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Panic sur Florida Beach
Comédies / Comédies dramatiques 0

Panic sur Florida Beach

Par Bertrand Mathieux · Le 12 juillet 2011

Film de Joe Dante
Titre original : Matinee
Année de sortie : 1993
Scénario : Charles S. Haas
Histoire : Jerico Stone, Charles S. Haas
Photographie : John Hora
Montage : Marshall Harvey
Pays : États-Unis
Avec : John Goodman, Cathy Moriarty, Omri Katz, Kellie Martin, Lisa Jakub, Simon Fenton

Gene Loomis: Y’know, it’s hard to believe you’re a grown-up.
Ruth Corday: No kidding.
Lawrence Woolsey: You think grown-ups have it all figured out? That’s just a hustle, kid. Grown-ups are making it up as they go along, just like you. You remember that, and you’ll do fine.

Avec Panic sur Florida Beach, Joe Dante puise dans ses souvenirs de spectateur pour mieux nous livrer sa propre vision du cinéma.

Synopsis de Panic sur Florida Beach

Octobre 1962. Le jeune Gene Loomis (Simon Fenton) vit avec sa mère Anne (Lucinda Jenney) et son petit frère Dennis (Jesse Lee Soffer) dans une base militaire située à Key West, en Floride. Son père, qui travaille dans l’armée, est parti en mission.

Passionné de films de monstres, Gene attend impatiemment la projection de Mant!, le dernier film de Lawrence Woolsey (John Goodman), spécialiste du cinéma d’épouvante. Parallèlement, la crise des missiles de Cuba éclate et plonge l’Amérique dans la psychose…

Critique et analyse du film

Comme Francis Ford Coppola, James Cameron, Martin Scorsese et bien d’autres, Joe Dante a commencé sa carrière dans le cinéma en travaillant pour Roger Corman, l’un des grands maîtres de la série B, cinéphile averti et fin découvreur de talents. C’est d’ailleurs Corman qui produira le premier succès de Dante, Piranha, en 1978, point de départ d’une filmographie qui mêle horreur, fantastique, comédie et science-fiction. Il signa dans les années 80 plusieurs classiques dont Hurlements, Gremlins (produit par Steven Spielberg via le célèbre studio Amblin Entertainment) et L’Aventure intérieure, avec Dennis Quaid. Il réalisa également l’un des segments de La Quatrième dimension (le film). Au début des années 90, Joe Dante vient de tourner Gremlins 2 quand il commence à travailler sur Panic sur Florida Beach (Matinee).

A travers ce film unique, sans doute le meilleur de sa carrière et indéniablement le plus personnel, Joe Dante nous livre sa vision du cinéma, et plus particulièrement du cinéma d’horreur. Ce sont donc son expérience et ses émotions en tant que (jeune) spectateur, de même que son approche en tant que cinéaste, qui sont au cœur de Panic sur Florida Beach.

John Goodman dans "Panic sur Florida Beach"

Lawrence Woolsey (John Goodman) dans « Panic sur Florida Beach »

L’action se déroule pendant la crise des missiles de Cuba, en 1962 donc, époque à laquelle Joe Dante avait environ 16 ans, soit deux ou trois ans de plus que les enfants dans le film ; car, comme dans Gremlins et Explorers, la majorité des personnages de Panic sur Florida Beach sont de jeunes adolescents et c’est avant tout à travers leur regard que l’histoire nous est contée. Évidemment, ceux-ci – et plus particulièrement Gene (Simon Fenton) – reflètent la propre expérience (de la réalité et du cinéma) de Joe Dante à l’époque, tandis que le personnage savoureux de Lawrence Woolsey (excellent John Goodman) est un hommage explicite au réalisateur indépendant William Castle (La Nuit de tous les mystères) et aux séries B d’horreur des années 50.

