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Blake Lively dans "Instinct de survie" ("The Shallow")
Horreur 6

Instinct de survie

Par Bertrand Mathieux · Le 19 août 2016

Film de Jaume Collet-Serra
Pays : États-Unis
Titre original : The Shallow
Année : 2016
Scénario : Anthony Jaswinski
Photographie : Flavio Labiano
Montage : Joel Negron
Musique : Marco Beltrami
Avec : Blake Lively, Óscar Jaenada, Brett Cullen, Sedona Legge, Angelo José Lozano Corzo, José Manuel Trujillo Salas

Auréolé d’une bande annonce et d’un pitch plutôt alléchants, Instinct de survie ne remplit malheureusement que très partiellement ses promesses, même s’il reste une divertissante série B estivale.

Synopsis du film

Nancy Adams (Blake Lively), une étudiante en médecine américaine, se rend sur une plage mexicaine isolée pour faire du surf. Le choix de l’endroit n’a rien d’un hasard : il s’agit de la plage où sa mère surfait, plus de vingt ans auparavant, lorsqu’elle découvrit qu’elle était enceinte de Nancy.

Le temps est splendide, la mer idéale : la jeune femme surfe pendant de longs moments – aux côtés de deux surfeurs locaux plutôt sympathiques -, jusqu’à ce qu’elle aperçoive une baleine qui visiblement a été gravement mordue. Gagnée par un mauvais pressentiment, Nancy se hâte vers le rivage mais alors qu’elle prend une vague, quelque chose percute violemment sa planche et elle tombe à l’eau.

C’est le début d’un long combat pour Nancy…

Critique d’Instinct de survie

On se lasserait presque de le répéter, mais il est certain que le film de requin a son chef d’œuvre indiscutable, à savoir le culte Les Dents de la mer. Un scénario dense (avec des personnages consistants, une construction intelligente), une réalisation inspirée (témoignant notamment d’un admirable sens de la suggestion, dans la lignée du cinéma de Jacques Tourneur) et une musique inoubliable font partie des nombreux facteurs qui expliquent pourquoi le troisième long métrage de Steven Spielberg a transcendé un genre d’ailleurs quasiment inexistant à l’époque (sauf si on l’étend au monster movie en général, qui comptait déjà un grand nombre de films).

Ceci dit, il est vain – et non pertinent – de systématiquement comparer tout film mettant en scène un squale avec ce modèle quelque peu écrasant ; les dernières réussites notables parmi les shark movies ne tentent en effet en rien d’adopter la même approche que le Spielberg, et ils doivent donc s’appréhender de manière différente. Open Water et The Reef se démarquent ainsi par un angle plus réaliste, nettement moins romanesque que celui des Dents de la mer, pour un résultat très honorable : bien que plus mineurs que ce qui est souvent considéré comme le premier blockbuster de l’histoire du cinéma, les films de Chris Kentis et d’Andrew Traucki n’en demeurent pas moins des œuvres prenantes et efficaces.

La bande annonce du dernier film de Jaume Collet-Serra laissait espérer des qualités identiques, d’autant que l’idée de base – une surfeuse bloquée sur un rocher, autour duquel rôde un grand blanc – promettait un survival tendu et épuré, loin des Shark 3D et autres longs métrages du genre, donnant clairement dans la farce indigeste. Le première partie du film est à moitié réussie, en ce sens qu’elle comporte de bonnes choses tout en trahissant des travers qui prendront, ensuite, des proportions comiques.

Une esthétique trop « publicitaire »

L’arrivée de l’héroïne Nancy Adams – incarnée par la sculpturale Blake Lively – sur une plage au nom inconnu (détail lui donnant un petit parfum de mystère, et même une résonance intime) entraîne des effets de réalisation qui montrent que si Jaume Collet-Serra sait se servir d’une caméra, c’est hélas un peu trop souvent pour flirter avec une esthétique rappelant davantage l’univers de la publicité que celui du 7ème art. On croit assister tantôt à une réclame pour agence de voyage (les ralentis sur les vagues), tantôt pour du shampooing ou une ligne de maillot de bain (les ralentis sur la silhouette avantageuse de l’actrice), tantôt pour les smartphones (les insertions répétées, et pas très utiles, d’écrans de mobile sur l’écran – il faut dire que Sony est dans le coup, le côté publicité n’est donc pas qu’une impression).

