Film de Woody Allen
Année de sortie : 2019
Pays : États-Unis
Titre original : A Rainy Day in New York
Scénario : Woody Allen
Montage : Alisa Lepselter
Photographie : Vittorio Storaro
Avec : Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez, Liev Schreiber, Jude Law, Cherry Jones
Le dernier Woody Allen donne à voir un New York passé au filtre de l’éternelle nostalgie de son auteur, peu à l’aise avec l’époque actuelle. Le résultat est plaisant.
Synopsis du film
Ashleigh Enright (Elle Fanning) doit se rendre à New York avec son petit ami Gatsby Welles (Timothée Chalamet) pour interviewer un réalisateur porté sur la bouteille, Roland Pollard (Liev Schreiber). Tous deux étudient à Yardley, en Pennsylvanie. Gatsby est ravi de ce voyage, en grand amoureux de New York, où vivent ses parents.
Mais le jour venu, rien ne se passe comme prévu…
Critique de Un Jour de pluie à New York
Shannon, le personnage interprété par Selena Gomez dans Un Jour de pluie à New York, dit approximativement (il faudrait que je retrouve la citation exacte), lors d’une séquence clé, qu’il faut laisser la réalité à ceux qui ne peuvent pas imaginer autre chose.
Cette réplique est représentative de l’approche propre à Woody Allen : même s’il traite de sentiments humains authentiques, de questions existentielles, de dilemmes moraux parfois complexes (Crimes et délits, Match Point, Le Rêve de Cassandre) et du désordre amoureux avec, souvent, une grande justesse (Annie Hall), il aborde le cinéma d’une manière qui n’est pas sans rapport avec ses talents de magicien ; en d’autres termes, le réalisme ne l’intéresse pas beaucoup.
Ses dernières interviews, au même titre que ses derniers films, laissent en effet plus que jamais transparaître son pessimisme et son absence d’illusions à l’égard de la réalité (son film Magic in the Moonlight traite directement de ce thème). Dans ce contexte, son cinéma actuel apparaît comme une modeste et brève évasion, qui se réalise souvent dans le même décorum : un New York suranné, aux couleurs chaudes, dans lequel flânent des jeunes gens plutôt aisés avec, en musique de fond, un air de Duke Ellington, ou d’un autre illustre compositeur du Great Americain Songbook.

Ashleigh Enright (Elle Fanning) et Gatsby Welles (Timothée Chalamet) ne regardent pas dans la même direction…
Un Jour de pluie à New York est l’illustration typique de cette démarche. Illustration qui à défaut de saisir, de surprendre le spectateur est composée de motifs suffisamment harmonieux et équilibrés pour procurer un certain plaisir de vision, si du moins on ne compte pas parmi les (nombreux) détracteurs du cinéaste new-yorkais. La photographie de Vittorio Storaro, immense chef opérateur italien avec lequel Allen collabore depuis Cafe Society (2016), contribue à ce plaisir au même titre qu’un scénario sans faute de rythme, et qu’une séduisante galerie de personnages.
Gatsby Welles (Timothée Chalamet) évoque, par certains aspects, Woody Allen lui-même. Le fait qu’il joue au poker – Allen était très habile avec les cartes dans sa jeunesse – et ne peut envisager de vivre ailleurs qu’à New York (la scène où il en fait l’aveu renvoie directement à l’Alvy Singer de Annie Hall) sont deux motifs « alleniens », tandis que son prénom renvoie évidemment à l’univers de Francis Scott Fitzgerald (et, à travers lui, à toute une mythologie culturelle et littéraire que Woody Allen avait explorée à sa façon dans Minuit à Paris).
Face à lui, la blonde Elle Fanning (révélée par l’excellent Twixt) incarne une jeune femme cultivée mais candide à laquelle s’oppose la brune, plus acide et caustique, campée par Selena Gomez. À l’image de ces oppositions assez simplistes, certaines situations reflètent un comique exagérément désuet (par exemple, quand le scénario nous refait le coup de l’amante dans le placard, flirtant avec du vaudeville rabâché) mais l’ensemble, plus amer qu’il n’y paraît, fonctionne plutôt bien, et comporte même des scènes qui se distinguent assez nettement ; en particulier celle de la confession de la mère de Gatsby, au cours de laquelle la talentueuse comédienne Cherry Jones fait honneur à un texte intelligent et émouvant d’Allen.
Le final, en demi-teinte (au niveau du ton), confirme ce que fait Woody Allen dans ce film et dans la plupart de ses récents longs métrages : il rabat les cartes de son cinéma, les déplace à loisir, dans un jeu à la fois nostalgique, mélancolique, amusé et désabusé. Si on s’y laisse prendre, on aura envie, après la séance, d’un verre de brandy avec, en musique de fond, un disque de Billie Holiday, d’Ellington ou d’Erroll Garner. À noter, d’ailleurs, que Timothée Chalamet chante fort bien, dans une jolie scène, le très beau standard Everything Happens to Me, écrit par Tom Adair et composé par Matt Dennis, et dont Chet Baker avait donné une version mémorable.
Un Jour de pluie à New York ne possède pas la force des meilleurs longs métrages de Woody Allen, mais reste agréable à suivre si on goûte l'esthétique du réalisateur new-yorkais, et sa mélancolie jazzy. Le film confirme par ailleurs la qualité de sa collaboration avec Vittorio Storaro.
Un commentaire
déçue , très déçue par ce nouveau cru de W. Allen . Des décors richissimes changeant continuellement , des allers -venues perpétuelles , des filles même pas jolies ,, pas d’invention , pas de dialogues, pas de fous rire , quel vide abyssal ce joli film roman -photos pour midinettes
où est le créatif génial de » Minuit à Paris » de Match point » et tant d’autres …..