A partir du 15 octobre, la Cinémathèque française consacre une rétrospective à Dennis Hopper, personnage atypique à la fois acteur, réalisateur, photographe et sculpteur. L’occasion de revoir quelques films cultes sur grand écran et de découvrir des raretés. Filmographie sélective sur Citizen Poulpe.
Dennis Hopper : filmographie sélective
La filmographie de Dennis Hopper est impressionnante ; on citera bien sûr son rôle de reporter dans Apocalypse Now, mais aussi ses prestations dans Massacre à la tronçonneuse 2, Luke la main froide, Blue Velvet et bien d’autres films – sans compter ceux qu’il réalisa lui-même. Voici donc une très partielle et sélective filmographie commentée.
Easy Rider

Dennis Hopper et Peter Fonda dans « Easy Rider ».
Le premier film de Dennis Hopper en tant que réalisateur et, incontestablement, une pièce majeure et novatrice du cinéma américain. Tant sur la forme (montage, utilisation de la caméra, de la musique, etc.) que sur le fond, Easy Rider contribue au renouveau du cinéma américain (il est souvent considéré, à juste titre, comme l’un des piliers du Nouvel Hollywood) et accède très rapidement au statut de film culte. Sa dernière image montrant une moto en feu est particulièrement représentative de l’Amérique de l’époque. Avec Dennis Hopper lui-même, Peter Fonda et Jack Nicholson.
Apocalypse Now
Film monumental inspiré du roman Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, Apocalypse Now, réalisé par Francis Ford Coppola en 1979 (Palme d’or à Cannes), livre une vision hallucinée et fiévreuse d’une Amérique plongée dans la folie et le chaos. Hopper y jour le rôle d’un reporter fasciné par le colonel Kurtz, interprété par Marlon Brando. Celui-ci, pour des raisons obscures, refusa de donner la réplique à Dennis Hopper au cours d’une séquence ; Coppola dut donc filmer les prestations des deux comédiens séparément. Admirateur de Marlon (dont ce fut le dernier grand rôle), Dennis Hopper confia plus tard que cette situation, en lui permettant de jouer la scène sans être impressionné par cet illustre partenaire, fut bénéfique pour son jeu d’acteur.
Outre Brando et Hopper, le film réunit un autre grand comédien, Martin Sheen (La Balade Sauvage, superbe film de Terrence Malick).
Le tournage fut épique et Dennis Hopper abusait pas mal des drogues et de l’alcool à l’époque, si bien que Wim Wenders raconta que quand il accueillit le comédien pour le tournage de L’Ami américain en Allemagne, celui-ci, habillé comme son personnage dans Apocalypse Now, ne savait pas qui était Wenders ni pourquoi il était venu – il était en outre blessé et même infecté suite au tournage du film de Coppola dans la jungle…
Out of the Blue
D’abord engagé en tant qu’acteur sur ce film, Dennis Hopper se retrouve rapidement derrière la caméra suite au départ du metteur en scène initialement pressenti, Leonard Yakir. Le résultat : un film radicalement noir et nihiliste, sur fond de musique punk. Sans doute le meilleur film d’Hopper en tant que réalisateur – la composition remarquable de Linda Manz (Les Moissons du ciel) n’y étant pas pour rien.
Critique de Out of the Blue sur Citizen Poulpe.
Rusty James

Nicolas Cage et Matt Dillon dans « Rusty James »
Cinq ans après le chef d’œuvre Apocalypse Now, Hopper retrouve Francis Ford Coppola pour Rusty James (Rumble Fish) chef d’œuvre sur l’impossibilité, pour l’individu, de se soustraire au regard aliénant des autres. Hopper interprète brillamment le père alcoolique des deux protagonistes, Rusty James (Matt Dillon) et Motorcycle Boy (Mickey Rourke). Au casting également : Nicolas Cage, Chris Penn, Diane Lane et Tom Waits, l’immense auteur, compositeur et interprète américain.
Critique de Rusty James sur Citizen Poulpe.
Blue Velvet

Dennis Hopper et Isabella Rosselini dans « Blue Velvet »
En 1987, David Lynch offre à Dennis Hopper le rôle torturé de Franck Booth dans Blue Velvet, film sur la perte de l’innocence qui reste un des plus grands chefs d’œuvre de son réalisateur. A travers un récit linéaire – ce qu’il ne fait plus aujourd’hui, à l’exception d’Une Histoire Vraie – Lynch explore déjà un grand nombre de ses thématiques fétiches. L’intrigue policière est surtout un prétexte pour filmer la découverte du mal.
La composition de Dennis Hopper, en maniaque pervers, violent et dégénéré, est ahurissante, et on peut considérer qu’il s’agit là de son plus grand rôle – en tous cas du plus représentatif de son talent d’acteur. Au cours de la toute première scène qu’il a jouée (la séquence la plus célèbre et aussi la plus dérangeante du film), Isabella Rossellini, dos à la caméra et face à Hopper, ouvrit les jambes et l’acteur découvrit qu’elle était nue sous son peignoir (David Lynch captant au passage son expression en gros plan). Hopper saluera à cette occasion le courage de la comédienne. Avec Kyle MacLahan, Laura Dern et Isabella Rossellini.
Critique de Blue Velvet sur Citizen Poulpe.
Liens utiles
- Rétrospective Dennis Hopper à la cinémathèque : détail des expositions et projections sur le site de la cinémathèque.
Un commentaire
RIP dennis Hopper and have a easy ride….