Film de Steve McQueen
Année de sortie : 2011
Pays : Royaume Uni
Scénario : Abi Morgan, Steve McQueen
Photographie : Sean Bobbitt
Montage : Joe Walker
Avec : Michael Fassbender, Carey Mulligan, Nicole Beharie, James Badge Dale, Hannah Ware
Grâce à un style sobre et épuré, une interprétation remarquable et des partis pris esthétiques et scénaristiques cohérents par rapport à l’histoire, Shame, de Steve McQueen, porte un regard éclairé sur un sujet relativement difficile à aborder.
Synopsis de Shame
Brandon (Michael Fassbender), un « yuppie » new-yorkais, consomme frénétiquement les relations sexuelles sans lendemain, les call girls et les sites pornos en tous genres.
Son quotidien est bouleversé le jour où sa sœur Sissy (Carey Mulligan) le prie de l’héberger pour quelques temps…
Critique du film
Une approche minimaliste
Lorsque l’on n’a pas encore vu le film, son sujet suscite naturellement des questions quant à son traitement ; de surcroît si l’on n’est pas familiarisé avec l’œuvre de Steve McQueen – laquelle ne se résume d’ailleurs pas à ses deux premiers longs métrages, Hunger et Shame, puisqu’il est l’auteur de plusieurs installations vidéo dont les premières remontent à la fin des années 90. Elles se caractérisent, paraît-il, par un certain minimalisme – un aspect que l’on retrouve dans Shame.
Effectivement, pour raconter cette histoire de trentenaire solitaire et accroc au sexe, Steve McQueen et Abi Morgan, scénariste et auteur de théâtre, ont opté pour une approche très épurée : dans Shame, on observe le comportement addictif du personnage et ses conséquences sur son intimité (la honte qu’il éprouve l’empêche de nouer une relation approfondie, qu’elle soit familiale, amicale ou amoureuse) davantage qu’on n’en analyse les causes individuelles et sociales – même si le film glisse finement plusieurs allusions significatives.
Le parti pris est plutôt heureux : une démarche plus explicative aurait probablement flirté avec la démagogie, le moralisme et la simplification grossière. Shame est donc avant tout une photographie urbaine, un instantané de la vie d’un homme et, à travers elle, d’une certaine réalité propre à notre époque ; en ce sens que le rapport à la fois frénétique et totalement dépassionné et déshumanisé qu’entretient le personnage principal de Shame avec le sexe semble prendre source dans plusieurs aspects de la société moderne, et pas uniquement dans le passé et l’expérience individuels. Shame pose donc un regard sur notre époque (où le sexe, sous toutes ses formes et dans bien des contextes, est extrêmement diffusé et exploité) et sur la vie dans les grandes villes (New York en l’occurrence) ; ses repères parfois troubles, la solitude et les excès qu’elle peut entraîner. Mais Steve McQueen suggère, observe, en évitant l’explication et la théorisation : c’est davantage au spectateur de chercher, derrière les images, les phénomènes à l’origine du comportement addictif de Brandon.

Brandon (Michael Fassbender)
La cohérence entre l’esthétique, le scénario et l’histoire du film
L’épure est un exercice difficile : ne pas en dire beaucoup, c’est certes éviter la redondance et la vulgarisation mais aussi risquer de n’éveiller, chez le spectateur, que l’ennui et l’indifférence. Pour plusieurs raisons, Shame évite ce piège, du moins dans une large mesure.
D’abord parce que le fait de rester, la plupart du temps, à la surface des choses, est une volonté cohérente par rapport au sujet en ce sens que le personnage principal, en reniant son histoire et toute relation profonde avec ses semblables, vit précisément dans un monde de surface. Ensuite parce que la réalisation, l’interprétation et la mise en scène sont suffisamment rigoureuses et inspirées pour maintenir l’intérêt du spectateur. Enfin, parce que minimaliste ne veut pas dire simpliste : Shame parvient en effet à exprimer un certain nombre d’idées tout en évitant le verbiage et l’explicitation systématique qui plombent, d’ailleurs, bien des films.
