Film de Gregor Jordan
Année de sortie : 2009
Pays : États-Unis, Allemagne
Scénario : Bret Easton Ellis et Nicholas Jarecki, d’après le roman The Informers de Bret Easton Ellis
Photographie : Petra Korner
Montage : Robert Brakey
Musique : Christopher Young
Avec : Billy Bob Thornton, Kim Basinger, Winona Ryder, Brad Renfro, Jon Foster, Austin Nichols, Amber Heard, Mickey Rourke, Chris Isaak.
Malgré une réalisation pas suffisamment créative et un scénario très inégal, The Informers a le mérite de retranscrire l’atmosphère et les thématiques du livre éponyme de Bret Easton Ellis.
Synopsis de The Informers
Los Angeles, au début des années 80. De jeunes et moins jeunes riches américains mènent une existence ennuyeuse et vide de sens. The Informers relate des bribes de ces vies décadentes dominées par l’ennui et l’indifférence, toutes plus ou moins directement reliées entre elles.
Critique du film
Si les romans de Bret Easton Ellis sont difficiles – comme tant d’autres – à adapter au cinéma, c’est, selon les cas, pour deux raisons distinctes : soit ils sont assez complexes et difficiles à représenter visuellement (Glamorama, que Roger Avary a eu longtemps pour projet de tourner ; Lunar Park, objet également de plusieurs projets d’adaptation à ce jour inaboutis), soit parce qu’ils développent d’une manière plus simple et épurée un sujet difficile à traiter : le vide et l’indifférence que reflète une jeunesse américaine décadente et sans repères.
L’écrivain, grâce à son écriture tranchante, d’une spontanéité maîtrisée et qui parfois, d’ailleurs, est assez cinématographique, parvient à développer cette thématique tout en emmenant le lecteur dans son récit. Tout l’enjeu, pour le réalisateur qui s’attaque à l’une de ses œuvres, est d’être aussi habile et percutant à la caméra que Ellis l’est avec sa plume. Roger Avary a relevé le défi avec succès en signant l’adaptation (en 2002) du second roman de l’écrivain américain, Les Lois de l’attraction. A travers une réalisation inventive (voire notamment l’utilisation intelligente du split-screen) et un très bon casting (James Van der Beek en tête), le film convainc et parfois même surpasse le livre.

Kim Basinger dans « The Informers »
Le réalisateur australien Gregor Jordan, s’il restitue plutôt bien l’atmosphère et les personnages du roman The Informers – qui, soit dit en passant, n’est pas l’œuvre la plus aboutie de son auteur -, ne parvient pas à convaincre totalement, du fait d’une réalisation un peu bancale qui alterne les bonnes idées et des séquences plus plates pour former, au bout du compte, un ensemble assez mou. Un travail honnête, donc, mais qui ne suffit pas quand le sujet exige davantage, et c’est le cas ici.
Intelligemment, le scénario (co-écrit par Bret Easton Ellis) bouleverse la structure du livre, mélangeant les différents chapitres au lieu de les traiter les uns après les autres. L’idée est plutôt bonne et le découpage est dans l’ensemble réussi ; on ne s’ennuie donc jamais vraiment. Malheureusement, les connections entre les différentes histoires sont parfois moins perceptibles que dans le roman, d’où un manque d’unité, et l’intrigue impliquant notamment Mickey Rourke dans le rôle d’un obscur kidnappeur d’enfants s’intègre plutôt mal à l’ensemble et laisse un goût d’inachevé. Cette partie du scénario est probablement sensée « remplacer » les éléments fantastiques du livre, qui ont tous été mis de côté. Un choix discutable, car ils avaient le mérite d’entretenir un certain mystère.

Amber Heard et Jon Foster dans « The Informers »
Malgré tout, The Informers se laisse regarder et n’est pas le navet qu’on était en droit de craindre – ceux qui ont vu Moins que Zéro comprendront (peut-être d’ailleurs que l’indulgence qu’on est tenté d’accorder au film de Jordan doit beaucoup au désastre cinématographique réalisé par Marek Kanievska).
