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Logan Marshall-Green dans "The Invitation"
Policier / Thriller 0

The Invitation

Par Bertrand Mathieux · Le 26 octobre 2016

Film de Karyn Kusama
Année de sortie : 2015
Pays : États-Unis
Scénario : Phil Hay, Matt Manfredi
Photographie : Bobby Shore
Montage : Plummy Tucker
Musique : Theodore Shapiro
Avec : Logan Marshall-Green, Tammy Blanchard, Michiel Huisman, Emayatzy Corinealdi, Lindsay Burdge, Mike Doyle, Jay Larson, John Carroll Lynch

David: Will, come here. I’m so glad you’re here. I’m really glad, man.[…] I mean, we’ve got a lot to talk about, so much to celebrate tonight.

The Invitation est un huis clos inquiétant sur le thème du deuil, qui maintient admirablement bien l’équilibre entre sentiment de paranoïa et soupçon de machination.

Synopsis du film

De nos jours, à Los Angeles. Will (Logan Marshall-Green) et sa petite amie Kira (Emayatzy Corinealdi) se rendent à un dîner organisé chez Eden (Tammy Blanchard), l’ex-femme de Will, et son nouveau compagnon David (Michiel Huisman).

Will et Eden, qui ne se sont pas vus depuis deux ans, partagent un passé douloureux : la mort accidentelle de leur unique enfant, qui fut à l’origine de leur séparation. Eden vit toujours dans la maison où elle et Will habitaient à l’époque. Plusieurs amis que Will et Eden fréquentaient du temps de leur mariage sont également invités.

Peu de temps après leur arrivée, tandis que tout le monde prend l’apéritif au salon, Will commence à se poser des questions. Eden a beaucoup changé, et David est d’une politesse presque suspecte. Quant aux amis de David, Pruitt (John Carroll Lynch) et Sadie (Lindsay Burdge), Will les trouve également plutôt bizarres. Sans compter les protections sur les fenêtres ; David qui retire la clé sur la porte d’entrée ; et les propos élogieux d’Eden et de David à propos d’une organisation qui a tout l’air d’une secte.

À moins que Will, éprouvé par son retour sur les lieux de la tragédie, ne se fasse tout simplement du mauvais sang pour rien…

Critique de The Invitation

Si les principaux genres cinématographiques — thriller ; horreur ; drame ; historique ; etc. — ne sont pas si nombreux que cela, les choses deviennent plus compliquées quand on parle des très nombreux sous-genres qui les décomposent. En ce qui concerne The Invitation, il appartient à une catégorie appelée outre-Atlantique Dinner Parties From Hell, comme le souligne très justement cet article (en anglais) qui cite dix autres exemples du genre (dont L’Ultime souper et Qui a peur de Virginia Woolf ?).

Cette appellation désigne les films dont le scénario s’articule principalement autour d’un dîner entre amis ou en famille qui, peu à peu, prend une dimension plus ou moins dramatique, voire carrément cauchemardesque. On pourrait d’ailleurs compléter la liste par le fameux Festen (1998) de Thomas Vinterberg, entre autres. Typiquement, ces films sont souvent des huis clos, les dîners en question se produisant a priori, comme dans la « vraie vie », à l’intérieur d’une maison ou d’un appartement.

The Invitation
Le casting de « The Invitation » presque au complet. On aperçoit le bras de Will (Logan Marshall-Green) au premier plan à droite, ce qui n’a rien d’un hasard : les angles de caméra tendent à épouser son point de vue, et il est régulièrement dans une position qui l’isole un peu du reste du groupe.

Le scénario de Phil Hay et Matt Manfredi propose donc une nouvelle variation autour de cette situation, et les deux auteurs (qui collaborent régulièrement ensemble) livrent suffisamment d’idées intéressantes pour que The Invitation ne marchent pas sur les plates-bandes de certains de ses prédécesseurs dans le genre, mais au contraire emprunte un chemin bien à lui.