Passée cette introduction kitch à souhait, le film s’attarde sur un échange téléphonique entre l’héroïne, sa sœur cadette et son père, afin de poser un background familial qui, bien entendu, est censé donner à l’épreuve que Nancy s’apprête à vivre une portée supplémentaire. La réalisation souligne d’ailleurs immédiatement ce changement de ton : quand la jeune femme retourne surfer après ce coup de fil quelque peu chargé émotionnellement, la nature est plus sombre et inquiétante, l’atmosphère plus solennelle. Le procédé est archiconnu, mais pourquoi pas : il permet de donner un peu d’épaisseur à un scénario minimaliste et on aurait tort d’en faire le reproche à Anthony Jaswinski (l’auteur du script).

Le grand-guignol préféré à la suggestion et au réalisme

Ce scénario minimaliste aurait d’ailleurs pu être la force du film : isolée sur son rocher, l’héroïne vit une expérience qui avait de quoi produire un survival sobre, sans fioritures. Instinct de survie semble dans un premier temps prendre cette direction, aidé en cela par la performance convaincante de son interprète principale. Très rapidement blessée à la cuisse, Nancy se sert de ses compétences – elle est étudiante en médecine –  pour tenter tant bien que mal de se soigner ; elle jauge son environnement et évalue la distance qui la sépare de tel ou tel abri potentiel, estimant ainsi la fiabilité de chacune des rares options qui s’offrent à elle.

Pendant ces séquences, le requin est hors champ, invisible, bien qu’omniprésent, et c’est probablement cette configuration qu’Instinct de survie aurait dû – la plupart du temps – privilégier, en raréfiant les apparitions du squale et surtout, en évitant de lui attribuer des comportements qui l’éloignent radicalement du réalisme propre à The Reef et Open Water, sans pour autant le rapprocher du monstre mythique et symbolique brillamment filmé par Spielberg (comparable au redoutable camion qui hantait le malheureux David Mann dans son premier film, Duel).

En effet, ni la réalisation trop souvent outrancière ni les effets spéciaux très discutables ne permettent au requin blanc d’Instinct de survie – particulièrement vorace et rageur – d’atteindre une aura quelconque, et c’est souvent avec un sourire au coin des lèvres qu’on le voit remuer de manière improbable – comme bien d’autres requins virtuels (à noter que The Reef et Open Water avaient utilisé d’authentiques requins) – et s’acharner sur sa victime avec une obstination grotesque. Cette surenchère gomme du coup les enjeux dramatiques que le film avait esquissés au départ, et annihile les louables efforts de Blake Lively, dont le visage reflète une expressivité et un caractère qui l’éloignent de la jolie blonde superficielle à laquelle on pourrait trop hâtivement l’associer.

Le final – dont on ne révélera rien ici – apporte une ultime touche de ridicule de toute évidence involontaire, dont on se demande comment elle n’a pu pousser l’équipe du film à envisager une conclusion alternative. Heureusement que la mouette – baptisée Steven Seagal (jeu de mot avec seagull, si tant est qu’il faille le préciser) – qui accompagne l’héroïne avec une belle solidarité apporte un soupçon d’humour et même une perspective pas inintéressante (blessée également, elle reflète la condition de Nancy), d’ailleurs sous-exploitée par le scénario.

Tout cela n’empêche pas Instinct de survie de divertir le spectateur en cet été 2016 particulièrement avare de sorties cinématographiques excitantes ; mais on ne peut que regretter que le potentiel de l’histoire initiale n’ait pas bénéficié d’un meilleur traitement, et que la réalisation ait aggravé les carences du scénario plutôt que de les atténuer.

5.5 Note globale

Instinct de survie part d'une idée de base qui, traitée avec plus de réalisme, aurait pu donner lieu à un honnête survival. Mais la tentation d'un spectaculaire superflu (et desservi par des effets visuels peu concluants) font que le film divertit souvent à ses dépends. Blake Lively montre cependant des qualités qui devraient servir sa carrière d'actrice ; quant à la mouette, si d'autres scénarios justifient la présence d'un tel volatile (ça ne court pas les rues, admettons-le), il serait inexplicable qu'elle ne soit pas retenue, sa discipline et son charisme forçant l'admiration.

