Ce samedi 9 septembre marqua ma première venue à l’édition 2023 de L’Étrange Festival, pour un double programme.
29ème édition du festival
En ce moment au Forum des images de Paris se déroule la 29ème édition d’un festival de cinéma qui attire, depuis près de trente ans, un public cinéphile qui aime le singulier, l’insolite, le bizarre, le méconnu, l’horreur et le fantastique. J’avais longuement chroniqué l’édition 2022, puisqu’alors en vacances, j’avais pu m’y rendre pratiquement tous les jours.
Mes venues seront plus rares cette année mais après la séance d’hier, j’y retournerai ce dimanche pour découvrir The Sweet East et Die Theorie von Allem, deux longs qui m’intriguent particulièrement. Mais en attendant, retour sur les deux films vus en ce samedi caniculaire.
Society
A fucked-up fairytale
: c’est ainsi que sa réalisatrice qualifie Society, comme l’a expliqué Pierre Oberkampf (le compositeur de la musique) lors de la présentation de ce court métrage belge à L’Étrange Festival. Et c’est plutôt une bonne description. Par sa narration épurée (assurée par une voix off) comme par sa dimension allégorique, le film évoque en l’effet l’univers du conte, mais un conte plutôt sombre et décalé (d’où le fucked-up).
Le pitch est minimaliste : cinq personnes, dont un drôle d’oiseau, forment une micro communauté dans une cabane isolée, dans un contexte vraisemblablement post-apocalyptique. Leur quotidien est sans surprises mais tranquille, jusqu’à l’arrivée d’une autre personne.

La métaphore derrière tout ça – d’autant plus évidente que le titre du métrage, en quelque sorte, la révèle – n’est peut-être pas d’une finesse incroyable (le film dénonce ouvertement l’intolérance et la peur de l’étranger), mais Alex Verhaest donne à l’ensemble un cachet esthétique indéniable. Ce qui n’est d’ailleurs pas surprenant, si on tient compte du fait que la réalisatrice est une artiste plasticienne, formée dans différentes écoles d’art.
Society se suit donc agréablement jusqu’à un dernier plan à la fois drôle mais surtout, grinçant… Soulignons le travail convaincant du compositeur, qui était donc présent hier, sachant que la musique est particulièrement importante dans ce film dépourvu de dialogues.
American Carnage
Le moins que l’on puisse dire, c’est que American Carnage annonce très vite la couleur. Dès son générique de début, à vrai dire. Le film de Diego Hallivis n’a donc pas encore commencé qu’on sait qu’il sera une charge contre le racisme aux États-Unis (en particulier celui qui vise les latino-américains) et plus spécifiquement contre l’Amérique de Trump (dont la célèbre phrase These aren’t people, these are animals
est citée pendant le générique). (On comprend pourquoi sa projection a été précédée de celle de Society, qui d’une façon très différente dénonce aussi l’intolérance et la xénophobie.)

La suite du film confirme une approche très frontale qui est l’une de ses limites (en général, on apprécie qu’un long métrage révèle ses intentions et ses propos de façon plus suggérée et indirecte). Dans le même temps, cette approche est 100% assumée, pour ne pas dire revendiquée, par ce film politique certes, mais qui joue ouvertement la carte de la comédie, voire du potache. Il y a beaucoup de mauvais films qui se croient subtils : à sa décharge, American Carnage n’a pas cette prétention.
Les citations (Soleil Vert ; Get Out ; j’ai aussi pensé à Traitement de choc mais je ne pense pas que la réputation d’Alain Jessua ait traversé l’Atlantique) sont aussi évidentes que le message du film, qui a le mérite, outre de charger le racisme, de dénoncer le traitement des personnes âgées, sujet ô combien d’actualité, y compris en France (le racisme aussi, d’ailleurs, reste tristement d’actualité dans l’hexagone
…).
Dommage que le scénario de Diego et Julio Hallivis soit trop paresseux et trop peu inventif pour dynamiser ce récit généreux et aux idées plus que louables, mais ultra lisible et prévisible. Reste des comédiens attachants qui jouent le jeu à fond, dont Jenna Ortega (connue pour son rôle dans la série Mercredi), Bella Ortiz, George Lendeborg Jr et Allen Maldonado.
Lire la chronique de The Sweet East à L’Étrange Festival
Découvrir le programme de L’Étrange Festival, qui dure jusqu’au 17 septembre prochain.
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