La première partie de Panic sur Florida Beach sert à installer le contexte historique et les personnages (tous attachants et suffisamment consistants), avec beaucoup d’humour mais aussi de justesse. Dante y dénonce gentiment, à plusieurs reprises, certains aspects (toujours actuels) de la société américaine, comme dans cette scène où un professeur vante un équilibre alimentaire douteux (à base de viande exclusivement !), ou encore lorsque les clients d’un supermarché, s’approvisionnant à l’avance sous la menace d’une guerre nucléaire, se disputent violemment une boite de céréales… On retrouve ce regard critique dans plusieurs œuvres de l’auteur, par exemple dans Gremlins et, de façon beaucoup plus explicite, dans Vote ou crève, l’un des deux segments qu’il réalisa pour le projet Masters of Horror, où s’exprimait ouvertement son désaccord vis-à-vis de la guerre en Irak. Dante montre aussi très bien que le climat de peur dû à la situation entre les États-Unis et Cuba à l’époque affectait les adultes mais aussi, bien entendu, leurs enfants, notamment dans la séquence où Gene rêve qu’il sort de chez lui pendant la nuit et qu’une explosion nucléaire dévaste la ville.

Simon Fenton dans "Panic sur Florida Beach"

Gene Loomis (Simon Fenton) pendant la séquence du rêve. La peur du monde extérieur…

La seconde partie, qui constitue le cœur de l’histoire, se déroule pendant la projection du film Mant!, tourné par Dante lui-même, projection particulière tant en raison de son contexte historique houleux que de son déroulement singulier (le réalisateur Lawrence Woolsey l’agrémentant d’effets sonores et d’animations en temps réel). Mant! évoquant directement les dangers du nucléaire (un homme exposé à des radiations se transforme peu à peu en fourmi…), le fait qu’il soit montré pendant la crise des missiles de Cuba permet à Joe Dante de mieux souligner les rapports étroits entre la réalité d’une époque et le cinéma d’horreur. Plusieurs images (comme ce plan saisissant où une explosion nucléaire apparait en plein milieu de l’écran de cinéma) illustrent les propos tenus plus tôt dans le film par Lawrence Woolsey, au cours d’un échange avec son jeune admirateur Gene Loomis – propos explicitant les origines et le rôle du cinéma d’épouvante :

Lawrence Woolsey: A zillion years ago, a guy’s living in a cave. He goes out one day, Bam! He gets chased by a mammoth. Now he’s scared to death, but he gets away. And when it’s all over with, he feels great.

Gene Loomis: Well yeah, ’cause he’s still living.

Lawrence Woolsey: Yeah, but he knows he is. And he feels it. So he goes home, back to the cave, the first thing he does… he does a drawing of the mammoth. And he thinks, « People are coming to see this. Let’s make it good. Let’s make the teeth real long, and the eyes real mean. » Boom! The first monster movie. That’s probably why I still do it. You make the teeth as big as you want, then you kill it off, everything’s okay, the lights come up…

En 1962, ce ne sont plus les mammouths qui constituent la principale source de terreur pour l’homme, mais bien la bombe atomique… Pour Dante, les films d’horreur permettent donc de se confronter aux angoisses du monde réel, de les exorciser en quelques sortes, pour se sentir d’autant plus « vivant » et en sécurité en sortant du cinéma (You make the teeth as big as you want, then you kill it off, everything’s okay, the lights come up….). C’est ce qu’il a ressenti, enfant, en allant voir des films d’épouvante, et c’est ce qui dicte sa manière d’en tourner.

Panic sur Florida Beach

Les angoisses de la réalité au cœur du cinéma.

Le réalisateur parvient à insuffler à chaque moment du film, et ce malgré l’absence d’enjeux dramatiques réels, une légèreté (Panic sur Florida Beach est une pure comédie), une énergie et une émotion bouillonnantes et communicatives – celle que le cinéma lui procure depuis son enfance et qu’il nous fait partager avec un sens du rythme et du cadrage admirables. A travers ce film généreux et parfaitement maîtrisé, Joe Dante nous dépeint donc une époque (celle de la guerre froide) et exprime ce que le cinéma représentait et représente pour lui comme spectateur et comme cinéaste. Le metteur en scène rend au passage aux salles obscures cette dimension cérémonielle, cette ferveur qu’on a parfois du mal à retrouver aujourd’hui, avec une sincérité et un talent d’autant plus louables qu’il n’y a pas une once de prétention dans sa démarche – sa vision du cinéma étant aussi jubilatoire et intelligente que simple et dénuée de prétention.

