Film de George Roy Hill
Titre original : Butch Cassidy and the Sundance Kid
Année de sortie : 1969
Pays : États-Unis
Scénario : William Goldman, George Roy Hill (non crédité)
Photographie : Conrad L. Hall
Montage : John C. Howard et Richard C. Meyer
Musique : Burt Bacharach
Avec : Robert Redford, Paul Newman, Katharine Ross.
Sundance: Hey, what are you doin’?
Butch Cassidy: Stealin’ your woman.
Sundance (blasé): Take her, take her.
Butch Cassidy: You’re a romantic bastard, I’ll give you that.
Etta: So I’ll go with you and I won’t whine, and I’ll sew your socks and stitch your wounds, and I’ll do anything you ask of me, except one thing. I won’t watch you die. I’ll miss that scene, if you don’t mind.
Butch Cassidy et le Kid s’inscrit dans la lignée des westerns des années 60-70 qui proposent un regard nostalgique sur l’American Old West, dont les hors-la-loi les plus notoires deviennent, sur grand écran, les symboles romantiques. Le film de George Roy Hill est cependant unique en son genre, avec sa tonalité douce-amère, son humour décalé, son duo d’acteurs extraordinaire et la partition brillante du compositeur Burt Bacharach, très loin des conventions de la musique de western.
Synopsis de Butch Cassidy et le Kid
Au début du 20ème siècle, aux États-Unis. Les célèbres hors-la-loi Butch Cassidy (Paul Newman) et Sundance Kid (Robert Redford) sont poursuivis par des détectives engagés par l’Union Pacific, une compagnie de chemins de fer, en raison des multiples attaques de train dont ils sont les auteurs. Leur fuite les conduira jusqu’en Bolivie, en compagnie d’Etta Place (Katharine Ross), la compagne de Sundance.
Critique du film
La fin des mythes de l’ouest américain
Comme les westerns de Sam Peckinpah (La Horde Sauvage, Pat Garrett and Billy the Kid), Arthur Penn (The Missouri Breaks) et Robert Altman (John McCabe), Butch Cassidy et le Kid s’attache à dépeindre la fin d’une époque, celle que l’on peut appeler l’American Old West si du moins on prend quelques libertés avec la définition des historiens. La plupart de ces films, chacun à leur manière, nous montrent des personnages confrontés à un tournant de l’histoire des États-Unis et à des changements culturels, économiques et politiques auxquels ils ne peuvent, d’une certaine façon, survivre. En l’occurrence, le film de George Roy Hill qui nous intéresse ici met en scène Butch Cassidy (né Robert LeRoy Parker) et Sundance Kid (né Harry Langabaugh, à ne pas confondre avec Billy the Kid), deux hors-la-loi notoires, auteurs notamment de nombreuses attaques de banques et de trains.

Katharine Ross et Paul Newman dans la célèbre scène de la bicyclette…Raindrops keep fallin’ on my head
Dans le film, le changement évoqué ci-dessus est représenté par plusieurs éléments : la fameuse bicyclette sur laquelle Butch Cassidy part en promenade avec Etta (au cours d’une jolie scène emmenée par la chanson Raindrops keep fallin’ on my head) ; la modernisation des banques (voir la scène d’ouverture) et surtout cette horde de tueurs payée par l’Union Pacific, dont on ne voit jamais distinctement les différents membres ; un parti pris qui souligne la dimension métaphorique de la traque : c’est avant tout une nouvelle époque qui rattrape les deux hors-la-loi, symboles d’un autre temps. Le fait de ne pas montrer clairement les visages des poursuivants est en effet une manière de mettre en avant ce qu’ils représentent, davantage que des individus particuliers.
Une vision nostalgique et romantique de l’ouest
Parmi tous les westerns précités, Butch Cassidy et le Kid se distingue par une approche mélancolique, tendre, comique et fantaisiste, en ce sens que le traitement des deux personnages principaux témoigne davantage de la volonté de proposer un couple de héros attachant et glamour que de coller scrupuleusement à la vérité historique. Cela n’est en rien un reproche : le charme du film tient beaucoup à la sympathie que le spectateur éprouve pour les deux bandits et au regard nostalgique que Roy Hill pose sur le vieil ouest américain – regard qui en bien des points enjolive volontairement les faits. En effet, les attaques commises par Butch Cassidy et Sundance Kid étaient violentes et plusieurs personnes, des shérifs surtout, y ont trouvé la mort. Cassidy a d’ailleurs fait partie d’un gang appelé The Wild Bunch (La Horde sauvage), ce qui fait songer au western éponyme de Sam Peckinpah lequel, pour le coup, enterra rageusement le western romantique dans un tourbillon de violence qui évoquait autant l’ouest américain que la guerre du Vietnam.