Un plan significatif
Le sens de la composition, de l’espace et du rythme dont Steve McQueen témoigne indéniablement en tant que réalisateur sont flagrants dès les premiers instants du film. Il y a d’abord ce plan parfait où le titre Shame s’inscrit sur les draps que le personnage vient de quitter tandis que la lumière du jour (on l’entend lever les stores de la fenêtre, hors champ) les éclairent brusquement. Ici, le sujet n’est pas seulement écrit avec des lettres blanches, il est symbolisé : la lumière venue du monde extérieur sur le lit froissé du « héros » est l’expression même de cette honte qu’il éprouve et qui donne son titre au film ; l’éclairage pointe du doigt, pour ainsi dire, sa solitude et ses désirs coupables. Le réalisateur enchaine ensuite, avec un sens du rythme et du mouvement évident, des plans volontairement répétitifs exprimant la monotonie et l’enfermement propres au quotidien de Brandon. D’ailleurs, le film comporte de nombreuses images qui illustrent très bien la solitude du personnage principal et le côté froid, glacé même, de l’environnement dans lequel il évolue ; on soulignera ici le travail de Sean Bobbitt, le chef opérateur, auteur d’une photographie à la fois belle et expressive.
Trois scènes clés
Outre cette ouverture maîtrisée, Shame comporte trois séquences à mon avis particulièrement importantes dans la narration, et brillantes d’un point de vue formel – d’autant plus que leur réalisation est d’une sobriété totale.

Brandon (Michael Fassbender) et sa soeur Sissy (Carey Mulligan) dans un très beau plan séquence.
La première est celle où Sissy (Carey Mulligan, vue récemment dans Drive), la sœur de Brandon, interprète une version lente et dramatique de la célèbre chanson New York New York (composée pour le film éponyme de Martin Scorsese) sous les yeux de son frère et du patron de ce dernier, David (James Badge Dale). Dans cette scène, on ressent une part de l’histoire commune à Brandon et Sissy par une simple alternance de plans entre ces personnages, tandis que les paroles If I can make it there, I’ll make it anywhere
semblent totalement s’appliquer à ces deux émigrés d’origine irlandaise. Le procédé, d’une simplicité confondante, permet à Steve McQueen de nous éclairer sur les personnages principaux avec beaucoup de pudeur, sans effets de réalisation ni dialogues explicites.
Les deux autres scènes clés sont des plans séquences ; de vrais beaux plans séquences qui ne sont pas prétexte à une quelconque démonstration de virtuosité (la caméra ne bouge pour ainsi dire pas) mais dont l’unique but est de laisser s’exprimer l’émotion et les enjeux propres à la situation ainsi que, bien évidemment, le jeu des comédiens, qui est rarement aussi bien mis en valeur que dans de longues scènes sans coupures. Ça joue, ça respire, on a vraiment le sentiment qu’il se passe quelque chose sous nos yeux et c’est là un plaisir unique de spectateur et de cinéphile que Shame nous offre.
L’une de ces deux scènes est le dîner entre Brandon et Marianne (la très jolie et talentueuse Nicole Beharie), une collègue de travail ; elle est drôle, parfaitement rythmée, tout en distillant de nouveaux indices sur le passé du protagoniste. La séquence capte avec beaucoup de justesse la fragilité et le charme de la rencontre ; elle donne l’impression de flotter au milieu d’un film qui ne réserve aucun autre moment aussi léger.

Brandon (Michael Fassbender) et Marianne (Nicole Beharie) dans la scène du dîner, un long plan séquence rythmé par les apparitions comiques du serveur.
L’autre plan séquence a lieu au cours de la longue discussion entre Brandon et sa sœur, tous deux assis dans un canapé tandis que la caméra, immobile, les cadre de dos. Michael Fassbender et Cary Mulligan se répondent parfaitement l’un à l’autre ; leur jeu d’acteur est aussi fluide et complémentaire que leur relation dans le film est parasitée, obstruée par la honte et tout ce que refoule obstinément Brandon.
