Citizen Poulpe - Critiques de films
  • Critiques de films
    • Toutes les critiques de films
    • Drame
    • Policier / Thriller
    • Horreur
    • Fantastique
    • Science-fiction
    • Comédies / Comédies dramatiques
    • Western
    • Espionnage
    • Guerre
    • Aventures / Action
    • Documentaire
    • Courts métrages
  • Extraits de films
  • Musique et cinéma
  • Dossiers
    • Dossiers thématiques
    • Portraits croisés
    • Personnalités
  • Recueil de nouvelles
  • Contact
Burt Lancaster dans "The Swimmer"
Drame 6

The Swimmer (Le Plongeon)

Par Bertrand Mathieux · Le 7 décembre 2010

Film de Frank Perry, Sydney Pollack (non crédité)
Année de sortie : 1968
Pays d’origine : États-Unis
Scénario : Eleanor Perry, d’après une nouvelle de John Cheever
Photographie : David L. Quaid
Montage : Sidney Katz, Carl Lerner et Pat Somerset
Musique : Marvin Hamlisch
Avec : Burt Lancaster, Janice Rule, Janet Landgard.

Shirley Abbott: Would you mind telling me what the hell you’re doing here?
Ned Merrill: I’m swimming home.

Film inédit en France jusqu’à aujourd’hui (il est actuellement visible dans quelques salles de cinéma, sous le titre Le Plongeon), The Swimmer jette un regard critique et amer sur un certain idéal de vie américain, à travers un récit parabolique.

Synopsis de The Swimmer

Par un jour d’automne ensoleillé, dans un quartier riche du Connecticut. Ned Merrill (Burt Lancaster), seulement vêtu d’un maillot de bain, rend visite à de riches amis ; apparemment, ils ne se sont pas vus depuis un moment. Après avoir nagé dans leur piscine, Ned, en survolant du regard la colline environnante, a soudain l’idée de rentrer chez lui en utilisant toutes les piscines se trouvant sur son chemin.

Au fil de ses rencontres, les raisons d’abord obscures de son comportement se dévoilent peu à peu…

Critique du film

Décidément, le cinéma américain des années 60-70, largement influencé par la contre-culture, recèle bien des films aussi brillants que, parfois, largement méconnus. C’est le cas de The Swimmer, dont on a parlé récemment suite à une sortie plus que bienvenue en France, où il était resté inédit depuis 1968.

Basé sur une nouvelle de John Cheever, un écrivain américain très reconnu dans son pays, The Swimmer fut porté à l’écran par Frank Perry (sur un scénario de sa femme Eleanor Perry, laquelle a également écrit celui du Fantôme de Cat Dancing), réalisateur somme toute très peu connu (en France en tous cas), qui tourna également des documentaires et des téléfilms. Pour cause de désaccord, vraisemblablement avec la production, il ne termina pas The Swimmer ; c’est le célèbre metteur en scène Sydney Pollack (Les Trois jours du Condor, Jeremiah Johnson, Out of Africa), alors au début de sa carrière, qui fut engagé pour tourner les scènes manquantes.

La très bonne idée de John Cheever est d’avoir illustré, au travers d’une histoire éminemment symbolique, l’envers du décor d’un certain idéal de vie américain, basé sur l’individualisme et la matérialisme, et s’illustrant par les grandes maisons, les riches propriétés et les piscines bleu clair. Autant de symboles kitchs d’une existence somme toute largement basée sur les apparences, où les rapports humains demeurent superficiels (comme l’illustre cette scène dans laquelle Ned apprend qu’un de ses vieux amis, dont il n’avait jamais pris de nouvelles, est mort), et où il ne se passe pas grand chose de vrai et d’intéressant. Mais c’est la vie qu’a choisi, avec bien d’autres, le héros du film, Ned Merril, dont l’aspect sain et athlétique incarne le stéréotype du parfait américain ; une vie dans laquelle il plonge, littéralement, à travers cette manière plus que déroutante de rentrer chez lui (pénétrer dans les propriétés possédant une piscine, et traverser celle-ci avant de continuer son parcours au pas de course). Rapidement, son périple insensé prend une dimension allégorique, et dessine progressivement une réalité  glaciale – il a d’ailleurs de plus en plus froid à mesure qu’il avance (What’s the matter with that sun, there’s no heat in it). Le film regorge de scènes significatives, comme celle où Ned tente péniblement de traverser une route encombrée de voitures défilant à toute vitesse.