Gregor Jordan semble à son aise au niveau de la direction d’acteurs – tous les comédiens, connus et moins connus, livrent des interprétations plutôt justes. Mickey Rourke et Kim Basinger se retrouvent dans le même film plus de vingt ans après 9 semaines et demie, même s’ils n’y partagent aucune scène ; le premier est un peu desservi par son personnage (franchement creux), la seconde est parfaite en épouse paumée. Le musicien Chris Isaak (qu’on avait vu dans Fire Walk With Me de David Lynch) excelle dans le rôle d’un père inconscient, alcoolique et irresponsable qui drague les amies de son fils. La très jolie Amber Heard prête tout son charme à son personnage de garce droguée, Mel Raido joue bien le chanteur de rock défoncé et régulièrement plongé dans le doute, et Jon Foster incarne avec talent l’un des rares personnages du film qui a des sursauts de lucidité. A noter également la présence de Brad Renfro (lui aussi très convaincant dans un rôle difficile), malheureusement mort d’une overdose peu après le tournage.
The Informers parvient également à restituer l’atmosphère des années 80, autant à travers la B.O du film que les décors et les looks des comédiens.
Bancal et pas toujours cohérent, The Informers s'en sort toutefois honorablement. A découvrir en particulier si l'on apprécie les romans de Bret Easton Ellis, dont le film a su - bien que partiellement et imparfaitement - traduire l'atmosphère et les thématiques. Ce n'est a priori pas ce qu'à pensé l'auteur du livre et coauteur du scénario, la sortie du film l'ayant, selon ses propres dires, déprimé...
10 commentaires
ça a l’air quand même intéressant… dommage que ça ne sorte pas !
et puis brad renfro ! je suis curieux de voir comment il a grandi… 😉
zut je viens de comprendre la fin de ta phrase… je croyais qu’il mourrait dans le film… c’est super triste ! son dernier rôle alors, y’a intéret que ça sorte en salle !
Je le regarde cet apres midi. On peut le trouver en français mais par un moyen que la morale reprouve. Mais comme dit Ferré la morale c’est toujours celle des autres. Brad Renfro était obese du sans doute a ses excés. Cela ressemble un peu a Zombie, non?
A propos, pommé c’est un joke?
Je le regarde cet apres midi. On peut le voir en français,mais avec des moyens détournés. D’apres le roman Zombies, je crois.
Oui en français le titre du roman est « Zombies »
J’ai donc regarder les deux. Les lois de l’attraction et celui ci. Comme vous , j’ai prefere le premier plus en rytme et décrivant mieux l’atmosphere de l’écrivain. Cependant, dans le second, un lien unis tous ses personnages vains, a l’image du film de Robert Altman. J’ai trouvé les acteurs excellents et l’affiche montrant Boulevard du crépuscule en français ! et non pas Sunset Bld derriere le producteur de cinéma est assez représentative. Enfin, j’aime beaucoup le dernier plan fixe annonciateur du drame qui va toucher les années 80 .
Oui, c’est vrai que le dernier plan de « The informers » est réussi. Vous pensez à quel film de Robert Altman ? « Short cuts »? Sinon si vous aimez ce réalisateur, je vous conseille « John McCabe », superbe western dont vous pouvez lire la critique ici : https://www.citizenpoulpe.com/john-mccabe-robert-altman/ Et oui sympa la référence à Boulevard du crépuscule, le chef d’œuvre de billy wilder !
Of course pour Short Cuts! Je n’ai pas vu John Mc Cabe . Un oublie qui sera vite réparé. Pour les westerns, moi, c’est Peckinpah. Et mon préféré reste Pat Garret et Billy The Kid. Une ode a la liberté et au non conformiste. Je n’oublie pas le chef d’oeuvre Heaven’s Gate.
Cronenberg devait adapter « American Psycho ».