Panic sur Florida Beach

Les personnages de Gene et de Lawrence « Castle » Woolsey représentent finalement assez bien, à eux deux, un cinéaste adulte mais qui n’a jamais renoncé à ses rêves et à son regard d’enfant – pour son bonheur comme pour le nôtre. Panic sur Florida Beach, cet hommage au cinéma à la fois nostalgique et intemporel dans son propos, en est la preuve saisissante et, plus encore, nous donne envie d’en faire autant.

Anecdotes

L’apparition de Naomi Watts dans Panic sur Florida Beach

La toute jeune Naomi Watts (Mulholland Drive) apparaît dans un « film dans le film », celui que Gene et son petit frère Dennis vont voir un soir, avant la sortie de Mant!, et qui met en scène un cadi habité par un esprit humain…

Mant!

Le court métrage Mant! (de Joe Dante également), le fameux « film dans le film », est visible dans l’édition DVD et Blu-ray de Panic sur Florida Beach.

L'homme-fourmi de "Mant!"

L’homme-fourmi de « Mant! »

John Hora, fidèle collaborateur de Joe Dante

La photographie de Panic sur Florida Beach, qui évoque les vieux films hollywoodiens en couleur, est signée John Hora, le chef opérateur qui travailla avec Joe Dante sur Hurlements, Gremlins (1 et 2), Explorers et le segment 3 de La Quatrième dimension (le film, sorti en 1983).

Cathy Moriarty

Cathy Moriarty, qui joue la compagne de Lawrence Woolsey dans Panic sur Florida Beach, a démarré sa carrière en interprétant la femme de Jake La Motta (Robert de Niro) dans Raging Bull (1980) de Martin Scorsese.

Cathy Moriarty et John Goodman dans "Panic sur Florida Beach"

Cathy Moriarty et John Goodman

Quelques petites touches anachroniques

Panic sur Florida Beach est par certains aspects légèrement anachronique : le film Mant! s’inscrit clairement dans la tradition des monsters movie des années 50 ; son style n’est donc pas vraiment représentatif du paysage cinématographique américain du début des années 60. Ce décalage volontaire s’explique probablement par le fait que Joe Dante a dû vivre ses premiers chocs cinématographiques pendant les années 50, et qu’en même temps il était important de situer le film en 1962, pendant la crise des missiles de Cuba, pour mieux souligner son propos et la conception du cinéma qu’il développe. Plutôt que de trancher net, le metteur en scène a donc pris quelques libertés qui ne portent en aucun cas préjudice au film et renforcent à la fois son aspect personnel et son discours.

The Loco-Motion

On entend plusieurs standards des sixties dans le film, dont The Loco-Motion (sorti précisément en juin 1962, soit quelques mois avant la crise des missiles de Cuba) et My Boyfriend’s Back, une sympathique chanson des Angels (reprise en 2005 par les Raveonettes, le duo pop-rock danois).

A propos de Joe Dante

Un master of horror

Joe Dante a participé aux deux saisons de la série Masters of Horror en signant en 2005 et 2006 les segments Vote ou crève (Homecoming) et La Guerre des sexes (The Screwfly Solution). Deux moyens métrages d’une heure qui comptent parmi les meilleurs de la série.

Joe Dante et John Landis

Les chemins de Joe Dante et de John Landis (Hamburger Film Sandwich, Le Loup-garou de Londres) se sont souvent croisés au cours de leurs carrières respectives. Tous deux ont réalisé un segment du film La Quatrième dimension (1983) et ont participé, en 1987, au film à sketches Amazon Women on the Moon. Enfin, Landis a également tourné deux métrages (réussis) pour Masters of Horror : La Belle et la bête (Deer Woman) et Une Famille recomposée (Family).

8.5 Note globale

Dans Panic sur Florida Beach, Joe Dante nous rappelle que le cinéma, et en l'occurrence ici le cinéma d'épouvante, est à la fois un moyen de s'évader et de se confronter à des angoisses aussi bien ancestrales que contemporaines. Un discours intelligent sur le 7ème art, donc, et surtout un film profondément attachant et maîtrisé de bout en bout.

Joe DanteJohn Goodman
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

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