Film de Justin Benson et Aaron Scott Moorhead
Pays : États-Unis
Année de sortie : 2012
Scénario : Justin Benson
Photographie : Aaron Scott Moorhead
Montage : Justin Benson et Aaron Scott Moorhead
Avec : Peter Cilella, Vinny Curran, Zahn McClarnon, Bill Oberst Jr.
Premier long métrage de l’enthousiasmant tandem Justin Benson/Aaron Scott Moorhead, Resolution se distingue par une approche atypique du genre fantastique et par le soin accordé aux personnages.
Synopsis du film
Michael Danube (Peter Cilella) est graphique designer et mène une vie paisible avec son épouse. Un jour, il reçoit un message contenant une vidéo de son ami Chris Daniels (Vinny Curran), dont la toxicomanie semble avoir atteint un point de non retour. Chris se trouve visiblement dans un coin isolé, où il consomme quotidiennement du crack et tient des propos délirants.
Une carte des lieux étant jointe au message, Michael décide de rejoindre Chris pour tenter de le convaincre de suivre une cure de désintoxication. Mais une fois sur place, il fait face à la réticence de son ami, ainsi qu’à un environnement étrange et inquiétant…
Critique et analyse de Resolution
Comme dans The Endless, le dernier film de Justin Benson et Aaron Scott Moorhead, l’action de Resolution démarre par un film – une vidéo inquiétante reçue par l’un des deux protagonistes. Ce point de départ n’est probablement pas fortuit : de film, et donc de cinéma, il sera d’une certaine façon question dans Resolution. Après tout, les deux héros ne cherchent-ils pas à échapper à une fin écrite par une force mystérieuse (qui a soif « d’histoire »), fin qui leur est signifiée par le biais d’une courte vidéo les montrant, dans un proche futur, subir un sort peu enviable ? Ne sont-ils pas de fait comme les personnages d’un film qui, dotés d’une conscience autonome, chercheraient à échapper à la destinée imaginée par leurs créateurs ? Et pour prolonger le raisonnement, ne reflètent-ils pas en partie la situation des deux auteurs de Resolution, cherchant à raconter des histoires en prenant à contre-pied les codes et figures imposées ?
Mais Resolution ne peut pas être réduit à une vision aussi métaphorique. Il y a probablement un jeu avec le média du cinéma, mais l’enjeu le plus explicite de l’histoire (un homme tente de libérer son meilleur ami d’une addiction destructrice au crack) est loin d’être secondaire. Ce type de dynamique narrative est d’ailleurs une constante dans le cinéma de Benson et Moorhead, qui jusqu’à présent (ils n’ont fait que trois films) mettent systématiquement en scène deux personnages très proches, devant gérer à la fois des conflits personnels et une menace extérieure imprécise, souvent abstraite.
Resolution est un film atypique, qui ne commence pas vraiment comme un film de genre et au sein duquel la dimension fantastique s’insère progressivement, sans jamais prendre une forme claire et identifiable. On y croise des personnages curieux, on assiste à des événements étranges, mais que l’on peut difficilement rapprocher de codes ou de références propres à un sous-genre quelconque. Ce n’est ni un slasher ; ni un film de fantôme ; ni un survival ; ni un film de monstres ; ni un home invasion… Le fantastique est ici une manière de raconter, de parler de certaines choses (de l’amitié ; de la création ; du cinéma ; de la vie en général…), pas un cahier des charges que se seraient imposé des auteurs visiblement attachés à une liberté créative rafraîchissante (qu’ils confirmeront largement dans leurs longs métrages suivants, Spring et The Endless).
Dans un style très différent, on trouve une liberté de ton comparable chez Marco Dutra et Juliana Rojas, qui ont récemment complètement réinventé le film de loup-garou avec Les Bonnes manières. Quant à la force de la relation qui unit les deux personnages principaux, on la trouve également chez Perry Blackshear, dont le They Look Like People est particulièrement émouvant. C’est de cette démarche intelligente et personnelle dont le cinéma de genre a besoin, sous peine de répéter inlassablement les mêmes schémas et recettes toutes faites. La critique ne s’y est pas trompée et bien que sa réputation soit demeurée largement confidentielle, Resolution a fait l’objet d’articles élogieux.
Resolution est un premier film prometteur qui propose une approche singulière et très personnelle du genre fantastique. Approche pour l'instant commune aux trois films réalisés par Justin Benson et Aaron Scott Moorhead, deux auteurs qui mériteraient davantage de reconnaissance et d'exposition.
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