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Harvey Keitel dans "Les Duellistes"
Drame 4

Les Duellistes

Par Bertrand Mathieux · Le 21 décembre 2010

Film de Ridley Scott
Titre original : The Duellists
Année de sortie : 1977
Pays d’origine : Royaume-Uni
Scénario : Gérald Vaughn-Hughes d’après The Duel de Joseph Conrad
Photographie : Frank Tidy
Montage : Pamela Power
Avec : Keith Carradine, Harvey Keitel, Diana Quick, Cristina Raines, Albert Finney, Tom Conti, Gay Hamilton.

Narrateur : The duelist demands satisfaction. Honor for him is an appetite. This story is about an excentric kind of hunger.

A partir d’une nouvelle de Joseph Conrad elle-même basée sur une histoire authentique, Ridley Scott signa avec Les Duellistes un beau premier film, dont l’histoire singulière explore une forme excentrique de colère et, à travers elle, le caractère volontiers fatidique et irrationnel de la violence des hommes.

Synopsis de Les Duellistes

En 1800, à Strasbourg, sous le règne de Napoléon 1er. L’officier Gabriel Féraud (Harvey Keitel) provoque Armand d’Hubert (Keith Carradine) en duel, pour une raison particulièrement obscure.

Au fil des années, chaque rencontre entre les deux hommes donne lieu à un nouvel affrontement, qu’Armand d’Hubert – pour une question d’honneur et de réputation – se voit contraint d’accepter, malgré ses réticences et son incompréhension.

Critique du film

L’histoire

Les Duellistes est adapté d’une nouvelle de Joseph Conrad, intitulée The Duel. C’est d’ailleurs également une œuvre de Conrad (Au cœur des ténèbres) qui inspira Apocalypse Now, sorti deux ans après Les Duellistes. On peut dire que l’écrivain britannique porta chance aussi bien à Ridley Scott qu’à Francis Ford Coppola, leurs films ayant tous deux été récompensés au Festival de Cannes, remportant respectivement le Prix de la meilleure première œuvre (pour Les Duellistes) et la Palme d’Or (pour Apocalypse Now).

La nouvelle The Duel est basée sur une histoire véridique pour le moins singulière : en 1794, le capitaine Dupont reçut l’ordre d’empêcher un dénommé Fournier, un homme colérique et adepte des duels, de se rendre à un bal, parce qu’il lui était reproché d’avoir tué au cours d’un duel (qui avait eu lieu le matin même) un jeune strasbourgeois. La rencontre entre les deux hommes donna lieu à un duel à l’épée, le premier des vingt et quelques qu’ils disputèrent au cours des années suivantes. Les duellistes scellèrent même un accord – rédigé par Fournier – selon lequel ils devaient s’affronter dès qu’ils se trouvaient à trente lieues ou moins l’un de l’autre (voir l’article Les Duellistes sur Wikipédia).

Keith Carradine et Diana Quick dans "Les Duellistes"

D’Hubert (Keith Carradine) et Laura (la belle Diana Quick) dans « Les Duellistes ».

Le personnage de Gabriel Féraud, interprété par Harvey Keitel (Mean Streets ; Bad Lieutenant ; Holy Smoke), est inspiré de ce fameux Fournier. Dans Les Duellistes, il apparaît comme un véritable fanatique, obsédé par l’honneur et habité par une forme excentrique de colère, pour reprendre l’expression utilisée dans le générique du film. On ignore les raisons profondes de son comportement et de sa détermination inébranlable, et le scénario les laisse volontairement dans l’ombre, pour donner au personnage un caractère particulièrement insondable, à la fois antipathique et, en un sens, fascinant. The enemies of reason have a certain blind look. He has that look, don’t you think?, dit de lui le Dr. Jacquin (Tom Conti), ami d’Armand d’Hubert ; une réflexion particulièrement représentative du personnage.

Si c’est donc Féraud qui apporte au film cette touche d’étrangeté, de mystère et d’absurde, Les Duellistes explore bien davantage la vie et la personnalité d’Armand d’Hubert (Keith Carradine), dont le comportement et les réactions sont largement plus compréhensibles et rationnels – du moins la plupart du temps, l’un de ses actes jetant une certaine ambiguïté sur son rapport avec Féraud.

Harvey Keitel dans "Les Duellistes"

Harvey Keitel dans « Les Duellistes »

Afin d’équilibrer l’histoire en fournissant un contrepoids à la violence et à la démence de Féraud, le scénario prête à Armand une nature raisonnée, tempérée (la psychologie du personnage relève de la fiction ; il ne correspond pas particulièrement à la personnalité du capitaine Dupont, l’un des deux hommes impliqués dans l’histoire qui a inspiré la nouvelle de Conrad). Sa position sociale le met pratiquement dans l’impossibilité de refuser les duels obstinément imposés par Féraud, même s’il est pleinement conscient de leur absurdité (aucune raison bien définie ne justifie leur premier affrontement et de fait, tous les autres). La fuite risquerait en effet de compromettre sa réputation et donc sa carrière dans l’armée.

