Suite des chroniques du festival Format Court 2024 au Studio des Ursulines avec le compte-rendu de la séance n°4 des courts métrages en compétition.
Avec l’humanité qui convient, de Kacper Checinski
Nous voilà plongés dans une antenne de Pôle emploi (maintenant on dit France Travail : ça a tout changé !) dont les employés sont soumis à une pression d’autant plus forte qu’une personne au chômage menace de venir mettre fin à ses jours dans les locaux.
La réalisation de Kacper Checinski parvient à créer une tension de chaque instant. Evidemment, le film prend un cas spécifique pour parler d’une réalité globale, que les politiques sont incapables de traiter autrement qu’en proposant un absurde changement de nom, sans doute né d’un brainstorming parfaitement déconnecté des enjeux sociétaux dramatiques que ce court métrage, au titre ironique, capture dans ses cadres millimétrés. Le jeu intense des comédiens, Joséphine de Meaux en tête, est également à saluer.
Pleure pas Gabriel de Mathilde Chavanne
La détresse d’un enseignant sensible et fragile est au cœur de Pleure pas Gabriel, comédie romantique musicale liant deux destinées cabossées et boiteuses. Sympathique, attachant et servi par une musique originale réussie, le film de Mathilde Chavanne se suit avec plaisir et n’est pas dénué d’une épaisseur sociale, puisqu’il évoque, comme Avec l’humanité qui convient mais avec plus de légèreté, deux secteurs largement délaissés par l’État : l’école et l’hôpital public.
Après l’aurore, de Yohann Kouam
Après l’aurore prend un parti pris assez audacieux pour un court métrage, puisqu’il développe trois fils narratifs distincts, n’ayant de commun qu’un cadre géographique (un quartier HLM français) et une tonalité résolument mélancolique. Chacun des trois personnages principaux semble, chacun à sa façon, éprouver un décalage avec son environnement (c’est le cas en particulier d’Yves, joué par Mexianu Medenou), voire une grande solitude (comme la coach de basket lesbienne incarnée par Chloé Lecerf).
C’est avant tout un film d’impressions, qui comme Les Rossignols (vu dans le cadre de la séance n°3) utilise un décor pour exprimer des sentiments, des états d’âme. Cela fonctionne grâce à d’excellents interprètes, à une écriture minimaliste mais précise, à une caméra maniée avec finesse et aussi à une très belle photographie (rendons ici hommage au chef opérateur Balthazar Lab). Très abouti donc, Après l’aurore donne envie de suivre de près le parcours de Yohann Kouam.
NOTE : je n’ai pas encore vu Boucan, qui a gagné le Grand Prix du festival (voir le détail du palmarès).
Pour conclure
Comme les autres séances, celle-ci a fait écho à des problématiques sociales et/ou sociétales très actuelles, sur un ton tantôt grave (Avec l’humanité qui convient), tantôt plus léger (Pleure pas Raphaël). Après l’aurore, certes profondément ancré dans un territoire et dans le milieu social qui y correspond, est peut-être moins directement politique, plus intemporel, dans sa manière, à la fois réaliste et poétique, de chroniquer la solitude urbaine.
Consulter la chronique de la séance n°1
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