Blake LivelyFilm de requinJaume Collet-Serra
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

6 commentaires

  • Lemet dit : 19 août 2016 à 13 h 22 min

    Les films maintenant sont devenus des produits publicitaires. Les blockbusters de super héros font du fric. Pourquoi faire autre chose?
    Hollywood ne représente plus rien. Quand au cinéma névrotique francais…
    Sur cent film que je regarde dans l’année combien de grand film?
    Ou sont les Chimino, Welles, Coppola, Fellini etc…
    Jason Bourne…
    Nous sommes au bord du vide ficelés comme des paquets de viande à laisser passer les révolutions. Léo Ferré

    Répondre
    • Bertrand Mathieux dit : 19 août 2016 à 14 h 43 min

      J’adore tous les réalisateurs que tu cites, et je suis d’accord que les grands films se font plus rares, et aussi que c’est de plus en plus difficile de conjuguer film d’auteur et gros budget… « La Porte du paradis » ne se ferait pas aujourd’hui, c’est une évidence. Après je trouve qu’il y a quand même régulièrement de bonnes choses, y compris dans le cinéma français… « Personal Shopper » m’a vraiment plu, « Ni le ciel ni la terre » est plutôt réussi dans un genre (le film de guerre) rarement abordé en France, pour ne citer qu’eux. « De particulier à particulier » aussi, belle découverte… Et puis il y a le dernier Verhoeven, « Elle », plutôt audacieux ! L’as-tu vu ?

      Répondre
  • Louise dit : 19 août 2016 à 13 h 26 min

    Plusieurs remarques sur une critique qui (une fois de plus) respire la mauvaise foi :

    1) »On se lasserait presque de le répéter, mais il est certain que le film de requin a son chef d’œuvre indiscutable, à savoir le culte Les Dents de la mer. »
    =>Faux. Snow Sharks, ainsi que Sand Sharks et Sharknado (le 2 en particulier) ont montré depuis que Les Dents de la Mer pouvait être surpassé (et de loin).

    2)La tessiture bien particulère de jeu de la mouette n’est que survolée dans cet article, alors qu’il s’agit là de la vraie bonne surprise du film. Le moment où l’héroïne dévoile sa détresse face caméra avec derrière elle Steven émergeant par-dessus son épaule pour secouer la tête en faisant kaakkaak m’a presque émue aux larmes.

    3)Enfin, il me paraît inexact de dénoncer le requin comme un simple stalker agressif. Certains détails pointent clairement vers une réaction totalement cohérente et proportionnée aux soucis qui le taraudent au quotidien (rencontres antérieures malheureuses avec le genre humain ; ainsi qu’un problème évident de peau sensible).

    A dispo.

    Répondre
    • elphege dit : 19 août 2016 à 13 h 42 min

      Sharknado 2 un chef d’oeuvre… il faut nuancer tout de même^^

      Répondre
      • Bertrand Mathieux dit : 19 août 2016 à 14 h 21 min

        Rassure-toi, je pense que c’est légèrement ironique 🙂

        Répondre
    • Bertrand Mathieux dit : 19 août 2016 à 14 h 32 min

      C’est vrai que le film insiste sur la peau sensible du squale. Ce détail biographique peut en effet expliquer pourquoi le requin est aussi irritable.
      Quant à la mouette elle fait jeu égal avec Blake Lively, mais dans un registre plus étonnant et singulier. Je me demande où elle est en ce moment… Dans une cage probablement, à attendre qu’un metteur en scène inconscient sous-exploite sa cinégénie évidente à l’occasion d’une quelconque scène de plage. Et pendant ce temps combien de chiens, sympathiques mais au jeu terriblement convenu, se retrouvent en tête d’affiche ? Les oiseaux se cachent pour mourir… Cette mouette s’éteindra un jour sans bruit, mais elle aura brillé un peu plus fort que les autres, le temps de la scène déjà culte dont tu parles. « Shine On You Crazy Diamond », ai-je envie d’entonner.

      Répondre

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