De l’art de suggérer au lieu d’expliquer
Ces différentes scènes et, plus généralement, le film dans son ensemble expriment des idées et des sentiments souvent complexes et nuancés en un minimum de mots et d’effets ; le minimalisme de Shame est donc un parti pris esthétique à part entière, qui consiste à effleurer la surface des choses pour faire ressentir – au lieu de les expliciter – les histoires et émotions qu’elles dissimulent.
Pudique, esthétiquement réussi, très bien interprété (Fassbender, remarqué dans le survival Eden Lake, Fish Tank et Hunger est décidément un acteur à suivre – mais Carey Mulligan et Nicole Beharie font tout autant honneur au film), jamais moralisateur et sans complaisance (la plupart des scènes de sexe n’ont rien d’excitant), Shame n’est pas le chef d’œuvre dont 90% des critiques parlent (encore un phénomène à la Drive, où dès que l’intelligentsia du cinéma attribue ce statut galvaudé à un film, tout le monde suit – on regrette les critiques indépendantes et sincères d’une certaine Pauline Kael), mais c’est un bon film qui témoigne avec justesse et simplicité d’une certaine réalité d’aujourd’hui et que gâchent à peine quelques maladresses dans le scénario.
Et si l’on se réfère au choix de la musique – on entend notamment dans Shame le remarquable chanteur et trompettiste Chet Baker ainsi que la version culte de My Favorite Things par John Coltrane (au soprano sax) – on se dit que Steve McQueen est décidément un homme de goût.
Vidéos
Interviews de Michael Fassbender et Steve McQueen
Sur Allociné :
Sur le site de Canal+ :
La bande-annonce de Shame en VO
Shame et Le Dernier Tango à Paris : un parallèle erroné
On est très souvent tenté, en tant que spectateur ou critique, par le jeu de la comparaison entre deux films. C’est souvent intéressant et naturellement subjectif : je ne tiens donc pas ici à critiquer ouvertement les parallèles qui ont été faits à propos de Shame ; simplement à manifester ma perplexité devant l’un d’entre eux, rapprochant le film de McQueen du célèbre et tragique Dernier Tango… exécuté par Marlon Brando et Maria Schneider, tous deux magnifiques, devant la caméra de Bernardo Bertolucci.
J’imagine vaguement d’où la comparaison peut venir ; en effet, le personnage joué par Brando dans Le Dernier Tango… s’obstine dans un premier temps à vivre avec Jeanne (Maria Schneider) une relation purement physique, allant jusqu’à refuser qu’ils échangent leurs noms. Certes, le personnage de Brandon dans Shame consomme frénétiquement le sexe et ne vit que des relations superficielles, mais le processus est complètement différent, et assez incomparable : Le Dernier Tango à Paris décrit avant tout une passion, si singulière soit-elle, or c’est un élément complètement absent de Shame, qui traite d’un sujet en tous points différent, presque opposé. De même que l’érotisme est omniprésent dans le film de Bertolucci alors que Steve McQueen, dans Shame, filme la sexualité pathologique de son héros en la vidant volontairement de tout éclat, de la moindre intensité, la rendant ainsi machinale et désincarnée.
Peut-être également que le magnétisme et le sex appeal de Michael Fassbender peuvent faire songer à Marlon Brando, mais là encore, la personnalité et le style de jeu de l’interprète culte de La Poursuite impitoyable et Reflets dans un œil d’or sont si particuliers qu’il me semble très délicat de faire ce type de rapprochement (position qui en rien ne relativise le talent indéniable de Fassbender). Personnellement, l’un des seuls comédiens qui me fit songer à Brando (par certains aspects uniquement) est le Mickey Rourke des années 80, période Rusty James. Après, on peut s’amuser à voir le prénom « Brandon » (protagoniste de Shame) comme la fusion du nom et prénom de Marlon Brando – mais c’est particulièrement tiré par les cheveux…
Encore une fois il ne s’agit pas de descendre en flèches les quelques articles ou commentaires qui rapprochent ces deux films, mais c’est à mon humble avis l’exemple même d’une fausse piste, et le meilleur moyen de considérer Shame d’un point de vue totalement décalé par rapport à son sujet.
