Ce mercredi 7 décembre était projeté, dans le cadre du Paris International Fantastic Film Festival (dont l’ouverture avait eu lieu la veille), le film Influencer, du cinéaste canadien Kurtis David Harder.
Un film qui ne sait pas très bien où il va
Kurtis David Harder, s’il a déjà réalisé quatre films, est aussi connu pour son activité de producteur. Son nom apparait, à ce titre, au générique d’une quinzaine de longs métrages, dont le très honnête What Keeps You Alive (2018) de Colin Minihan.
Il était présent au Max Linder Panorama pour présenter Influencer, une première européenne. Sa brève présentation a surtout consisté à évoquer la météo du moment au Canada. C’est plutôt bien de ne pas trop en dire sur un film sur le point d’être projeté et par ailleurs, en tant qu’artiste, on peut rechigner à exprimer par des mots ce qu’on a voulu transmettre à travers un récit ; mais après avoir vu le film, je me demande si cette intervention minimaliste n’est pas liée à la vacuité du film.

Comme son titre l’indique très clairement, le film s’intéresse à l’univers des influenceurs, dont on parle beaucoup ces temps-ci et qui inspirent de nombreux films, du hâtivement palme-doré Sans filtre de Ruben Östlund à moult films de genre. L’influenceur, ou influenceuse, est devenu ces temps-ci une victime facile, symbole d’un système consumériste et superficiel que des cinéastes plus ou moins inspirés aiment jeter dans les griffes d’une réalité vengeresse.
L’une des qualités du film de Kurtis David Harder est précisément de ne pas succomber à ce manichéisme, les personnages d’influenceurs dans le film ne correspondant pas aux stéréotypes insupportables et têtes à claque que l’on voit souvent à l’écran. Même un boyfriend antipathique au premier abord bénéficie ensuite d’une caractérisation plus nuancée. Voilà un bon point ; hélas, c’est à peu près le seul.
Entre une musique omniprésente qui, en voulant donner du rythme aux séquences, produit à l’inverse une bande son atone et dépourvue d’atmosphère ; une méchante incarnée avec talent et conviction (par Cassandra Naud) mais qui néanmoins manque d’aura ; des enjeux dramatiques à peu près inexistants ; un final téléphoné et des personnages trop esquissés (sans parler d’un récit cousu de fil blanc), Influencer se déroule en repoussant sans cesse à la scène suivante l’espoir que quelque chose d’intéressant, de drôle ou d’effrayant va se produire.

Il est louable de ne pas avoir voulu articuler un énième discours acide sur un phénomène de société certes critiquable (voire déplorable), mais un peu trop facile à pointer du doigt ; le problème, c’est que le film finit par ne donner aucune matière au spectateur, et ce vide n’est compensé ni par un aspect divertissant, ni par un quelconque sens de la dérision.
Un plan dans Influencer montre une femme partir en bateau vers un horizon où n’affleure nulle terre. Cela serait presque une métaphore, probablement involontaire, d’un cinéaste manquant de vision (en tout cas sur ce film). Avant le début de la projection, celui-ci évoquait son plaisir de montrer des ambiances thaïlandaises estivales à des spectateurs plongés dans l’hiver parisien. C’est sympathique, mais un peu léger, comme prétexte pour faire un film.
Ne boudez pas le PIFFF pour autant : plusieurs films prometteurs vont y être projetés ces prochains jours (Huesera ; La Montagne ; Something in the Dirt et une séance nostalgie avec le Strange Days de Kathryn Bigelow), comme vous pourrez le constater en consultant le programme. Sans oublier les courts métrages français et internationaux, diffusés respectivement samedi 10 et dimanche 11.
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