Film de Caroline Vignal
Année de sortie : 2020
Pays : France
Scénario : Caroline Vignal
Photographie : Simon Beaufils
Montage : Annette Dutertre
Musique : Matei Bratescot
Avec : Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte, Louise Vidal , Marc Fraize, l’âne Patrick
Antoinette dans les Cévennes est une comédie optimiste et sans faute de goûts, servie par de beaux paysages, une comédienne inspirée et un âne charismatique.
Synopsis du film
Antoinette (Laure Calamy), institutrice parisienne, se réjouit d’avance à l’idée de passer une semaine de vacances avec Vladimir (Benjamin Lavernhe), son amant. Malheureusement, celui-ci lui apprend qu’il part faire une randonnée dans les Cévennes avec sa femme Eléonore (Olivia Côte) et sa fille Alice (Louise Vidal).
Sur un coup de tête, Antoinette décide de partir au même endroit de son côté ; elle réserve donc une randonnée de plusieurs jours sur le chemin de Stevenson. Contrairement à la majorité des autres randonneurs, Antoinette a choisi l’option « avec un âne », loin de se douter des difficultés supplémentaires que cela implique…
Critique de Antoinette dans les Cévennes
En 1878, l’écrivain Robert Louis Stevenson a fait une randonnée à pied dans les Cévennes, avec pour unique compagnie une ânesse prénommée Modestine. Il a tiré de cette expérience un récit intitulé Voyage avec un âne dans les Cévennes, publié en 1879. Le chemin emprunté par l’auteur du classique de la littérature L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde est désormais connu sous le nom de chemin de Stevenson
.
Cette anecdote a inspiré Caroline Vignal pour son premier long métrage depuis 20 ans, Antoinette dans les Cévennes, qui fait partie de la sélection officielle du festival de Cannes 2020 (comme l’excellent Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait).
C’est un film dont le sujet colle bien à un certain aspect de l’actualité. Une citadine, amoureuse contrariée, qui redécouvre les bienfaits de la nature, des grands espaces et du calme, cela parle à beaucoup de gens, surtout après la période de confinement liée à la pandémie de COVID (ce qui bien entendu, n’avait pas été anticipé par la réalisatrice) ; mais plus généralement, dans ce contexte de réchauffement climatique et de critique, légitime, de la société de consommation, la reconnexion à la nature a le vent en poupe. Sur ce point, il n’est pas impossible que l’idée du film ait été en partie nourrie par cette inspiration contemporaine.
Le film tient sa promesse : il est rafraîchissant, de bout en bout. On suit avec plaisir les pas de cette institutrice fantasque, à laquelle Laure Calamy (Un Monde sans femmes, Ce sentiment de l’été, Victoria, Mademoiselle de Joncquières) apporte toute son énergie et sa conviction. La comédienne est juste dans ses moments de colère, de mélancolie, d’extase ou de sérénité. C’est peut-être la première fois qu’elle porte à ce point un film, car on l’a beaucoup vue dans des rôles certes précieux et essentiels, mais davantage secondaires.
Sur le fond, le film joue la carte du voyage introspectif et initiatique, bancal et cahoteux dans son déroulement mais profondément ressourçant. Ce n’est certes pas un thème original, mais quelle importance ? Il est bien traité. C’est drôle, mais jamais grossier, comme peuvent l’être de nombreuses comédies françaises, tandis que la réalisation de Caroline Vignal tire le meilleur parti des superbes paysages que traverse la truculente protagoniste.
Une réussite, qu’on aurait tort de bouder si l’on est amateur de feel good movie bien écrits et exécutés.
Antoinette dans les Cévennes contribue, avec Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait, à une belle rentrée cinématographique française. C’est drôle sans être lourd, et des plus agréables à regarder. Et puis, le duo entre l’âne Patrick (dont la performance égale au moins celle de la mouette Steven Seagal dans Instinct de survie) et Laure Calamy fera date.
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