Extrêmement maîtrisé au niveau formel, et servi par des comédiens dont les compositions inspirées sont mises en valeur par la réalisation de Steve McQueen, Shame se démarque par une approche distanciée, d'où il tire son cachet mais dans laquelle il trouve également ses limites.
16 commentaires
Bonjour
J’ai vu Hunger, que j’avais trouvé assez bien fait a plus d’un titre. Les critiques que j’ai lu au sujet de Shame (entre autre sur les Inrocks) me laissent perplexes, et celle que vous faites corroborent plutot l’opinion que je me fait de Steve Mc Queen. Concernant Michael Fassbender, il est aussi en ce moment a l’affiche de » A Dangerous Method » de David Cronenberg avec Vigo Mortenssen et Keira Knightley. Je l’avait touvé tres bon dans Angel de François Ozon. Si en plus Coltrane et Baker son t au générique, alors la! Bonnes fetes!
Je n’ai pas encore vu Hunger, mais si vous avez aimé je pense que vous aimerez Shame : j’ai l’impression (à confirmer) que l’approche et le style de ces 2 films sont assez similaires. « A Dangerous Method » me tente bien ! De Cronenberg, j’ai revu « La Mouche » récemment… J’étais un peu partagé (perplexe quant à la manière d’interpréter le film en fait) avant de lire cette excellente critique : http://www.critikat.com/La-Mouche.html qui m’a éclairé sur sa signification.
En tous cas je suis curieux de voir la prestation de Fassbender dans le rôle de Jung… C’est vraiment un bon acteur, avec une vraie présence. Bonnes fêtes à vous également !
Merci pour la critique sur la Mouche,que j’avais moi aussi pris pour une métaphore sur le sida.Regarde Hunger Poulpe.C’est un film très fort. Et le dialogue entre Bobby Sands et le pretre mérite le détour.
J’ai vu Shame, et ce film m’a boulversé. Cet incapacité a communiquer autrement que par le sexe, est peut etre a l’image de notre société occidentale. Excellent acteurs et scénario intelligent.
Bonjour,
Comme souvent la lecture de cette critique me fait dire que passe à côté de beaucoup de chose quand je regarde un film, d’un autre côté ça me permet d’approfondir ma réflexion sur ce que j’ai vue donc merci!
J’ai beaucoup apprécié Shame même si ce film ma laissé un certain sentiment de frustration (sans rapport aucun avec le sujet principale du film). En effet dans cet fameuse scène frère/soeur, Cary Mulligan dis à propos de eux même « nous ne somme pas des mauvaises personnes, nous somme juste nés au mauvaise endroit » (enfin quelque chose approchant). Dommage que le filme ne donne pas un point d »éclairage sur le sens à donner à cette phrase.
Suite du commentaire: Il est évident que les deux, partage cette même attitude compulsive vis à vis du sexe. C’est d’ailleurs pour moi un point essentiel du film, à mon sens. Mc Queen montre l’attitude hypocrite de la société moderne et surtout américaine vis à vis du sexe. On parle de sexe, on en montre et surtout on en vend (USA premier exportateur de film pornographique), mais on est encore gêné et coupable (quand il voit sa soeur nue et quand il se fait attrapé dans la salle de bain en plein acte) du coup on en parle pas en famille et on interdit a ses enfant d’avoir des relations avant le mariage (attitude hypocrite du frère après qu’elle ai couchée avec le patron). Tout cela débouchant sur une vision mécanisée des rapports sexuelles.
Bref la soeur semble vouloir pousser le frère à assumer ce qu’il est, qui la repousse en retour à cause de la mauvaise image de lui même qu’elle lui renvoi ainsi qu’une certaine absence de remords chez elle qui semble incompatible avec la morale chrétienne.
