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Diane Keaton dans "À la recherche de Mr Goodbar"
Drame 1

À la recherche de Mister Goodbar (Looking for Mr. Goodbar)

Par Bertrand Mathieux · Le 14 décembre 2010

Film de Richard Brooks
Titre original : Looking for Mr. Goodbar
Année de sortie : 1977
Pays d’origine : États-Unis
Scénario : Richard Brooks, d’après le roman de Judith Rossner
Photographie : William A. Fraker
Montage : George Grenville
Avec : Diane Keaton, Tuesday Weld, Richard Gere, William Atherton, Richard Kiley, Tom Berenger.

Mr. Dunn: Freedom? Tell me girl, how do you get free of the terrible truth?

À la recherche de Mister Goodbar (Looking for Mr. Goodbar) illustre les contradictions d’une société américaine tiraillée entre ses extrêmes, et livre une réflexion – toujours pertinente – sur la condition de la femme dans les sociétés occidentales des années 70. L’un des plus beaux rôles de Diane Keaton.

Synopsis d’À la recherche de Mr. Goodbar

Années 70. Theresa Dunn (Diane Keaton) habite chez ses parents avec sa sœur Katherine (Tuesday Weld). Quittée par un homme peu scrupuleux, Theresa, lassée par l’éducation catholique très stricte qu’elle a reçue, et par un père trop autoritaire, décide de prendre son indépendance. Travaillant comme institutrice pour enfants sourds le jour, elle s’adonne la nuit à de multiples aventures sexuelles.

Critique du film

Theresa Dunn: I wonder why is it after we make love, we never talk, or touch… or anything? Now you’re angry.
Professor Engle: I’m not angry.
Theresa: Disappointed?
Professor Engle: I’m not disappointed. I just can’t stand a woman’s company right after I’ve fucked her.

À la recherche de Mister Goodbar est le dernier film important de Richard Brooks. Ce réalisateur signa quelques classiques dans les années 50 (Graine de violence, La Chatte sur un toit brûlant), ainsi que l’adaptation périlleuse – mais honorable – du chef d’œuvre de Truman Capote, De Sang-froid, sorti en 1967. Il réalisa trois films dans les années 70, dont le célèbre western La Chevauchée sauvage, avec James Coburn et Gene Hackman, et À la recherche de Mister Goodbar, dont le scénario, écrit par Brooks, est basé sur un roman de Judith Rossner (Looking for Mr. Goodbar).

À la recherche de Mister Goodbar est le portrait crédible et touchant d’une jeune femme issue d’une famille catholique très stricte, dominée par un père sévère, protecteur et colérique. Nous sommes dans les années 70, la libération sexuelle est déjà passée par là et l’émancipation des femmes bat son plein dans la plupart des sociétés occidentales. Theresa, en réaction à une éducation éminemment patriarcale, cherche à affirmer son indépendance, ses désirs et sa liberté. Elle ne veut pas d’enfants (pour une raison que le film finit par dévoiler), elle a souffert de complexes dans sa jeunesse et sa première expérience avec un homme (misogyne) s’est soldée par une rupture douloureuse. Dès lors, elle pense pouvoir s’accomplir à travers une vie sexuelle débridée, faites d’histoires sans lendemain – et on ne peut pas dire que les hommes qu’elle rencontre sont à même de lui inspirer une alternative quelconque…

Diane Keaton dans "À la recherche de Mister Goodbar"

Theresa (Diane Keaton) dans « À la recherche de Mister Goodbar »

Le film, pour peu que l’on soit réactionnaire, misogyne ou au contraire féministe, peut évoquer tout un tas de morales douteuses (les femmes feraient mieux de rester dans le « droit chemin », ou encore les hommes sont tous des salauds). En réalité, À la recherche de Mister Goodbar montre avant tout une culture déchirée par des extrêmes, sans porter réellement de jugement. Entre des valeurs patriarcales et conservatrices et un monde de la nuit totalement dénué de repères, Theresa, comme bien d’autres individus, ne trouve pas vraiment sa place. Son choix de vie est dicté par de nombreux facteurs : son éducation, un problème de santé qui l’a marquée quand elle était enfant, ses complexes de jeune fille, la condition désavantageuse des femmes dans la société et une cinglante déception amoureuse. Dès lors, la culture du plaisir et de la liberté – sans limites ou presque – constitue à ses yeux l’unique échappatoire.