Mais son « exploration », de par son caractère enfantin, représente également cette innocence et cette capacité à s’émerveiller propre à l’enfance que Ned s’évertue à retrouver. Il évoque d’ailleurs avec nostalgie son enfance et les sensations enivrantes qui y sont associées, lors d’une discussion avec une ancienne maitresse – interprétée par la comédienne Janice Rule qui, deux ans plus tôt, avait joué le rôle d’une peste méprisable dans La Poursuite impitoyable, l’un des chefs d’œuvre d’Arthur Penn.

Par son regard acide sur la société capitaliste et ses symboles de réussite, The Swimmer s’inscrit dans le cinéma souvent contestataire et empreint de contre-culture qui déferla sur les écrans américains à partir de la moitié des années 60 – même s’il demeure une œuvre à part qu’on ne peut pas associer totalement au Nouvel Hollywood.

Burt Lancaster trouve dans The Swimmer l’un de ses plus beaux rôles, ce qui n’est pas peu dire quand on connait la filmographie de cet immense comédien (Le Guépard, de Luchino Visconti, 1900, de Bernardo Bertolucci). Il donne une réelle dimension dramatique et pathétique à ce rôle d’homme qui s’attache désespérément à l’image qu’il veut donner de lui-même, image basée sur le stéréotype de l’américain riche, beau, intègre, bon père de famille et bon époux, sportif et viril (la première question qu’il pose à son ex-maitresse à propos de son nouvel amant est On a scale of one to ten, how good is he in bed? ; il déclare également à une inconnue :I’m a very special human being. Noble. And splendid.). Les personnes qu’il croise dans le film, si certaines sont sympathiques, sont souvent des clichés de bourgeois apathiques, égoïstes, individualistes et ultra matérialistes, à l’image de ce couple vantant les équipements haut de gamme de leur piscine.

7 Note globale

Stupéfiante illustration d'un idéal de vie aussi trompeur que superficiel et cruel, The Swimmer nous emmène, au fil des piscines bleutées traversées par Ned Merrill, vers un constat noir et implacable. A découvrir absolument.

Burt LancasterCritique socialeFilm socialFrank PerryJanice Rule
Partager Tweet

Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

Vous aimerez également

  • Les Chiens Drame

    Les Chiens

  • Violence des échanges en milieu tempéré Drame

    Violence des échanges en milieu tempéré

  • Le Plombier Policier / Thriller

    Le Plombier

6 commentaires

  • Nathanaël Trnka dit : 2 décembre 2011 à 9 h 22 min

    A plusieurs reprises dans le texte, le prénom du personnage qu’incarne Burt Lancaster, est écorché. En effet, vous le nommez Ted, alors qu’il se prénomme Ned.

    Cette faute est infime, je le conçois, mais cela entache tellement l’article, pour moi, un fan invétéré de ce chef-d’oeuvre !

    Répondre
    • Citizen Poulpe dit : 2 décembre 2011 à 10 h 19 min

      Corrigé ! Merci

      Répondre
  • lemer dit : 13 décembre 2012 à 22 h 38 min

    Je viens de le visionner. Merveilleux film. J’en reste scotché.
    D’une grande tristesse. Merci Bertrand.

