Film d’Halina Reijn
Année de sortie : 2022
Pays : Etats-Unis
Scénario : Sarah DeLappe, d’après une histoire de Kristen Roupenian
Photographie : Jasper Wolf
Montage : Taylor Levy, Julia Bloch
Musique : Disasterpeace
Avec : Amanda Stenberg, Maria Bakalova, Myha’la Herrold, Chase Sui Wonders, Rachel Sennott, Lee Pace, Pete Davidson
Jordan: […] and then, you show up with this fucking psychopath!
Myha’la Herrold et Amanda Stenberg dans Bodies Bodies Bodies
Sophie : Don’t call her a psychopath, that’s so ableist.
Bodies Bodies Bodies est un whodunit original rempli de références caustiques à certains aspects de la génération Z.
Synopsis du film
Sophie (Amanda Stenberg) emmène sa nouvelle petite copine Bee (Maria Bakalova) dans une grande maison de campagne où se sont réunis plusieurs de ses ami(e)s.
L’heure est à la fête, même si des tensions remontent au sein du groupe. Le soir venu, ils décident de faire un wink murder game (un jeu de société dont l’un des participants peut « tuer » les autres, comme dans Les Loups-garous de Thiercelieux) intitulé Bodies bodies bodies. C’est le début d’une longue nuit…
Critique de Bodies Bodies Bodies
Des jeunes gens faisant la fête dans une villa isolée semblent être la cible d’un (ou d’une) maniaque, qui se trouve sans doute parmi eux… Vous avez l’impression d’avoir regardé beaucoup de films basés sur cette situation ? C’est normal. Mais voilà, pourtant, vous n’aurez pas une sensation de déjà-vu face à Bodies Bodies Bodies, premier film en langue anglaise de la réalisatrice néerlandaise Halina Reijn.

En effet, s’il semble d’abord tirer des ficelles trop usées, c’est assez vite que le film développe un ton et une approche bien à lui, en particulier au niveau du traitement des personnages. À travers eux, la scénariste du film, Sarah DeLappe (sur la base d’une histoire de l’écrivaine américano-arménienne Kristen Roupenian, auteure du recueil de nouvelles Avoue que t’en meurs d’envie), brosse un portrait quelque peu satirique de la génération Z (personnes nées entre 1997 et 2010).

Outre son rapport au virtuel, qui ne lui est finalement pas si spécifique que cela, c’est surtout son obsession de l’identité, des catégories sociales et ethniques, du politiquement correct, de la discrimination sous toutes ses formes et son penchant pour la victimisation qui sont ici (gentiment) épinglés.
Ainsi, dans des scènes de tension extrême, les personnages se mettent à chipoter pour l’usage d’un mot jugé inapproprié (don’t call her a psychopath, that’s so ableist
), à revendiquer une pathologie x ou y et à classifier les individus dans des concepts plus ou moins tortueux (you’re emotionnaly abusive
).

Ce parti pris donne une saveur bien particulière à ce whodunit habile, extrêmement dialogué (Halina Reijn a d’ailleurs cité John Cassavetes parmi ses influences), servi par une réalisation maîtrisée et par un excellent casting, au sein duquel on retrouve Rachel Sennott, aussi brillante ici que dans l’excellent Shiva Baby que j’évoquais cet été dans le cadre d’une carte blanche Vimala Pons à la Cinémathèque française.

On citera également une BO qui accompagne bien le film, qu’il s’agisse de la musique originale (signée Disasterpeace, spécialisé dans le genre chiptune et qui a produit la BO de It Follows, composée par David Robert Mitchell) ou de la sélection des chansons additionnelles.
Un divertissement plutôt malin, donc, qu’on aurait tort de bouder si on est lassé des slashers stériles et formatés qui saturent le genre horrifique.
Bande-annonce
Bodies Bodies Bodies dépoussière le whodunit horrifique grâce à une touche mordante de satire sociale, à des dialogues percutants et à des comédiennes talentueuses.
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