Film de Nick Szostakiwskyj
Pays : Canada
Année de sortie : 2014
Scénario : Nick Szostakiwskyj
Photographie : Cameron Tremblay
Montage : Matthew J. Barrett
Avec : Shane Twerdun, Michael Dickson, Carl Toftfelt, Marc Anthony Williams, Andrew Moxham, Timothy Lyle
Une voix dans la nuit : Look. As hard as you can. Don’t look at the trees, or the mountains. Look past them.
Avec Black Mountain Side, le jeune cinéaste canadien Nick Szostakiwskyj s’efforce de créer une atmosphère sans verser dans l’hémoglobine gratuite ou le jump scare facile. Une démarche louable, pour un résultat inégal.
Synopsis du film
De nos jours, dans l’écozone Taiga Cordillera, au Canada. Une équipe d’archéologues découvre sur un site de fouilles une étrange structure dont les caractéristiques défient plusieurs réalités historiques supposément établies.
Peu à peu, tandis qu’ils tentent de faire la lumière sur cette intrigante découverte, la situation se complique : des ouvriers disparaissent ; la communication radio ne fonctionne plus ; et l’un des archéologues semble souffrir d’une dépression sévère…
Critique de Black Mountain Side
Une équipe de scientifiques au beau milieu de paysages enneigés, confrontés à un mal inconnu et plongés dans un climat paranoïaque… Difficile de ne pas songer au fameux The Thing de John Carpenter, qui est souvent revenu dans les articles traitant de Black Mountain Side ; et ce bien que l’auteur lui-même n’avait, de son propre aveu, pas particulièrement ce classique de l’horreur en tête au moment de l’écriture et du tournage (lire My Interview With Nick Szostakiwskyj, Director of Black Mountain Side).
Ce film d’épouvante indépendant commence plutôt bien. Nick Szostakiwskyj soigne la mise en place, prend le temps de poser l’atmosphère et exploite habilement les majestueux paysages du grand Nord canadien, épaulé par le chef opérateur Cameron Tremblay (également au générique de son prochain film). Il choisit de ne pas utiliser la moindre musique – qu’il s’agisse d’une bande originale ou d’un morceau quelconque qu’aurait pu écouter l’un des personnages (ce qui d’ailleurs aurait été assez logique vues les circonstances) – pour renforcer le sentiment d’isolement et de solitude, à partir duquel Black Mountain Side développe peu à peu son climat anxiogène et glacial. Enfin, un plan récurrent vient souligner l’idée que nos archéologues sont bel et bien perdus au milieu de nulle part, dans une nuit froide et insondable. Un procédé simple mais efficace.
La progression est lente et la sobriété de mise ; le cinéaste a visiblement cherché à stimuler l’imagination du spectateur en privilégiant le hors-champ et en posant petit à petit les jalons de son inquiétant récit. On se surprend ainsi à scruter le cadre en quête d’un indice quelconque, ou encore à élaborer différentes hypothèses quant à l’origine de la menace le plus souvent invisible qui pèse, lourdement, sur les épaules des protagonistes.
Malheureusement, en dépit des qualités esthétiques du film et d’un très honorable penchant de son auteur pour la suggestion, plusieurs faiblesses freinent le spectateur dans la volonté d’éclaircir les zones d’ombre dont le récit est ponctué, et une relative indifférence prend progressivement le dessus sur la curiosité suscitée par la première partie du film.
D’abord, à force de minimalisme et de sobriété, Nick Szostakiwskyj oublie un peu de nous intéresser à ses personnages, dont plusieurs sont assez flous et peu caractérisés – il en résulte un manque d’empathie franchement problématique. Ensuite, si l’histoire et certains détails visuels font songer à d’intéressantes références (H.P. Lovecraft de toute évidence, mais aussi le mythe nord-américain du Wendigo, à partir duquel Larry Fessenden a d’ailleurs signé un excellent film), l’ensemble manque de cohérence en proposant un mélange quelque peu branlant et désincarné de différentes légendes et mythologies. Si l’on ajoute à cela une direction d’acteurs approximative dans deux ou trois scènes – où les comédiens « sous-jouent » quand les circonstances (dramatiques) demandaient quand même un minimum d’expressivité -, on en conclura que Black Mountain Side ne maintient pas tout du long la bonne impression faite par les vingt premières minutes.
Bande-annonce de Black Mountain Side
Nick Szostakiwskyj sait créer une atmosphère et son approche du genre horrifique, tout en sobriété, évoque des références plutôt prestigieuses. Avec une meilleure caractérisation des personnages et un récit plus cohérent, Black Mountain Side aurait donc pu se hisser parmi les récentes réussites du genre, ce qui n'est au final pas tout à fait le cas. Néanmoins, c'est un film qui se suit agréablement et qui n'exclut pas des tentatives plus abouties par la suite.
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