Film de Roxanne Benjamin
Pays : États-Unis
Année : 2019
Scénario : Roxanne Benjamin
Photographie : Hannah Getz
Montage : Courtney Marcilliat, Matt Blundell
Musique : The Gifted
Avec : Karina Fontes, Casey Adams, Emily Althaus, Miranda Bailey, Martin Spanjers
Maya: Who’s that behind you in the pic?
Le premier long métrage de Roxanne Benjamin, Body at Brighton Rock, confirme le talent de la réalisatrice tout en restant frustrant à certains égards.
Synopsis du film
Wendy (Karina Fontes) est une jeune femme un peu tête en l’air, qui travaille à mi-temps dans une vaste réserve naturelle montagneuse.
Lors d’une ronde, elle tombe sur ce qui ressemble à une scène de crime. Problème : elle s’est perdue, et la nuit est sur le point de tomber…
Critique de Body at Brighton Rock
Le parcours de Roxanne Benjamin s’inscrit exclusivement dans le cinéma de genre. Elle s’est d’abord distinguée en tant que productrice (l’anthologie V/H/S et l’envoutant Faults, avec Mary Elizabeth Winstead) puis comme co-scénariste et réalisatrice sur deux anthologies horrifiques, le moite Southbound et le bien nommé XX (réalisé par quatre femmes), dont Benjamin avait signé respectivement les deuxième et troisième segments.
Body at Brighton Rock est son premier long métrage et à ce titre, on espérait qu’elle y confirme le talent et les bonnes intentions dont témoignaient ses précédents projets. Cette attente n’est que partiellement satisfaite ; c’est déjà ça, me direz-vous.
Le film possède plusieurs atouts : une protagoniste attachante, incarnée (avec talent) par Karina Fontes (vue dans Southbound) ; un cadre naturel au potentiel cinématographique évident (une vaste réserve naturelle américaine) ; ainsi qu’une idée de base à la fois simple et maline, prétexte à un récit initiatique divertissant. Récit d’ailleurs minimaliste : en effet, la majorité des scènes n’ont pour seuls personnages que l’héroïne maladroite du métrage et, pourrait-on dire, le superbe et inquiétant paysage qui l’entoure, lequel accueille, peu à peu, ses peurs et ses fantasmes.
Benjamin exploite plutôt bien ce mince fil narratif, notamment au cours de séquences nocturnes assez réussies où la réalité et les cauchemars de l’héroïne se confondent ; séquences dont le principe aurait d’ailleurs pu être poussé un peu plus loin, car elles laissent entrevoir des possibilités relativement peu exploitées.
Le final surprenant (nous n’en dirons pas plus) ne fonctionne qu’à moitié, renforçant ainsi l’impression que le scénario de Body at Brighton Rock n’est pas complètement abouti. L’ensemble donne le sentiment que Roxanne Benjamin maîtrise, pour l’instant, davantage l’exercice du moyen métrage (voir Southbound et XX) que du long, ce format nécessitant par définition un script plus étoffé et consistant que celui, intéressant mais un peu bancal, que la réalisatrice (et scénariste) nous propose ici.
Pour autant, on ne passe pas du tout un mauvais moment en compagnie de cette gardienne de parc qui va tenter de surmonter ses peurs et son inexpérience au cours d’une longue nuit en pleine nature, à quelques pas d’un mystérieux cadavre. On guettera donc la prochaine réalisation de Roxanne Benjamin, dont le budget devrait largement dépasser celui de Body at Brighton Rock puisqu’il s’agit du remake de Night of the Comet (1984), un film d’horreur culte des années 80 dont la protagoniste (Reggie, incarnée par Catherine Mary Stewart) a inspiré le personnage de Buffy Summers.
Body at Brighton Rock se suit sans déplaisir, grâce à sa protagoniste sympathique, à quelques séquences réussies et à un pitch de départ épuré mais efficace. Dommage que le virage fantastique soit assez mal négocié et que certaines idées n'aient pas davantage été exploitées. En somme, Body at Brighton Rock aurait peut-être mieux fonctionné au format "segment" auquel Benjamin s'était déjà frottée avec succès. Mais son prochain long, le remake de Night of the Comet, n'inspirera peut-être pas le même constat.
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