Le Ballon rouge est un un moyen métrage français sorti en 1956, typique du style poétique d’Albert Lamorisse. Le compositeur Florian Clar en a réécrit récemment la bande originale, qu’il a ensuite associée aux images du film, pour un résultat qui fonctionne fort bien ! Il nous parle de son approche dans l’interview ci-dessous.
À propos du film
Le Ballon rouge est le quatrième film d’Albert Lamorisse, si on compte son court métrage documentaire Djerba (1947). Le film suit le parcours d’un petit garçon (joué par Pascal Lamorisse, le fils du réalisateur) mystérieusement suivi par un ballon rouge qu’il a décroché dans le quartier de Ménilmontant, à Paris.
Le film est représentatif de l’approche poétique et onirique que Lamorisse a développé dès Bim le petit âne (1950), dont la voix off a d’ailleurs été écrite, et interprétée, par le poète Jacques Prévert. On peut également apprécier dans Le Ballon rouge le travail de Lamorisse sur les plans aériens, sachant que ce réalisateur a inventé l’Hélivision, un système de prise de vue aérienne.
La nouvelle musique du Ballon rouge
La musique originale du Ballon rouge, qui joue un rôle essentiel étant donné que le film ne comporte pas de dialogues, a été composée à l’époque par le chef d’orchestre, compositeur et musicologue Maurice Le Roux.
Le compositeur Florian Clar, diplômé en ingénierie du son, l’a récemment entièrement réécrite, puis a posté l’intégralité du film, avec la nouvelle bande son, sur YouTube (la musique est également disponible sur d’autres plateformes ; je vous invite à consulter les liens présents dans la description de la vidéo YouTube). Le résultat, à mon sens très réussi, se distingue du travail de Le Roux par une tonalité un peu plus mélancolique.
Regardez gratuitement Le Ballon rouge avec la nouvelle bande son de Florian Clar, lequel a bien voulu répondre à quelques questions pour nous éclairer sur sa démarche.
L’interview du compositeur
Pouvez-vous présenter votre parcours en quelques mots, et notamment votre formation musicale ?
Pour résumer mon parcours en quelques mots, j’ai fait une licence dans le domaine de l’ingénierie du son et actuellement je suis en master dans le domaine de la création numérique.
Pour ce qui est de ma formation musicale, j’ai étudié le violon au conservatoire. Par la suite je me suis tourné vers la composition, me rendant compte que j’avais un attrait beaucoup plus fort pour la création que pour l’interprétation.
Comment vous est venue l’idée de réécrire la musique du film Le Ballon Rouge, d’Albert Lamorisse ?
J’ai perçu dans ce film l’opportunité d’exploiter un thème que j’aime beaucoup, qui est celui de la vision d’un enfant sur le monde qui l’entoure. Avec notamment la possibilité d’avoir une perception poétique de choses et de situations extrêmement simples de la vie.
De plus, j’y ai vu l’occasion d’exploiter le cinéma français des années 50 que j’affectionne particulièrement.
La musique que vous avez composée a une tonalité un peu plus mélancolique, disons parfois moins légère que celle de Maurice Le Roux, en particulier au cours de la séquence finale. C’est un parti pris que vous avez eu d’emblée ?
Effectivement j’ai eu ce parti pris d’une tonalité plus mélancolique à partir de la première scène où le personnage rencontre le ballon. J’ai vu à ce moment-là mes propres moments de rêverie durant mon enfance, une joie teintée de mélancolie, c’est donc ce sentiment-là, que je trouve extrêmement touchant, que j’ai souhaité faire partager et qui a influencé toute ma composition.
C’est un film qui exige un réglage extrêmement précis de la musique par rapport aux images. Comment avez-vous procédé, et combien de temps environ vous a pris l’écriture de la musique ?
L’écriture de la musique m’a pris environ deux mois. Le but était de retranscrire le plus justement possible ma perception de la scène. La première étape a été de savoir quelle ambiance véhicule chaque scène, ensuite de se calquer aux images de telle sorte que la musique fasse partie intégrante de la scène, afin que les images et la musique forment un tout homogène.
Au niveau de l’exécution et de l’enregistrement, quels moyens et équipements ont été employés ?
Toute l’orchestration que l’on peut entendre provient d’instruments virtuels, car un orchestre live aurait été malheureusement beaucoup trop onéreux.
Quelles sont vos principales références musicales, dans la musique de film et la musique en général ?
En termes de musique de film, comme de nombreuses personnes j’ai développé mon imaginaire musical avec John Williams, Ennio Morricone, Joe Hisaishi et évidemment par l’univers Disney, particulièrement par Alan Menken.
Hors musique de film, je suis également influencé par des compositeurs de musique classique et romantique. Je puise aussi énormément dans les musiques traditionnelles et folkloriques.
Avez-vous des projets en vue ?
Pour le moment j’ai quelques projets étudiants, par la suite je vais voir selon les opportunités qui s’offrent à moi. J’ai en tête l’idée de refaire la composition d’un long métrage, je n’ai pas d’idée encore du genre, mais je vais chercher une thématique qui me tient à cœur comme pour Le Ballon Rouge.
Retrouvez le travail de Florian Clar sur son espace Bandcamp
Aucun commentaire