Mais là où le film est habile – et à mon sens non réactionnaire -, c’est qu’il montre que la liberté et l’indépendance à tout prix ne sont pas les seuls clés de l’épanouissement personnel, contrairement à un certain courant de pensée très en vogue à l’époque, courant dont À la recherche de Mister Goodbar livre une critique intelligente car nuancée. Si le film illustre certaines illusions que pouvait véhiculer la libération sexuelle, il ne prône en rien une morale rigoriste – au contraire, il montre que celle-ci pousse les individus vers des excès pas forcément très constructifs, voire destructeurs. En se construisant sur la peur (de souffrir) et l’opposition (à son éducation, à une société paternaliste), Theresa n’est finalement pas réellement libre. La vie qu’elle choisit est avant tout une fuite effrénée : au lieu de chercher à résoudre ses conflits et ses problèmes, elle les oublie à travers le sexe et une liberté en partie illusoire (Freedom… Tell me girl, how do you get free of the terrible truth?, lui lance son père, dans l’un de ses rares moments de lucidité).

Le générique de début égrène quelques tubes de l’époque sur des images de fête et de sensualité

Impossible de parler d’À la recherche de Mister Goodbar sans évoquer la prestation de Diane Keaton, dans l’un des rôles les plus marquants de sa carrière. Si elle partageait alors souvent l’affiche avec une autre vedette (c’est le cas notamment dans le remarquable Annie Hall, avec Woody Allen, sorti la même année), ou tenait des rôles certes importants mais plus secondaires (comme dans Le Parrain, auquel À la recherche de Mister Goodbar fait d’ailleurs explicitement référence au détour d’une réplique), elle porte ici le film sur ses épaules, et le résultat doit beaucoup à sa personnalité, à son talent et à son charme uniques.

Richard Gere et Diane Keaton dans "À la recherche de Mister Goodbar"

Richard Gere et Diane Keaton

Évidemment, à travers l’histoire de Theresa, c’est celle d’une génération que raconte le film. Pour en dresser un portrait plus riche et complexe, Richard Brooks soigne le traitement des personnages secondaires. Habilement, le scénario nous les montre d’abord sous un certain angle, avant de dévoiler leurs fêlures et leurs différentes facettes, leur donnant ainsi une épaisseur réelle qui enrichit le film et sert mieux son propos. Cette progression des personnages, ou plutôt de la perception que l’on a d’eux, relance sans cesse l’intérêt du spectateur. On retrouve le jeune Richard Gere, parfait dans le rôle d’un séducteur instable, survolté et égoïste (qui a fait la guerre du Vietnam) ; William Atherton en jeune homme aux airs de gendre idéal, mais rongé par ses démons ; Tuesday Weld (qui jouera plus tard dans Il était une fois en Amérique, l’ultime chef d’œuvre de Sergio Leone) dans le rôle de la sœur de Theresa (laquelle s’adonne à des partouzes avec son mari pour oublier le vide grandissant entre eux) ; et enfin Tom Berenger, inquiétant à souhait, interprétant un homme violent qui, face à l’intolérance ambiante, décide de renier en bloc sa propre homosexualité.

La plupart de ces personnages illustrent, chacun à leur manière, les difficultés d’une période trouble (le Vietnam et le Watergate sont encore tous frais) où les rapports entre les hommes et les femmes évoluent dans un contexte finalement assez chaotique. Dès lors, la libération sexuelle fut parfois « vendue » un peu comme le remède miracle de tous les maux de la société. Le film dénonce aussi la bêtise, la violence et la misogynie (I just can’t stand a woman’s company right after I’ve fucked her) que véhiculent plusieurs personnages masculins.

Il fait aussi le constat, hélas intemporel, de l’une des inégalités toujours présente entre homme et femme aujourd’hui : un homme peut écumer les bars et « ramener » de nombreuses conquêtes chez lui sans prendre de risques particuliers – on ne peut malheureusement pas l’affirmer aussi clairement pour les femmes, dont un nombre non négligeable subit la violence de leur partenaire masculin, occasionnel ou non.

7.5 Note globale

À la recherche de Mister Goodbar montre les effets pernicieux du conservatisme, du paternalisme et des interdits, et la difficile condition des femmes dans un contexte social et culturel aliénant. En observant la libération sexuelle d'un point de vue ni idéaliste ni (trop) moralisateur, Richard Brooks exprime surtout les paradoxes de la société de l'époque et aussi la notion toute relative de "liberté", quand on agit finalement davantage pour le rejet de quelque chose que pour le choix d'une autre.

Diane KeatonLibération sexuelleRichard BrooksRichard GereTuesday Weld
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

Un commentaire

  • Jean-Pascal Mattei dit : 12 août 2013 à 15 h 57 min

    Brooks reste largement sous-estimé. Le personnage de Diane Keaton évoque un double dépressif de celui d’Elizabeth Taylor dans « La Chatte sur un toit brûlant ».

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