Sundance (Robert Redford) et Butch Cassidy (Paul Newman)
Le casting
Pour incarner les deux hors-la-loi légendaires, difficile de rêver mieux que Paul Newman et Robert Redford, même s’il faut rappeler qu’ils n’étaient absolument pas les premiers choix de la production (Steve McQueen avait été approché pour incarner Sundance, Dustin Hoffman pour jouer Cassidy ; le nom de Brando circula également) et qu’il s’agissait de leur première collaboration, puisque L’Arnaque sera réalisée quelques années plus tard (par George Roy Hill également). Jouant sur les différences entre les deux caractères (Cassidy est un rêveur gentleman, Sundance est beaucoup plus dur), le film multiplie les situations comiques et cela fonctionne parfaitement, en partie grâce à la complicité et la complémentarité évidentes émanant du duo Redford / Newman.
Mais n’oublions pas de citer la jolie et talentueuse Katharine Ross, qui interprète la compagne de Sundance et qui figure, aux côtés de Newman, dans l’une des scènes cultes de Butch Cassidy et le Kid, à savoir la ballade en bicyclette. L’actrice, qui avait déjà joué un rôle clé dans Le Lauréat de Mike Nichols, incarnera quelques années plus tard la protagoniste d’un classique du cinéma fantastique américain, Les Femmes de Stepford ; Richard Kelly se souviendra par ailleurs d’elle pour son premier film Donnie Darko (2001), où l’actrice interprète la psychiatre de l’adolescent joué par Jake Gyllenhaal.

Katharine Ross
La musique et la mise en scène
Conformément à la tonalité à la fois tendre, comique et triste du scénario de Butch Cassidy et le Kid, il fallait une musique qui alterne joie et mélancolie.
Autant parce qu’elle sert parfaitement (et même parfois magnifie) le film que pour ses qualités intrinsèques, la musique signée par le célèbre Burt Bacharach remplit ce critère avec brio. Ne ressemblant à aucune B.O de western (tout comme Butch Cassidy et le Kid ne ressemble d’ailleurs à aucun autre film de ce genre), la musique comporte la chanson Raindrops keep fallin’ on my head et de nombreux instrumentaux de qualité, dont le thème mélancolique qui ouvre et clôt le film.

Robert Redford
Côté réalisation, George Roy Hill témoigne d’une belle maîtrise. L’ouverture en sépia, les plans où les deux bandits traversent des paysages majestueux et la séquence finale témoignent du savoir faire du réalisateur et de l’équipe technique du film. Le final est incontestablement l’un des meilleurs gunfight de l’histoire du western ; très bien montée, spectaculaire mais empreinte de détails réalistes (Sundance qui recharge régulièrement son pistolet), cette séquence constitue l’un des moments de bravoure d’un film attachant, qui a marqué la carrière de Newman et de Redford (le nom du Festival de Sundance découle directement de son rôle dans le film) et dont le charme triste et gai persiste à travers les années ; à l’image de ces « héros » dont George Roy Hill refuse de filmer la mort inévitable, achevant son film par un joli plan mélancolique qui, d’une certaine façon, fige Butch Cassidy et Sundance dans l’histoire du cinéma, préservant leurs corps des impacts de balles – et de celui du temps.
À lire sur le web
L’analyse du générique de début de Butch Cassidy et le Kid sur le site Art of the Title
Ode romantique à l'américan old west, Butch Cassidy et le Kid est un western à la fois léger et mélancolique, dont le charme unique doit beaucoup à la partition inoubliable de Burt Bacharach, au tandem Redford/Newman et à Katharine Ross. Ainsi qu'à un mémorable dernier plan, qui reflète en un sens le pouvoir du cinéma (et de la photographie) : celui de figer des personnages à un instant T, et de les préserver ainsi des tragédies qui lui succèdent.
3 commentaires
Tres bons choix pour les Westerns. Peut etre le Soldat Bleu?
« Raindrops keep fallin’ on my head » ….
j’ai adoré ce film, merci pour le lien musical !
Burt Bacharach partagea quelques années la vie d’Angie Dickinson – heureux homme ! Récemment, un certain Barack O. lui rendit même hommage à la Maison-Blanche. L’extrait avec la délicieuse Katharine Ross (également remarquable dans « Psychose phase III ») évoque le scintillement de la projection argentique en salle : le film redéfinit une mythologie et une imagerie à l’aune des changements des années soixante-dix.