Le film décrit très bien le mécanisme implacable qui s’enclenche à chaque nouvelle rencontre entre les deux hommes, mécanisme nourrit par la notion d’honneur, mais aussi par la colère inapaisable et mystérieuse de Féraud. Entre les différents duels, Les Duellistes raconte des étapes de l’histoire de France (dont l’évolution est montrée à travers les événements politiques, les guerres et aussi les armes – les duels à l’épée faisant place, à la fin, au duel au pistolet) et de la vie d’Armand, sur laquelle pèse constamment la menace d’un nouvel affrontement. Cette structure permet de bien contextualiser l’histoire, d’approfondir le personnage incarné par Keith Carradine et de souligner le caractère inévitable, fatidique, de chaque duel.

Un premier film rigoureux et maîtrisé

Les Duellistes, premier long métrage de Ridley Scott (Alien ; Blade Runner), témoigne d’une rigueur assez admirable, tant sur le plan esthétique que de la reconstitution historique. C’est cette rigueur qui fait que le film fonctionne sur la durée, en dépit de son scénario minimaliste et répétitif (on peut le résumer en quelques mots). Les costumes, les codes et le fonctionnement de l’armée, les mentalités, les personnages et le rite des duels, sont autant d’éléments montrés et décrits avec un évident souci d’authenticité.

Albert Finney dans "Les Duellistes"

Albert Finney interprète le rôle de Fouché dans « Les Duellistes ».

La photographie et la réalisation – qui puisent une partie de leur inspiration dans Barry Lyndon, le célèbre film de Stanley Kubrick sorti deux ans plus tôt (l’actrice Gay Hamilton est d’ailleurs présente dans les deux films ; cousine de Redmond Barry dans Barry Lyndon, elle est la femme de Féraud dans Les Duellistes) – donnent au film une atmosphère sereine, douce, presque berçante. Ridley Scott et Frank Tidy (le directeur de la photographie) utilisent la ville de Sarlat et ses environs pour concevoir des plans aux teintes délicates et à la lumière soignée, dotés d’un joli cachet pictural. Ces partis pris renforcent (par effet de contraste) la brutalité incompréhensible de Féraud, et soulignent peu à peu la signification de l’histoire.

Au cours du dernier duel, particulièrement magistral sur le plan visuel, Ridley Scott utilise l’environnement – un très beau décor naturel, superbement cadré et photographié – pour donner à l’affrontement une dimension supplémentaire et significative. La beauté de la nature vient ici former un contraste très intéressant avec la violence obsessionnelle des duellistes. A partir de ce point de vue, on peut supposer que le personnage de Féraud symbolise un bien vieux travers du genre humain – c’est-à-dire une violence absurde, qui se répète aveuglément tout au long de l’histoire (d’où l’importance d’avoir fait durer l’intrigue sur une assez longue période), et contre laquelle la raison est tristement impuissante. Une violence qui sépare l’homme de la beauté de la nature – celle que contemple Féraud/Keitel dans le très beau dernier plan du film, avec un palpable sentiment de solitude. Le personnage prend, dans cette image, une profondeur nouvelle.

Les Duellistes

L’un des nombreux beaux plans du film, extrait de la scène du duel final.

On notera la présence toujours appréciable d’Albert Finney (Au-dessous du volcan ; L’Usure du temps), impeccable dans le rôle de Fouché.

7.5 Note globale

Les Duellistes illustre le caractère absurde et répétitif de la violence humaine, autant qu'il fait le portrait volontairement énigmatique d'un homme (Féraud) profondément seul et prisonnier de lui-même. Un beau film mystérieux et un début de carrière réussi pour Ridley Scott, qui allait signer dans la foulée ses deux chefs d'oeuvre (Alien et Blade Runner).

Albert FinneyHarvey KeitelKeith CarradineRidley Scott
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

4 commentaires

  • Bordas dit : 26 janvier 2011 à 17 h 45 min

    En 1977,j’étais figurant de ce film,tourné en Périgord noir ,à Sarlat et ces
    environs,jétais le pianniste au château de Puymartin,et autre lieux,prés du
    village Les Eyzies de Tayac,je recherche des photos de ce film
    Merci de m’informé
    Jean-Pierre Bordas

    Répondre
    • Citizen Poulpe dit : 26 janvier 2011 à 18 h 31 min

      Bonjour,

      Belle expérience !

      « Les Duellistes » est disponible un peu partout en DVD, par exemple sur le site Amazon : Les Duellistes Edition Collector

      Ou en magasin. Pour les photos, vous pouvez regarder sur Google Images. Pour des photos papier, là par contre je ne sais pas où trouver ça, vous pouvez sans doute vous procurer l’affiche originale du film dans des boutiques spécialisées…

      Répondre
  • hakim dit : 15 juillet 2012 à 13 h 03 min

    Un des plus beaux film du monde, je l’ai vu en 1980, j’avais 14 ans, je crois qu’il à changé ma vie et ma permis de réussir dans la vie, car on est tous un peu comme Féraud !!! le plus important c’est de choisir le bon combat , le film m’a donné l’énergie de m’affronter moi-même et de dépasser mes craintes et mes hésitations , ce qui permet d’affronter la vie avec sérénité, tous les combats deviennent possibles quand on se depasse ( se vaincre ) soi même

    Répondre
  • Djino dit : 26 décembre 2015 à 20 h 17 min

    Il faut dire que R. Scott avait l’art de bien terminer ses films… 🙂

    Répondre
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