On peut aussi supposer que le choix du sexes des protagonistes n’est pas innocent au passage, car le frère aussi « queutard » qu’il soit, semble avoir un rang social tout à fait acceptable tandis que la soeur semble condamnée à une vie bien plus bohème. La aussi on peut y voir l’hypocrisie qui consiste à voir d’un oeil bonhomme le libertinage masculin, tandis que le même comportement pour les femmes semble réservé à des filles peut fréquentable. Mais là peut être que je m’égare.
intéressant toutes vos remarques ! je pense qu’il y a bp de vrai, et de choses auxquelles je n’avais pas réfléchi
en revanche, je ne suis pas aussi convaincu que vous sur le fait que les deux « partagent cette même attitude compulsive vis à vis du sexe ». Je suis d’accord que tous deux ont des relations chaotiques et pas franchement épanouies, mais ça se manifeste différemment, de mémoire la sœur est plus dans l’émotion, elle se livre beaucoup sentimentalement tandis que le frère « consomme » les femmes et n’arrive pas à s’impliquer. Il y a aussi quelque chose de compulsif chez la soeur, mais elle n’a pas ce côté « accroc » au sexe à mon avis, elle est plus dans un manque affectif je pense. Par contre effectivement tous deux ont réagi au même passé et au même contexte familial et culturel, qui effectivement reste flou d’ailleurs, ce qui laisse pas mal de place à l’interprétation, tout en donnant peu de pistes…
Ce qui est sûr c’est qu’ils sont perdus tous les deux et que seule la sœur en a vraiment conscience et cherche à communiquer avec les autres.
Sur l’attitude du frère vis à vis de la relation entre sa soeur et son patron, c’est peut être simplement qu’il sait que c’est un chaud lapin et que elle souhaite autre chose, du coup la voir se leurrer comme ça le renvoie à ses propres angoisses. je n’ai pas vu ça comme une réaction hypocrite en tous cas.
Bonsoir,
J’ai enfin vu Shame il y a quelques jours. Je ne le regrette pas. J’appréhendais un peu à cause des critiques qui l’avaient plutôt descendu. Pour moi, c’est un film rare de vérité et d’humanité. J’appréhendais d’autant plus que je suis sex addict. J’avais peur de l’image qu’allait me renvoyer le film. Et finalement, j’ai senti de la bienveillance. Un regard sans jugement. J’ai beaucoup pleuré car forcément ça réveille les vieilles blessures (abus sexuels et les indices du films vont dans ce sens)…et peut être aussi un sentiment de terrible solitude face à cette addiction honteuse.
De l’impuissance à s’en libérer, de l’incapacité à en parler. Grâce au film, je me suis sentie moins seule….mais bien désespérée tout de même.
Pour répondre à un des commentaires sur les personnages homme (frère)/femme (soeur), je me permettrai de dire que l’impact des abus et des maltraitances est différent selon la personne d’abord et selon qu’on soit un homme ou une femme. Les femmes (comme la soeur dans le film) cherchent souvent une réparation dans l’affectif, comme si l’amour pouvait guérir leur blessures et les réhabiliter, leur mauvaise estime d’elles mêmes les empêche de réussir socialement et le poids de la culpabilité y contribue (j’en parle par expérience). Pour les hommes, il semble qu’ils séparent sexe et sentiments et que le refus de s’attacher devient une stratégie de survie.
Voilà, ce que j’avais à dire…et merci à ce site qui me permet de le faire.
Bonne continuation.
Merci à vous pour votre témoignage éclairant, et vos explications très intéressantes.
Citizen poulpe si vous n’avez pas vu hunger je vous le conseil car le film est doté lui aussi d’un magnifique plan séquence, rendu vivant par l’intelligence et l’intensité du dialogue. Merci pour cette critique, pour ma part j’ai cru dans certains signes déceler des sous entendu liés à de possible désirs incestueux. Comme par exemple l’attitude ambigu de sa soeur qui se tien toujours très proche de lui, des tenus quelle peut porter (t shirts transparent laissant deviner qu’elle ne porte pas de soutien-gorge). Je me trompe peut être mais il me semble que c’est cette ambiguïté qui vient jouer dans les mécanismes de répulsions et de projection du personnage.
