Citizen Poulpe - Critiques de films
  • Critiques de films
    • Toutes les critiques de films
    • Drame
    • Policier / Thriller
    • Horreur
    • Fantastique
    • Science-fiction
    • Comédies / Comédies dramatiques
    • Western
    • Espionnage
    • Guerre
    • Aventures / Action
    • Documentaire
    • Courts métrages
  • Extraits de films
  • Musique et cinéma
  • Dossiers
    • Dossiers thématiques
    • Portraits croisés
    • Personnalités
  • Recueil de nouvelles
  • Contact
Billy Warlock dans "Society"
Horreur 0

Society

Par Bertrand Mathieux · Le 23 juin 2013

Film de Brian Yuzna
Année de sortie : 1989
Pays : États-Unis
Scénario : Woody Keith, Rick Fry
Directeur de la photographie : Rick Fichter
Montage : Peter Teshner
Musique : Mark Ryder, Phil Davies
Avec : Billy Warlock, Connie Danese, Ben Slack, Evan Richards, Ben Meyerson, Devin DeVasquez, Patrice Jennings

Ferguson: Didn’t you know Billy boy? The rich have always sucked off low class shit like you!

Avec Society, son premier long métrage, Brian Yuzna livre une satire horrifique épinglant le déterminisme social et les « valeurs » capitalistes et matérialistes. Soit une illustration volontairement monstrueuse des inégalités de classe, que le travail inspiré de Yuzna et de Screaming Mad George (spécialiste des effets spéciaux) rend à la fois comique et saisissante.

Synopsis de Society

La vie devrait être plutôt facile pour Bill Whitney (Billy Warlock), un jeune homme vivant avec sa riche famille dans une villa de Beverly Hills. Mais Bill est sujet à de violentes angoisses, qu’il confie à son psychanalyste, le docteur Cleveland (Ben Slack). En effet, les membres de sa propre famille lui inspirent une méfiance grandissante, qu’il s’agisse de ses parents ou de sa sœur Jenny (Patrice Jennings) – laquelle attend avec impatience sa « coming out party ».

Un jour, Blanchard (Tim Bartell) – l’ex petit-ami de Jenny – fait écouter à Bill une cassette sur laquelle il a secrètement enregistré des propos tenus par sa sœur et ses parents. Bill réalise alors que ses pires craintes n’ont peut-être rien d’un fantasme…

Critique du film : la lutte des classes façon Brian Yuzna

C’est en produisant le culte Re-Animator (1985) que Brian Yuzna a commencé sa carrière au cinéma. Il produira d’ailleurs par la suite plusieurs autres films de Stuart Gordon, dont From Beyond (où il est également crédité en tant que scénariste), Dolls (1987) et Dagon (2001), adapté (comme Re-Animator et From Beyond) d’une nouvelle de H.P. Lovecraft (Le Cauchemar d’Innsmouth).

Society marque les débuts de Brian Yuzna en tant que réalisateur et on ne peut pas dire que ce premier long métrage fut très bien accueilli aux États-Unis, puisqu’il mit trois ans à y être distribué (il connut en revanche un certain succès en Europe). Yuzna attribue la réserve initiale des distributeurs américains aux idées politiquement incorrectes véhiculées par son film, ce qui n’est pas impossible : Society jette en effet un regard corrosif sur la haute société américaine.

Patrice Jennings dans "Society"

Jenny Whitney (Patrice Jennings) dans « Society »

Dans Society, comme le réalise peu à peu le personnage de Bill (Billy Warlock), les familles californiennes huppées sont aussi superficielles que dépravées et monstrueuses, dans tous les sens du terme (la monstruosité représentée visuellement dans le film étant bien entendu métaphorique). Un constat qui n’est pas seulement « local », plusieurs répliques indiquant que les élites américaines sont contaminées par ces riches communautés qui « sucent les merdeux issus des classes inférieures » (Didn’t you know Billy boy? The rich have always sucked off low class shit like you!), comme le résume fort élégamment le personnage de Ferguson, une tête à claque interprétée par Ben Meyerson.

Ben Meyerson et Devin DeVasquez dans "Society"

Ferguson (Ben Meyerson) et Clarissa (Devin DeVasquez) dans « Society »

C’est donc là à une satire radicale que se livre Brian Yuzna, qui épingle une certaine bourgeoisie américaine profondément hypocrite, méprisante à l’égard de tous ceux qui n’appartiennent pas à la même classe, et pour qui l’argent et le pouvoir sont les seuls critères de réussite sociale (d’une manière complètement différente, Risky Business illustrait un constat similaire). La valeur d’un individu ne se mesure à leurs yeux que selon ce qu’il peut apporter à la « société » (You’re going to make a wonderful contribution to society, dit le docteur Cleveland à son jeune patient). Le culte de l’apparence est également tourné en dérision, à travers par exemple le personnage de Sally (la petite amie de Bill), une adolescente écervelée dont l’unique souci est d’être invitée à la soirée d’un riche et populaire étudiant.

Devin DeVasquez et Billy Warlock dans "Society"

Devin DeVasquez et Billy Warlock dans « Society »

Le concept de « coming out party », rituel d’initiation au cours duquel les jeunes filles riches approchant la majorité sont introduites auprès d’éminents membres de la haute société, devient devant la caméra de Yuzna une orgie sordide et écœurante, mêlant cruauté, mauvais goût et perversité. Le message est clair : c’est parce qu’il désapprouve ces rituels sociaux élitistes et cloisonnés que le metteur en scène les détourne de cette manière. Quant aux déformations physiques que Billy croit surprendre chez plusieurs personnes de son entourage, elles incarnent symboliquement la laideur morale à laquelle Yuzna associe les us et coutumes d’une partie de la société américaine – cette « society » que la masse informe visible lors de l’une des dernières séquences du film représente dans toute sa monstruosité. Dans la même volonté de détourner les codes culturels liés à un certain idéal de vie américain, le film transforme, au cours du générique de début, le célèbre chant scolaire « Eton Boating Song » en une ritournelle inquiétante. Une manière assez subtile d’introduire les événements à venir.

