Ce dimanche 11 décembre était projetée au Max Linder, dans le cadre du PIFFF 2022, une sélection de sept courts-métrages internationaux.
Une sélection diversifiée et enthousiasmante
Comme cela a été souligné au cours de la présentation de la séance, l’ensemble des courts sélectionnés reflète une diversité indéniable au niveau des pays d’origine, des thèmes abordés et des atmosphères.
Le programme a débuté par un court métrage iranien éminemment politique de Milad Nasim Sobhan. Le scénario renvoie au climat dictatorial régnant dans le pays, climat dont on parle beaucoup en ce moment du fait des manifestations ayant suivi la mort de Jina Mahsa Amini (en septembre dernier). Réalisé bien sûr avant ces événements, le film, à travers un récit fantastique épuré, chronique (de façon imagée) un pays qui musèle ses habitants et traque celles et ceux dont les discours et actes ne sont pas conformes aux règles établies par les mollahs. Le cinéaste choisit la métaphore fantastique pour exprimer cette idée, à travers l’histoire d’un jeune homme qui à chaque respiration, produit un nuage de fumée le rendant aussitôt identifiable par les autorités…
Intéressant dans la mesure où il renvoie à une réalité politique dramatique, tragique même, Don’t Breathe tient largement la route mais pêche peut-être par un message trop évident, laissant peu de place au mystère et à l’imagination du spectateur.
Changement total de registre avec le réjouissant Good Boy du britannique Eros V, une comédie horrifique dans laquelle une jeune nounou pour chiens doit s’occuper d’un toutou en apparence des plus mignons, mais qui s’avère être absolument redoutable… C’est drôle, percutant, bien joué et malgré l’aspect volontairement absurde de l’histoire, Good Boy sait aussi ménager quelques moments de tension. Mon petit préféré de la sélection, pour son efficacité, sa générosité, son absence total de prétention et sa talenteuse interprète principale (Patricia Allison, vue dans la série Sex Education).
Retour à un ton plus sérieux avec l’austère Darker, dans lequel une petite fille part à la recherche d’un lieu magique dans la forêt, suite au décès de son père. On est plongé dans une atmosphère de conte noir, empreint de folkore, qui explore les thèmes du deuil et de la transmission. C’est filmé et photographié avec soin (par Frank van den Bogaart et Pieter van Campe) mais à titre personnel, je suis resté un peu en dehors de ce récit.
Nouveau radical changement de ton avec un film d’animation canadien librement adapté d’une nouvelle du célèbre H.P Lovecraft. Le Temple, d’Alain Fournier, est techniquement assez impressionnant et se suit donc avec un certain plaisir ; on peut cependant regretter le choix d’avoir fait parler des soldats allemands en français (avec un accent), autant qu’un récit qui manque de singularité, l’univers de Lovecraft ayant déjà inspiré un grand nombre de films depuis des décennies.
Comme Good Boy mais en témoignant d’un goût beaucoup plus marqué pour le gore, Gnômes de Ruwan Heggelman (Hollande) joue la carte de l’humour. Le film relate les assauts fourbes et hyper brutaux que les petits êtres folkloriques auquel le titre fait référence infligent à d’innocents joggeurs. Le décalage entre l’aspect grotesque des assaillants et les redoutables dégâts qu’ils commettent provoque un effet comique des plus réussis. Percutant !
There are no ghost de Nacho Solana repose sur une idée simple mais bien traitée et avec une comédienne principale convaincante (Catalina Sopelana). Une variation émouvante sur le deuil, qui cherche davantage à toucher qu’à faire sursauter, à raconter quelque chose qu’à produire les effets parfois faciles et éculés du ghost movie (d’ailleurs, il ne s’agit pas ici de fantômes à proprement parler, comme le titre l’indique). Mon préféré ex-aequo avec Good Boy.
Le dessin animé Sucks to be the Moon constituait un beau bouquet final. Cette comédie musicale, ponctuée de morceaux aussi drôles au niveau textuel que plutôt réussis sur le plan mélodique, conte les aventures rocambolesques d’une lune mélancolique, enviant le sort du soleil. Les réalisateurs Tyler March et Eric Paperth nous offre ici 11 minutes de drôlerie grinçante et de (bonne) musique, celle-ci étant l’oeuvre du compositeur Rob Tanchum.
En résumé, une sélection inspirée et des réalisateurs dont on entendra peut-être parler par la suite ; je l’espère en tout cas, ayant noté en particulier les noms d’Eros V, de Nacho Solana et de Ruwan Heggelman.
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