Film de Don Coscarelli
Année de sortie : 1979
Pays : États-Unis
Scénario, photographie et montage : Don Coscarelli
Musique : Fred Myrow, Malcolm Seagrave
Avec : Michael Baldwin, Bill Thornbury, Reggie Bannister, Kathy Lester, Angus Scrimm
The Tall Man : You play a good game boy, but the game is finished, now you die.
Avec Phantasm, Don Coscarelli signe une œuvre très personnelle qui explore les peurs de l’être humain – un jeune adolescent en l’occurrence – face à la mort. Devenu au fil du temps un classique du cinéma d’horreur, ce film inspiré et créatif marqua la naissance d’un véritable auteur, qui s’est plus récemment distingué avec Bubbah Ho-Tep et John Dies at the End.
Synopsis de Phantasm
Suite au décès de ses parents et d’un ami de son grand frère Jody (Bill Thornbury), Mike (Michael Baldwin), un adolescent de 13 ans, commence à soupçonner le croquemort local de ne pas être étranger aux morts successives qui endeuillent la ville.
Très inquiet pour son frère aîné, Mike décide de le suivre au cours de ses sorties nocturnes. Il ne tardera pas à être le témoin d’événements étranges…
Critique et analyse du film
Je suis parti de cauchemars remontant à mon adolescence
, a expliqué Don Coscarelli (John Dies at the End) au sujet de la genèse de Phantasm, à l’occasion d’un entretien donné à Mad Movies. C’est là une information qui prend tout son sens à la vision de ce long-métrage indépendant au maigre budget (300 000 dollars), que son auteur a presque entièrement porté sur ses seules épaules (signant le scénario, la photo et le montage) mais qui allait rencontrer un franc succès au point d’être (contre toute attente) le premier volet d’une série comptant pas moins de quatre films jusqu’à aujourd’hui (un cinquième n’étant pas exclu).
Information qui prend tout son sens, donc, tant l’atmosphère du film se rapproche de celle d’un rêve, ou plutôt d’une succession de rêves – le terme « cauchemar » serait plus approprié – dont on ne saurait pas trop quand commence l’un et quand s’achève l’autre, et surtout quand la réalité survient.
Les séquences s’enchaînent ainsi de manière lancinante, suivant une trame vaguement décousue et mettant en scène un nombre très réduit de lieux et de personnages. Si des raisons purement économiques ne sont peut-être pas étrangères à cet aspect, il contribue à créer un univers fermé, anxiogène et non sécurisé (il n’existe aucune figure d’autorité à part le grand frère : les parents sont morts avant le début de l’histoire et la police est étonnamment absente), où l’on revient sans cesse aux mêmes couloirs, au même cimetière, à la même chambre silencieuse. Cette sensation d’enfermement est, à bien des égards, parfaitement cohérente par rapport à la thématique du film, et il n’est pas certain que l’auteur aurait fait des choix radicalement différents avec plus d’argent – sur ce point du moins -, tant l’atmosphère du film est indissociable de cet énomomie de lieux et de personnages.
Phantasm déploie une imagerie aussi sombre qu’inventive (l’inquiétant « tall man » brillamment incarné par Angus Scrimm ; la fameuse sphère volante ; les nains) qui n’est ni plus ni moins que l’incarnation des angoisses que le jeune protagoniste éprouve à l’égard de la mort (la sienne et surtout celle des membres de sa famille – en particulier son grand frère, avec qui il entretient une relation très forte).

Mike (Michael Baldwin) regarde son grand frère Jody (Bill Thornbury) s’éloigner, dans un plan significatif des inquiétudes du jeune adolescent.
Le croquemort (dont la grande taille est amplifiée par le fait que Don Coscarelli a fait porter à l’acteur des vêtements trop grands pour lui) représente bien entendu la mort elle-même (ainsi que la sphère, dont l’acharnement aveugle véhicule l’idée d’une mort pouvant frapper à tout moment, échappant à tout contrôle et à toute raison).
La mort apparaît également sous la forme, ouvertement sexuelle cette fois, d’une blonde voluptueuse incarnée par Kathy Lester.
Quant aux nains, ils expriment à leur manière cette conscience vertigineuse de la transformation des corps après la mort, de même que les craintes irrationnelles liées à l’idée d’un au-delà parfaitement inconnu et donc effrayant.
Le titre mais aussi le déroulement du film suggèrent largement que la majorité des événements qui s’y produisent sont fantasmés par le jeune adolescent interprété par Michael Baldwin. Et quand bien-même on tiendrait ces événements pour « vrais », le sens de l’histoire ne s’en trouverait pas fondamentalement modifié.
Phantasm s’affirme donc comme une oeuvre personnelle et sensible, qui illustre les peurs enfantines (le héros a tout juste 13 ans) face à la mort et tout ce qu’elle implique tant au niveau conceptuel (comment se représenter la mort ? y-a-t-il un au-delà ?) qu’à un niveau plus concret et affectif (la perte de ses proches). En somme, si l’on considère que le cinéma d’horreur est par excellence celui qui analyse et met en scènes nos peurs les plus viscérales, alors Phantasm touche, à sa manière, à la quintessence du genre.
C'est parce qu'il explore, avec beaucoup de sincérité et une imagination indéniable, des angoisses aussi intimes qu'universelles que Phantasm est, malgré ses défauts (quelques séquences fonctionnent moins bien que d'autres ; le rythme est bancal), un véritable film d'auteur, servi par de bonnes idées de réalisation, une musique habitée et un tout jeune comédien (Michael Baldwin) qui avec une justesse étonnante donne corps aux peurs viscérales ressenties par son personnage.
3 commentaires
J’ai vu Phantasm en version française, dans un cinéma marseillais, à la fin
des années 7o. Pourquoi la V.F. n’est-elle pas édtée en DVD ?!!
Actuellement il n’existe pas, sauf erreur de ma part, d’édition française du dvd. Il existe une édition zone 2 UK et une édition zone 1 (États-Unis & Canada). Aucune de ces éditions ne propose de piste audio française, en revanche il semblerait que le zone 1 contienne des sous-titres en français (par contre il faut un lecteur multizones pour le lire).
J’ignore pourquoi le DVD n’est pas disponible dans une édition française, malheureusement c’est le cas de nombreux films.
Sujet intéressant handicapé par son amateurisme et son absence de vision, le comble pour un film « mental ».