Le background tragique (la mort d’un enfant) de ce dîner intriguant est fondamental : The Invitation est aussi et surtout une variation sur le thème du deuil, celui que vivent, chacun à leur façon, Will et Eden. Leur état d’esprit, leur trajectoire et leurs comportements dans le film sont largement conditionnés par la perte de leur enfant, qui est antérieure au début du récit. Le deuil est d’ailleurs le point de départ de plusieurs thrillers et films d’horreur (The Invitation appartient à ces deux registres), comme par exemple Antichrist, Ne vous retournez pas, The Changeling, Calme blanc ou encore les films d’Ari Aster, mais on pourrait en citer beaucoup d’autres.

Tammy Blanchard et Michiel Huisman dans "The Invitation"
Eden (Tammy Blanchard) et David (Michiel Huisman) dans « The Invitation »

L’intelligence du script est de maintenir une ambiguïté troublante pendant une bonne partie du film : si le spectateur partage par moment les soupçons du protagoniste quant aux intentions des déroutants maîtres de maison incarnés par Tammy Blanchard et Michiel Huisman, il s’interroge aussi parfois sur l’équilibre mental de Will, ce qui remet précisément en question la première posture évoquée.

L’interprétation (excellente) de Logan Marshall-Green mais aussi un montage particulièrement habile (signé Plummy Tucker) et le parti pris de nous faire vivre chaque scène du point de vue de Will (nous quittons la maison et y revenons avec lui : toutes les scènes expriment son regard sur l’environnement) entretiennent une incertitude finement dosée entre paranoïa et machination, ce qui rappelle un peu le cinéma de Roman Polanski, un expert en la matière (comme l’illustrent notamment ses films Rosemary’s Baby et Le Locataire).

Logan Marshall Green dans "The Invitation"
Will (Logan Marshall-Green), l’œil à l’affût

En termes de réalisation, le travail de Karyn Kusama, qui n’avait plus tourné depuis Jennifer’s Body (2009), est d’une grande précision. The Invitation nous plonge rapidement dans un climat oppressant et étrange, qui pousse à guetter dans chaque plan un quelconque détail susceptible d’infirmer ou de confirmer les soupçons que la mise en scène instille subtilement dans l’esprit du spectateur.

Lindsay Burdge dans "The Invitation"
L’inquiétante Sadie (Lindsay Burdge)

La réalisatrice (aidée par une photographie sophistiquée de Bobby Shore) utilise intelligemment le hors-champ, la profondeur de champ et les arrières plans pour stimuler l’imagination et l’appréhension du spectateur. Plus d’une fois, tandis qu’un ou plusieurs personnages sont filmés en premier plan, le regard est capté par la scène visible en arrière plan, qui le plus souvent s’avère parfaitement anodine. La bande son joue un rôle essentiel dans la création de ce climat anxiogène et paranoïaque : à partir du moment où la caméra pénètre dans la maison, une alternance de sons sourds et de murmures indistincts contribuent tour à tour à susciter la méfiance et la perplexité.

Emayatzy Corinealdi et Logan Marshall Green dans "The Invitation"
Kira (Emayatzy Corinealdi) et Will (Logan Marshall-Green). Karyn Kusama utilise souvent la profondeur de champ de manière à suggérer que quelque chose va se produire en arrière plan (on voit ici deux personnages derrière la baie vitrée).

Bande-annonce

8 Note globale

Par sa manière de ballader le spectateur entre une interprétation psychologique ou des soupçons bien réels, The Invitation excelle dans l'art délicat du pouvoir suggestif au cinéma, un ressort souvent essentiel pour tout huis clos horrifique qui se respecte. Le film de Karyn Kusama s'affirme donc comme une indéniable réussite dans la catégorie dîners infernaux, sous-genre qui a produit quelques perles cinématographiques et que The Invitation revisite avec autant d'inspiration que de rigueur. Soulignons au passage la grande qualité du casting, composé entre autres de Logan Marshall-Green (Prometheus), Tammy Blanchard (Blue Jasmine), Michiel Huisman (Black Book), Emayatzy Corinealdi (Middle of Nowhere) et John Carroll Lynch (Zodiac).

DeuilDinner Parties From HellEmayatzy CorinealdiHuis closJohn Carroll LynchKaryn KusamaMichiel HuismanRéalisatriceSecteTammy Blanchard
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

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