Bien entendu, à travers le prisme de la bourgeoisie californienne, c’est plus globalement le matérialisme, le capitalisme, le consumérisme et le déterminisme social qui sont visés ici, et en ce sens le propos de cette fable aussi corrosive que divertissante dépasse largement les frontières états-uniennes. C’est en partie cette dimension critique qui vaut aujourd’hui à Society une reconnaissance non usurpée, et c’est aussi ce qui se rapproche ce film du plus célèbre Invasion Los Angeles, de John Carpenter, avec ses fameux messages subliminaux poussant le citoyen lambda à consommer et à se soumettre. Un an plus tard, Brian Yuzna confirmera en signant une suite plus qu’honorable au Re-Animator de Stuart Gordon, intitulée Bride of Re-Animator (Re-Animator 2 en français), qui ne possède pas la veine politique de Society mais constitue également un excellent divertissement.

Society

Les effets spéciaux et le casting

Society est servi par des effets spéciaux haut en couleur qui donnent aux dernières séquences du film un cachet cradingue et déjanté, mais pas uniquement : la scène d’orgie illustre le propos global d’une manière qui a marqué la rétine des spectateurs, et qui explique en grande partie la renommée du long métrage. Ces effets sont l’œuvre des maquilleurs, techniciens et designers Screaming Mad George (Predator, Le Cauchemar de Freddy), Christopher Bergschneider (A.I. Intelligence artificielle), Nick Benson (Tremors, Le Blob – la version de 88), Roberto dePalma (Gremlins 2) et Jeff Edwards (Jurassik Park).

Enfin, Society bénéficie d’un atout charme non négligeable en la présence de Devin DeVasquez, une actrice et mannequin qui en l’année 1985 participa au célèbre calendrier édité par Playboy. Quant à Billy Warlock, on le retrouvera quelques années plus tard dans la série culte Alerte à Malibu.

Devin DeVasquez dans "Society"

Devin DeVasquez dans « Society »

Extrait du film

Dans cet extrait, Bill entre dans la salle de bain où sa sœur est en train de prendre une douche. Il croit voir quelque chose d’étrange à travers la porte vitrée…

7 Note globale

Society est une satire sociale à la fois mordante et divertissante, conclue en "beauté" par un final aussi ubuesque que cohérent par rapport au regard profondément critique du film.

Billy WarlockBrian YuznaCritique socialeDevin DeVasquezJoies du libéralismeSatire socialeTransformation
Partager Tweet

Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

Vous aimerez également

  • Paradis pour tous Fantastique

    Paradis pour tous

  • Severance Horreur

    Severance

  • Les Étendues imaginaires Policier / Thriller

    Les Étendues imaginaires

Aucun commentaire

Laisser un commentaire Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Rechercher une critique de film

Facebook

Facebook

Dernières actualités

  • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    2 janvier 2023
  • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    13 décembre 2022

Critiques les plus récentes

  • Ashkal

    Ashkal

    28 janvier 2023
  • Wekufe

    Wekufe

    26 janvier 2023

Critiques les plus consultées

L'Apparition
XX
L'Annulaire
Moloch
Wounds
PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador
La Moustache
Snow Therapy

Rechercher un film par thématique

  • Chronique intimiste
  • Critique sociale
  • Couples en plein doute
  • Détectives
  • Disparitions
  • Fantômes et apparitions
  • Féminisme
  • Jeux de l'amour et du hasard
  • Joies du libéralisme
  • Monstres et cie
  • Onirique
  • Politique
  • Questionnement identitaire
  • Réalisatrices
  • Récit initiatique
  • Relation vénéneuse
  • Sorcellerie
  • Transformation
  • Le travail c'est la santé

Abonnez-vous !

Abonnez-vous à Citizen Poulpe pour recevoir une notification par email à chaque nouvel article publié.

  • Critiques de films
    • Toutes les critiques de films
    • Drame
    • Policier / Thriller
    • Horreur
    • Fantastique
    • Science-fiction
    • Comédies / Comédies dramatiques
    • Western
    • Espionnage
    • Guerre
    • Aventures / Action
    • Documentaire
    • Courts métrages
  • Extraits de films
  • Musique et cinéma
  • Dossiers
    • Dossiers thématiques
    • Portraits croisés
    • Personnalités
  • Recueil de nouvelles
  • Contact

Dossiers cinéma

  • Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

    Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

    19 avril 2020
  • Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

    Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

    22 novembre 2018
  • Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

    Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

    30 mai 2018

Actualités

  • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    2 janvier 2023
  • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    13 décembre 2022
  • PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

    PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

    12 décembre 2022

Musique et cinéma

  • Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

    Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

    3 avril 2021
  • « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

    « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

    25 avril 2020
  • « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

    « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

    26 mars 2020

Recherche

Consultez l’index des critiques de films.

Sites conseillés

Découvrez une sélection de sites conseillés par Citizen Poulpe.

Citizen Kane, c’est un film qui a révolutionné le cinéma, aussi bien par ses innovations visuelles que narratives. Le poulpe, et en particulier le poulpe géant, est un animal marin mythique, qui se démarque par son charisme, sa capacité d’adaptation, et sa connaissance de lui-même. Citizenpoulpe.com est un hommage au cinéma et à la grandeur solennelle du poulpe.

Blog sous license Creative Commons. Propulsé par WordPress.