Le PIFFF édition 2022 (11 ans d’histoire déjà) s’est ouvert ce mardi 6 décembre avec un blockbuster nippon, Shin Ultraman.
Du cinéma hyper enthousiaste et sans complexes
Présenté comme de coutume par Cyril Despontin et Fausto Fasulo (l’actuel rédacteur en chef de Mad Movies a d’ailleurs annoncé son retrait du festival en tant que co-responsable de la programmation), la séance a commencé par un court métrage espagnol d’animation beaucoup trop explicite dans son propos (une banale critique de l’espèce humaine qui plus est, comme on en vu, lu et entendu des milliers). Les choses se sont améliorées ensuite avec la projection de Shin Ultraman, le dernier long métrage de Shinji Higuchi comme réalisateur.
Basé sur une série TV de science-fiction créée par Eiji Tsuburaya, qui fut diffusée au Japon de juillet 1966 à avril 67, Shin Ultraman (qui fait partie d’une franchise) est un mélange de kaiju movie et de film de super-héros. Si l’on n’est pas familiarisé, comme l’auteur de ces lignes, avec cet aspect de la culture nippone, l’objet a de quoi surprendre : voilà en effet un blockbuster très différent dans ses partis pris esthétiques et narratifs que ceux qui nous viennent des États-Unis.
Découpé comme une bande dessinée (ou un dessin animé ; Shinji Higuchi est d’ailleurs également un storyboarder), le film déploie une grande générosité visuelle et embrasse ses références culturelles avec un premier degré et une absence de cynisme qu’on ne peut que louer, même si l’on n’est pas particulièrement sensible à cet univers très codifié (on retrouve par exemple cette manière que les personnages ont de commenter et d’expliquer l’action à laquelle ils assistent).
Chaque scène comporte un nombre vertigineux de plans, lesquels ont dans l’ensemble pour seule fonction de dynamiser le récit ou simplement de produire un effet de style ; la maîtrise technique et le sens du timing sont cependant bien présents, car découper autant sans que les scènes deviennent illisibles, et sans perdre la fluidité des enchaînements, requiert un savoir-faire indéniable. En prime, le film nous présente des personnages dans l’ensemble plutôt attachants, ce qui contribue à maintenir l’intérêt du spectateur.
La critique politique est présente (comme dans la série des Godzilla), volontairement frontale et pas subtile pour un sous mais qu’importe : Shin Ultraman assume à 200% d’être un divertissement populaire, de la première à la dernière image. À titre personnel, ce genre bien particulier ne me procure pas des sensations incroyables, mais c’était un plaisir de découvrir sur grand écran un blockbuster à la fois moins prétentieux, plus inventif visuellement et moins cynique que 99% des films de super-héros américains. On peut d’ailleurs s’étonner de la frilosité des distributeurs français à l’égard de ce type de films, dans la mesure où il existe, dans l’hexagone, de nombreux fans de mangas et de pop-culture japonaise.
Le PIFFF continue aujourd’hui avec Glorious, Haute tension (en présence d’Alexandre Aja, son réalisateur), Influencer et Detective VS Sleuth. Personnellement, la projection que j’attends le plus est celle de Something in the Dirt, le nouveau long de Justin Benson et Aaron Moorhead ; mais je serai présent, entre autres, à celle d’Influencer, que je manquerai pas de chroniquer.
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