont John Carpenter (Invasion Los Angeles ; Assaut ; The Thing), Larry Cohen (Gold Told Me To), Don Coscarelli (Phantasm ; Bubbah Ho-tep ; John Dies at the End), Joe Dante (Gremlins ; Piranhas ; Panic sur Florida Beach), Guillermo Del Toro (Le Labyrinthe de Pan), Stuart Gordon (Dagon ; From Beyond), Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse), John Landis (Le Loup-garou de Londres) et Bill Malone. Ce joyeux gueuleton en entraîna d’autres, auxquels participèrent notamment David Cronenberg, Dario Argento (Suspiria), Lucky McKee (May ; The Woman), Quentin Tarantino, Mary Lambert et Ti West (The House of the Devil).
Une liste qui a de quoi donner le tournis aux amateurs de cinéma fantastique et horrifique, et qui a le mérite de couvrir plusieurs générations de cinéastes (Lucky McKee, par exemple, n’a réalisé qu’un seul long métrage à l’époque ; Ti West n’en a encore fait aucun – il ne fera d’ailleurs au final pas partie de l’aventure Masters of Horror).
On imagine que Mick Garris évoqua à ces occasions l’idée de produire une série TV anthologique, composée de moyens métrages horrifiques indépendants les uns des autres, chacun étant réalisé par un « maître de l’horreur » différent. Le résultat : deux saisons de 13 épisodes chacun, diffusés d’octobre 2005 à février 2007 sur la chaîne de télévision payante Showtime.
L’une des références en matière de séries horrifiques
Dans l’ensemble, Masters of Horror est une belle réussite artistique et un excellent divertissement pour les amateurs du genre. Les segments de Dario Argento (Jenifer et J’aurai leur peau) surclassent plusieurs de ses propres longs métrages (surtout ses derniers) ; ceux de John Landis (dont le Deer Woman n’est pas sans évoquer son culte Loup-garou de Londres), Don Coscarelli, Brad Anderson et Peter Medak sont également très aboutis. Lucky McKee retrouve l’actrice de son premier film May (2002), Angela Bettis (qu’il dirigera à nouveau sur The Woman), pour l’attachant Sick Girl, une sorte de conte moderne à la fois drôle, romantique et monstrueux dans lequel figure également la jolie Erin Brown (a.k.a. Misty Mundae, vue entre autres dans The Rage).
Joe Dante explore habilement le registre de la satire politique avec Vote ou crève (très critique à l’égard de la guerre en Irak, qui avait débuté environ deux ans plus tôt) et signe également l’inquiétant The Screwfly Solution (sorte de métaphore d’une domination masculine virant au cauchemar), basée sur la nouvelle éponyme d’Alice Bradley Sheldon. Mick Garris lui-même rend une copie très honorable avec son segment Valerie on the Stairs. Quant à Stuart Gordon, il adapte une nouvelle de H.P. Lovecraft (ce qu’il avait déjà fait à trois reprises au cinéma) intitulée Le Cauchemar de la sorcière, en prenant comme à son habitude des libertés par rapport au récit d’origine (l’humour et l’érotisme sont assez fréquents chez Stuart Gordon, alors qu’ils sont totalement exclus des textes de Lovecraft), et le résultat est séduisant.
Comme toute anthologie, Masters of Horror comprend toutefois des moyens métrages plus faibles, voire ratés ; on aura par exemple connu John Carpenter et Tobe Hooper nettement plus inspirés. Mais cela n’altère que légèrement la qualité globale d’une anthologie dont l’intérêt réside aussi dans la variété des approches, des esthétiques et des thématiques qu’elle propose (chaque cinéaste ayant un univers bien à lui).
Malheureusement, Showtime décida de ne pas diffuser de troisième saison. Mick Garris et NBC trouvèrent un accord qui déboucha non pas sur une nouvelle étape du projet Masters of Horror, mais sur une autre anthologie, d’un niveau nettement inférieur : la très oubliable Fear Itself. Dommage, car le nom de Cronenberg circulait à propos d’une saison 3 qui ne verra donc jamais le jour. Mais Garris peut néanmoins être fier d’avoir réussi à réunir autant de talents autour d’une série qui, encore aujourd’hui, fait figure de référence en matière d’horreur à la télévision.
Une édition Blu-ray prévue pour 2018 chez ESC
La bonne nouvelle pour les amateurs de Masters of Horror (et pour ceux qui voudraient découvrir cette anthologie), c’est qu’une édition Blu-ray va très prochainement voir le jour, sous la forme de deux coffrets prestigieux. Le premier volume sortira le 23 janvier 2018. Le parti pris de l’éditeur (ESC Distribution) a été de regrouper les segments par réalisateur, sans respecter l’ordre original des épisodes – mais cela a relativement peu d’importance compte tenu que ceux-ci n’ont aucun lien thématique entre eux.
Les réalisateurs présents dans le premier coffret (visuellement alléchant) sont John Carpenter, Dario Argento, Don Coscarelli, Joe Dante, Mick Garris, John Landis, Stuart Gordon, Tobe Hooper et Takashi Miike. Un deuxième coffret comprenant les épisodes restants verra donc le jour au cours de l’année 2018.
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