Film de Julie Delpy
Année de sortie : 2012
Pays : Belgique, France, Allemagne
Scénario : Julie Delpy, Alexia Landeau
Histoire : Julie Delpy, Alexia Landeau et Alex Nahon
Photographie : Lubomir Bakchev
Montage : Julie Delpy
Musique : Arnaud Boivin, Jean-Michel Zanetti
Avec : Chris Rock, Julie Delpy, Albert Delpy, Alexia Landeau, Alex Nahon, Dylan Baker, Kate Burton
Avec cette suite de Two Days in Paris, Julie Delpy retrouve la fraîcheur du premier volet avec un soupçon d’émotion en plus. Une réussite.
Synopsis du film
La franco-américaine Marion (Julie Delpy) partage un appartement à New York avec son compagnon Mingus (Chris Rock). Tous deux ont un enfant issu d’une précédente relation.
Tandis que sa prochaine exposition de photos approche, Marion reçoit son père Jeannot (Albert Delpy), sa sœur Rose (Alexia Landeau) et le petit ami de cette dernière, Manu (Alex Nahon). Tous trois arrivent de France et ont prévu de rester deux jours chez Marion et Mingus.
Entre un père bon vivant qui ne parle pas un mot d’anglais, une sœur peste à souhait et un invité surprise lourdingue (Manu), Marion doit souvent faire des pieds et des mains pour préserver la sérénité au sein de son couple…
Critique de Two Days in New York
Environ cinq ans après Two Days in Paris, nous retrouvons Marion, l’alter égo de Julie Delpy (même s’il ne faut pas en déduire qu’elle correspond en tout point à la personnalité de l’auteure), avec un nouveau petit ami prénommé Mingus (Chris Rock). L’action se déroule cette fois à New York et plusieurs personnages présents dans le premier volet sont de l’aventure : Rose (Alexia Landeau, co-auteure du scénario), la soeur de Marion ; Jeannot (Albert Delpy), le père de Marion (et de Julie Delpy dans la vraie vie) ; et enfin Manu (Alexandre Nahon), le petit ami (abruti) de Rose. Il manque un personnage à l’appel et non des moindres : Anna, qui jouait la mère de Marion dans Two Days in Paris. Et pour cause, la comédienne Marie Pillet (la mère de Julie Delpy), qui incarnait Anna, est décédée en 2009.
Cette absence est directement évoquée dans le film et se ressent dans la tonalité générale de l’œuvre, en particulier dans le beau texte en voix-off lu par l’actrice-réalisatrice à la fin de Two Days in New York : […] avant le triste dénouement qui nous attend tous, essayons de partager quelques beaux moments éphémères, avec les gens qu’on aime
.
Cet événement dramatique personnel, abordé avec délicatesse, donne à Two Days in New York une dimension émotionnelle supplémentaire par rapport à son sympathique jumeau parisien ; toutefois Julie Delpy parvient à retrouver ce mélange de drôlerie, de tendresse et de mordant qui faisait le sel de Two Days in Paris. Tout est vivant, direct, énergique et c’était probablement le meilleur moyen de saluer la mémoire de Marie Pillet, à qui le film est dédié.
Comme à son habitude, la cinéaste se focalise sur l’énergie entre les comédiens et sur le rythme des séquences, ne se regardant jamais filmer. À l’image de personnages souvent hauts en couleur (comme Jeannot, jouisseur invétéré typiquement français), la caméra est spontanée, captant au vol des répliques parfois crues, souvent drôles, jusqu’à une conclusion où, comme dans Two Days in Paris, Julie Delpy livre un message désarmant de simplicité, d’autant plus juste et sincère qu’aucune prétention ne l’encombre.
Côté casting, exit l’attachant Adam Goldberg (qui incarnait le petit ami de Marion dans Two Days in Paris) et place à Chris Rock, pour qui Delpy a spécifiquement écrit le rôle de Mingus. Le comédien et auteur joue sa partition de manière aussi convaincante que son prédécesseur, tandis qu’Albert Delpy est toujours aussi truculent et pittoresque. De leurs côtés, Alexia Landeau excelle dans le rôle d’une charmante peste et Vincent Gallo se signale par un caméo tout en autodérision.
Quant à Julie Delpy, elle affine son personnage d’artiste (Marion est photographe) angoissé, sympathique et lunaire, dans lequel elle insuffle de toute évidence une part d’elle-même. Son évolution entre Two Days in Paris et Two Days in New York reflète d’ailleurs la sienne : la comédienne et scénariste, comme Marion, est devenue mère en 2009 et, avec la disparition de Marie Pillet, cet événement (plus joyeux évidemment) imprègne largement les thématiques et l’atmosphère du film.

Julie Delpy est devenue maman entre les « Two Days… ». Un changement qui concerne aussi son alter ego Marion dans le film.
Enfin, on retrouve ici le souci de capter l’air du temps. Two Days in Paris faisait référence (entre autres) au début des années 2000 et à la tragédie du World Trade Center ; Two Days in New York reflète quant à lui les espoirs liés à l’élection (alors récente) de Barack Obama. Mingus possède en effet un poster du premier président américain noir, auquel il s’adresse d’ailleurs dans plusieurs scènes, lui confiant ses doutes et ses états d’âme…
5 ans après Two Days in Paris, Julie Delpy fait mouche à nouveau avec une tranche de vie à la fois comique, mordante et tendre. Le pigeon qui s'envole dans l'une des dernières séquences de Two Days in New York reflète bien l'esprit à la fois aérien et espiègle de ce cinéma divertissant sans être bête, drôle sans être lourd, émouvant sans être pathos. Qui sait, peut-être que Julie Delpy nous livrera prochainement un autre Two Days... ; ce serait une excellente nouvelle, même si on est très curieux de découvrir entre temps My Zoe, son prochain long métrage.
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