    Répondre
  • Beata dit : 13 juillet 2013 à 19 h 34 min

    Je viens de voir LE FILM… et c’est un boulversement dans l’âme et dans l’ésprit – c’est un chef-d’oeuvre !!! En plus Burt Lancaster c’est un de mes acteurs préférés (dans le top 5 :-). Et pour finir… POURQUOI ON NOUS CACHE DES MERVEILLES ???… et depuis 1968 !!!… j’avais 10 ans quand le film est sorti et je l’ai vu par hasard à la tv belge… Merci la TV 🙂

    Répondre
  • Jean-Pascal Mattei dit : 12 août 2013 à 15 h 58 min

    Le nageur des eaux chaudes : Lancaster lui-même, dissimulant son homosexualité dans la piscine hollywoodienne remplie de piranhas, adoubé par Visconti, bouleversant et mis à nu en professeur épris de Berger dans « Violence et Passion ».

    Répondre
  • Ferenc Rákóczy dit : 25 septembre 2015 à 20 h 46 min

    Merci pour la critique de ce film inoubliable aux yeux de tous ceux qui ont eu la chance de le voir un jour. Je trouve, quant à moi, très rassurante l’idée qu’il reste ainsi des perles à découvrir dans le cinéma, cet art trop souvent vilipendé par l’argent et les contraintes des producteurs. En tant que réalisateur en herbe, son analyse m’a été d’une aide et d’un soutien magistral.

    Répondre
  • Laisser un commentaire Annuler la réponse.

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

    Rechercher une critique de film

    Facebook

    Facebook

    Dernières actualités

    • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      2 janvier 2023
    • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      13 décembre 2022

    Critiques les plus récentes

    • Petite fleur

      Petite fleur

      21 mars 2023
    • Les Petits câlins

      Les Petits câlins

      25 février 2023

    Critiques les plus consultées

    Le Troisième homme
    Snow Therapy
    Wounds
    Carnivores
    La Moustache
    L'Apparition
    Scarface
    The Woman

    Rechercher un film par thématique

    • Chronique intimiste
    • Critique sociale
    • Couples en plein doute
    • Détectives
    • Disparitions
    • Fantômes et apparitions
    • Féminisme
    • Jeux de l'amour et du hasard
    • Joies du libéralisme
    • Monstres et cie
    • Onirique
    • Politique
    • Questionnement identitaire
    • Réalisatrices
    • Récit initiatique
    • Relation vénéneuse
    • Sorcellerie
    • Transformation
    • Le travail c'est la santé

    Abonnez-vous !

    Abonnez-vous à Citizen Poulpe pour recevoir une notification par email à chaque nouvel article publié.

    • Critiques de films
      • Toutes les critiques de films
      • Drame
      • Policier / Thriller
      • Horreur
      • Fantastique
      • Science-fiction
      • Comédies / Comédies dramatiques
      • Western
      • Espionnage
      • Guerre
      • Aventures / Action
      • Documentaire
      • Courts métrages
    • Extraits de films
    • Musique et cinéma
    • Dossiers
      • Dossiers thématiques
      • Portraits croisés
      • Personnalités
    • Recueil de nouvelles
    • Contact

    Dossiers cinéma

    • Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

      Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

      19 avril 2020
    • Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

      Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

      22 novembre 2018
    • Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

      Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

      30 mai 2018

    Actualités

    • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      2 janvier 2023
    • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      13 décembre 2022
    • PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

      PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

      12 décembre 2022

    Musique et cinéma

    • Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

      Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

      3 avril 2021
    • « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

      « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

      25 avril 2020
    • « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

      « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

      26 mars 2020

    Recherche

    Consultez l’index des critiques de films.

    Sites conseillés

    Découvrez une sélection de sites conseillés par Citizen Poulpe.

    Citizen Kane, c’est un film qui a révolutionné le cinéma, aussi bien par ses innovations visuelles que narratives. Le poulpe, et en particulier le poulpe géant, est un animal marin mythique, qui se démarque par son charisme, sa capacité d’adaptation, et sa connaissance de lui-même. Citizenpoulpe.com est un hommage au cinéma et à la grandeur solennelle du poulpe.

    Blog sous license Creative Commons. Propulsé par WordPress.