Film d’Irvin Yeaworth
Titre original : The Blob
Année de sortie : 1958
Pays : États-Unis
Scénario : Kay Linaker, Theodore Simonson
Photographie : Thomas E. Spalding
Avec : Steve McQueen, Aneta Corsaut
Steve Andrews: I don’t like it much. I guess the only way to find that, is to go and look for it.
Steve Andrews (Steve McQueen), stupéfiant de lucidité dans The Blob.
Lieutenant Dave: At least we’ve got it stopped.
Steve Andrews: Yeah, as long as the Arctic stays cold.
Lt Dave (Earl Rowe) et Steve Andrews (Steve Mc Queen), visionnaires dans The Blob.
The Blob est un sympathique film indépendant très représentatif du cinéma d’horreur américain des années 50, et de son obsession de la menace communiste. Un classique des drive-in avec Steve McQueen dans l’un de ses premiers rôles au cinéma.
Synopsis de The Blob
Une substance informe et gélatineuse venue de l’espace tombe près de la petite ville de Downingtown, Pennsylvanie, sous le regard perplexe de Steve Andrews (Steve McQueen) et Jane Martin (Aneta Corsaut), deux jeunes gens qui flirtaient innocemment par une nuit étoilée.
Initialement de la taille d’un poing, le blob grossit à mesure qu’il absorbe un à un les habitants de la paisible bourgade, tandis que Steve et ses amis tentent en vain d’alerter des policiers incrédules.
Critique du film
The Blob, énième représentation du communisme dans le cinéma fantastique américain des fifties
The Blob ( sorti en France sous le titre Danger planétaire) est un film d’horreur indépendant entièrement formaté pour les drive-in, ces fameux cinémas en plein air où les spectateurs sont tranquillement installés dans leurs voitures. Ce type de projection, apparu dans l’État du Nouveau-Mexique (États-Unis) dès 1915, était prisé entre autres par un jeune public, qui y voyait notamment l’occasion de flirter plus facilement que dans une salle de cinéma traditionnel. Le film d’Irvin Yeaworth se présente donc comme un pur divertissement, un produit marketing destiné à un public ciblé et on n’y trouvera guère, de fait, de qualités artistiques particulières, tandis que les effets spéciaux attestent de la modestie de son budget.
Mais qu’importe : The Blob n’a pas usurpé sa réputation de petit classique des drive-in. Le charme du film est indéniable ; y contribuent à égale mesure la présence du jeune McQueen – qui n’a pas encore le charisme de Bullitt mais son rôle de sympathique bellâtre ne l’aurait de toute façons pas justifié -, un attachant manque de moyens, des dialogues très légers et bien sûr le blob lui-même, une créature plutôt originale et pittoresque.

Steve McQueen dans « The Blob ». Le futur interprète de « Bulllitt » interprétait ici l’un de ses tout premiers rôles.
Comme beaucoup de films de science-fiction américains tournés à cette époque, The Blob semble mettre implicitement en scène la menace communiste (la fameuse guerre froide entre les USA et l’URSS a débuté quelques années plus tôt). Cette idéologie étant typiquement perçue, par ses détracteurs, comme une attaque contre les droits individuels, sa représentation sous la forme d’une masse flasque (le blob) absorbant les êtres humains est – de ce point de vue – cohérente.
On prêta souvent la même interprétation anti-communiste (discutable d’ailleurs) à Invasion of the Body Snatchers, de Don Siegel, sorti trois ans avant The Blob, alors qu’en réalité, de l’aveu de son metteur en scène, ce grand classique de la SF pointait du doigt les producteurs hollywoodiens et leur mode de pensée formaté, et non les communistes (mais il est vrai que le film ouvre la voie à plusieurs interprétations, y compris à celle impliquant une critique du maccarthysme, soit l’exact opposé de l’interprétation anti-communiste). Si le film de Siegel fera l’objet de trois remakes, le bien plus modeste (artistiquement parlant) The Blob aura également droit au sien, signé Chuck Russell et sorti en 1988. Remake plutôt réussi d’ailleurs, même si la critique cinéma Janet Maslin formulera à son sujet une remarque assez juste : pour des raisons qui n’ont aucun rapport avec le mérite, la version de 1958 s’est fait une place dans l’histoire […] le remake, si généreux soit-il, n’en fera pas de même
. Notons que Rob Zombie envisagea plus récemment de tourner un nouveau remake de The Blob, mais ce projet est semble-t-il tombé aux oubliettes.
Beware of the Blob : un générique haut en couleur
The Blob débute par un générique surprenant, rythmé par une chanson composée par le brillant Burt Bacharach (alors peu connu) sur des paroles de Mack David. Intitulée Beware of the Blob, la chanson évoque une atmosphère sud-américaine très enjouée, sans rapport avec le sujet et le cadre de l’histoire du film. Très certainement volontaire, le décalage est particulièrement amusant et contribue à faire du générique un moment délectable – l’un des meilleurs du film d’ailleurs ! Cette entrée en matière comique est aussi la preuve que les auteurs de The Blob ne se prenaient guère au sérieux…
Quelques années plus tard, Burt Bacharach signera d’autres musiques de films dont celle, superbe, de Butch Cassidy et le Kid, le western culte de George Roy Hill avec Paul Newman et Robert Redford.
The Blob est un film d'horreur sympathique, sans prétention, très représentatif du cinéma américain SF de son époque et de l'atmosphère des drive-in. Une aura nostalgique entoure donc ce modeste long métrage qui s'achève sur une note écologique étonnamment prémonitoire (McQueen remarquant que le blob restera hors d'état de nuire "tant que l'Arctique restera froid", ce qui n'est pas sans évoquer le problème de réchauffement climatique). Conscient de son charme kitch et vintage, le prestigieux éditeur Criterion vient d'ailleurs de faire paraître une édition DVD et Blu-ray du film. On retiendra aussi la chanson entraînante de Burt Bacharach et Mack David, qui remporta un franc succès à l'époque et que vous pouvez passer les yeux fermés si vous voulez apporter une touche exotique à une fête estivale.
Un commentaire
Voila peut-être le genre de film d’horreur qui pourrait me convenir: un scenario improbable avec des effets spéciaux encore plus improbables!
Tout à fait ce qu’il faut à une peureuse comme moi. Il faut que je creuse.
See ya
Ej