Ce mardi 26 septembre 2023 avait lieu l’inauguration de la 19ème édition du festival Court Métrange, à Rennes, qui comme son nom l’indique, est consacré à des courts métrages insolites, fantastique et/ou horrifiques. Résumé de cette première soirée, au cours de laquelle cinq films ont été projetés.
L’inauguration
Rennes, esplanade Charles de Gaulle, 18 heures. Le Village Métrange ouvre ses portes. Il s’agit d’un chapiteau situé devant le cinéma Pathé local ; il comprend un bar, un stand d’accueil, un stand de librairie, une scène et un espace extérieur. Des méduses en tissu pendent au plafond, tandis que des visuels créés pour l’occasion décorent la salle, dont la très belle affiche officielle, représentant un visage de femme coiffée par des formes et motifs évoquant l’univers de la mer (voir la photographie en haut de l’article).
Ce choix n’est pas hasardeux : cette année, le fil rouge de Court Métrange est l’eau. Un motif riche, à la fois intemporel (la littérature s’en est emparé depuis des siècles, le cinéma depuis des décennies) et terriblement actuel, à l’heure du dérèglement climatique et des épisodes de sécheresse à répétition.

Après les discours des membres de l’association, d’une bonne humeur communicative, et ceux d’élus locaux, le jury de cette édition, présidé par l’actrice, réalisatrice et écrivaine Estelle Faye (et qui comprend notamment le président de Shadowz), a été présenté au public. Les élèves du Conservatoire de Rennes ont ensuite ponctué cette ouverture conviviale par un concert, tandis que l’on profitait d’un buffet généreux.

Au cours de cette présentation, j’ai pris conscience que ce festival, dont je ne connaissais pas l’existence il y a peu, semble bel et bien être un rendez-vous important du cinéma fantastique en France. Entre le soin apporté à l’aspect graphique, une déjà longue histoire et un état d’esprit de toute évidence enthousiaste, passionné et ouvert, Court Métrange augure du meilleur, me suis-je dit, tout en écoutant l’orchestre interpréter la BO culte des Dents de la mer (choix fort approprié, pour un festival de cinéma de genre sur le thème de l’eau). Un peu avant 20 heures, j’ai pris la direction du cinéma Pathé pour assister à la première séance de courts métrages internationaux.

Les courts métrages projetés
La séance, intitulée Du poison dans l’eau, était composée de cinq courts.
Elle s’est ouverte par Middle Watch, film d’animation de John Stevenson (Royaume Uni). L’action se déroule sur un bateau pendant la Seconde Guerre Mondiale, où un marin de toute évidence sujet à des troubles du stress post-traumatique est réveillé en pleine nuit pour effectuer son tour de garde.
Un dessin épuré, une animation expressive et un découpage précis contribuent à créer une atmosphère efficace. Middle Watch traite à la fois des angoisses liées à l’expérience de la guerre et du monde mystérieux, insondable, poétique, quasi mystique de la mer. Le récit, minimaliste (un peu comme le dessin), est inspiré d’un authentique témoignage. Belle entrée en matière.
Taumanu (de Taratia Stappard) nous plonge quant à lui dans une Nouvelle-Zélande colonisée par les Anglais. Sujet ô combien intéressant, mais dont le traitement m’a semblé un peu trop lisible et explicite. Dans un tout autre registre, Wild Summon, narré par Marianne Faithfull, malgré d’évidentes qualités techniques et un discours écologique des plus louables, m’a inspiré une certaine réserve, par son aspect un peu trop didactique (le film raconte le parcours de vie semé d’embûches des femelles saumon, représentées à l’image par des femmes en tenue de plongée, manière de stimuler l’empathie du spectateur).

Retour à l’animation avec Là où l’on s’écoule, de Léa Clerc (France), qui en seulement 4 minutes m’a fait forte impression. Composé d’images à l’esthétique délicate et finement cadrées, et privilégiant, comme Middle Watch, un style assez épuré et un minimum d’effets, ce court récit, mettant en scène une femme et sa mère, offre une variation originale sur le thème du deuil et du rapport entre l’humain et la nature.
La séance s’est achevée par un tour de force, en ce sens que Simon (de Peter J. Mc Carthy et Ben Conway, Irlande) est formé principalement d’un plan séquence qui illustre ce que ce procédé peut avoir d’efficace quand il est bien employé. On y suit un homme (le fameux Simon) discuter au téléphone avec un frère dépressif qui restera hors-champ. L’immersion, immédiate, ne faiblit jamais, même si la conclusion m’a paru un peu trop définitive
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En résumé, j’ai particulièrement apprécié Middle Watch, Là où l’on s’écoule et (dans une moindre mesure peut-être) Simon, ce qui d’ailleurs me surprend moi-même dans la mesure où deux de ces oeuvres sont des films d’animation, « genre » que je connais mal et envers lequel j’affiche souvent une certaine réserve. Mais les festivals sont aussi là pour nous bousculer dans nos idées reçues (la brillante et étonnante séance n°2 confirmera davantage encore ce principe).
Une chose est sûre : la sélection de ce soir illustre bien les significations multiples que peut prendre l’eau dans la fiction et la mythologie. Mort, (re)naissance, inconscient… Les symboles associés à cet élément sont divers, si bien qu’il constitue une intarrissable source d’inspiration. Cela me fait d’ailleurs songer au film Calme blanc, sur lequel j’ai rédigé une chronique il y a quelques années.
Autres contenus sur Court Métrange
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