Je n’ai pas vu Hunger, mais merci du conseil ! Quant à vos remarques, il faudrait que je revois le film mais il me semble en effet qu’il y a une certaine ambiguïté dans quelques séquences.
Merci pour cette analyse que je partage à tous points de vue.
Pour ma part, j’ai cru percevoir dans ce film, à travers le personnage « Brandon », la même problématique que des personnes souffrant d’obésité morbide. Ce besoin de compenser leur souffrance par l’engloutissement à outrance. Et dans le cas de Brandon, cette addiction au sexe.
J’ai beaucoup aimé aussi avec quelle subtilité le scénariste a pu faire la différence entre l’aspect pathologique de l’addiction au sexe de Brandon et de simples pulsions sexuelles assouvies comme celles que l’on pouvait deviner chez son patron.
Et les deux scènes que vous mettez en évidence sont exceptionnelles. L’une remettant en cause le concept même du couple tel qu’il est perçut en Occident avec toute l’influence judéo-chrétienne que l’on connait et l’autre laissant imaginer au spectateur une histoire familiale sans doute à l’origine des pathologies de l’un et l’autre. Et cette sœur qui tente de se nourrir de la souffrance de son frère pour oublier la sienne… Car quand elle prétend chercher à l’aider, Brandon refuse catégoriquement d’être « comme un mendiant qui rencontre un autre mendiant croyant que l’autre possède et peut lui donner ce que lui-même n’a pas. » Il sait que « son mal » a besoin d’autre chose pour guérir et surement pas d’une sœur qui va tout aussi mal et au comportement parfois ambiguë, vis à vis de lui, compte tenu de sa pathologie addictive…
« Le Dernier tango à Paris » ne vaut guère sa réputation – écoutons plutôt la magistrale musique de Barbieri (utilisée par Bertolucci comme Godard se servit de la composition de Delerue pour « Le Mépris ») afin de ressentir le feu et les cendres de cette passion ; de grands et courageux interprètes ne font pas un bon film.
Excellent film sur une problématique actuelle. Le Sexe, voir le porno omniprésent dans notre société. Le frère et la soeur semblent avoir vécu certains traumatisme familliales qui les affectent différement selon leur sexe. En effet, quand on voit Brandon qui se renferme sur lui même en rejettant toute forme d’affection tandis que Sissy, à l’inverse ultra sensible et en manque d’affection, montre au final un rapport au sexe complètement différent de celui de son frère. Sissy cherche surtout à combler un vide affectif alors que Brandon cherche à assouvir une pulsion purement pornographique. De plus, Le côté déshumanisé de Brandon est très bien reflèté par les actes sexuels, d’une part la masturbation où il semble être vidé et en paix avec lui même alors que de l’autre côté, les acts sexuels où il éprouve souvent un profond dégout de lui même après avoir échangé (utilisé) un rapport avec un tiers. Steve MAcqueen réalise un magnifique film où il montre tout un esthetisme (une fascination) pour le protagoniste déshumanisé. Enfin bref, j’ai bien aimé le film 🙂 à voir absolument!
Je viens de terminer Shame. Très accrocheur la façon dont les plans sont lents et intenses. On peut ressentir une souffrance via une enfance commune entre Brandon et Sissy. On ne connaît pas leur vécu, mais une chose est certaine: leur passé est une vraie souffrance et Brandon ne sachant pas comment expulser ses colère et ses angoisses, le coté primitif de l’être humain est un moyen rapide et efficace sur l’instant. Nous pouvons peut-être deviner un peu plus leur vécu via Sissy, d’où le grand manque d’affection et le besoin de s’accrocher à quelqu’un ou quelque chose.
Le fait que Brandon raconte à Marianne durant leur repas qu’il n’a plus que sa soeur dans la famille, révèle bien des questionnements…
Magnifique film.
Merci pour votre commentaire intéressant, désolé de l’avoir approuvé si tardivement ! C’est un oubli de ma part.