La nouvelle a d’abord été publiée par Hollywood Reporter, avant d’être relayée un peu partout depuis : le prochain film de Quentin Tarantino mettra en scène la sinistre « Manson Family ».
Les informations connues à ce jour
On sait peu de choses pour l’instant sur ce projet dont le titre n’a pas encore été divulgué (peut-être que l’auteur lui-même l’ignore encore). Mais selon Hollywood Reporter, Quentin Tarantino serait en train de terminer un scénario qui tourne autour de la Manson Family et des terribles assassinats commis par ce groupuscule, dont celui de la comédienne Sharon Tate le 8 août 1969.
Les « Tate murders » (quatre autres personnes furent tuées ce soir-là) restent l’un des crimes les plus tragiquement célèbres de cette organisation sectaire et de son leader, pour des raisons évidentes : Sharon Tate était une comédienne prometteuse ; elle était la compagne du cinéaste Roman Polanski (l’assaut, mené par quatre membres de la Manson Family, eut lieu dans la demeure que le couple partageait à Los Angeles) ; et elle était enceinte de 8 mois à l’époque des faits, ce qui ajoute à l’horreur des événements et à l’émotion qu’ils suscitèrent. Il s’agit donc d’une affaire particulièrement sordide à laquelle d’ailleurs, pour l’anecdote, fit référence le chanteur Nicolas Peyrac dans sa chanson So Far Away From L.A (Pauvre Madame Polanski, d’un seul coup on t’a pris deux vies
).

La comédienne Sharon Tate (dans le film « Eye of the Devil »), l’une des victimes de la Manson Family.
Tarantino mettera lui-même en scène son scénario tandis qu’on retrouve les frères Weinstein à la production. Côté casting, Brad Pitt (qui a déjà tourné avec Tarantino, dans Inglourious Basterds) et Jennifer Lawrence ont été approchés.
Ce ne sera pas la première fois que Charles Manson, emprisonné depuis 1971, inspire l’univers de la fiction : des films, livres, bandes dessinées ont évoqué plus ou moins directement le parcours de ce gourou particulièrement dangereux et déséquilibré. On citera également la série TV Aquarius, sortie en 2015.

Charles Manson pendant son procès en 1971. Il a été condamné à perpétuité pour meurtres et pour conspiration ayant eu pour objectif de faire commettre des meurtres.
Le cinéma de Tarantino et l’histoire
Après la seconde guerre mondiale, l’esclavage et la guerre de Sécession (cadre de son dernier film Les Huits salopards), ce serait donc le quatrième film de Quentin Tarantino lié à des faits authentiques, tandis que ses premiers longs (Reservoir Dogs ; Pulp Fiction ; Jackie Brown ; Kill Bill ; Boulevard de la mort) mettaient en scène des situations purement fictives, qui ne faisaient pas écho à des événements historiques particuliers.
On peut donc considérer que depuis Inglourious Basterds, Quentin Tarantino a entamé un chapitre bien particulier de sa carrière, dans lequel son cinéma reflète et interroge, à sa manière, une page de l’histoire américaine et/ou mondiale.
À propos de Sharon Tate
Sharon Tate n’avait que 26 ans quand elle fut assassinée par des membres de la Manson Family ; sa carrière de comédienne débutait et elle n’eut donc malheureusement pas le temps de tourner dans beaucoup de longs métrages. Néanmoins, plusieurs de ses performances lui valurent d’être considérée à l’époque comme l’une des actrices les plus prometteuses d’Hollywood, aux côtés notamment de Mia Farrow, qui d’ailleurs a dit de Sharon Tate qu’elle était l’un des êtres humains les plus doux et purs qu’elle ait connu
.
On citera parmi ses rôles marquants celui d’Odile de Caray dans Eye of the Devil (1966), un film d’horreur britannique de J. Lee Thompson, avec Deborah Kerr et David Niven. Il s’agissait de son premier rôle au cinéma. Tate incarne dans ce film un peu daté (mais agréable à regarder) une sorte de sorcière à la beauté aussi envoutante qu’inquiétante.
À peu près à la même époque, Sharon Tate fit la connaissance de Roman Polanski, qui était en train de préparer Le Bal des vampires (1967), une parodie de film d’horreur. Polanski confie à Tate le rôle de Sarah Shagal, la fille des aubergistes qui accueillent les deux protagonistes (joués par Polanski lui-même et par Jack MacGowran) au début de ce film plein de charme et d’humour. La même année, elle est à l’affiche de La Vallée des poupées, de Mark Robson ; le film n’est pas très bien reçu par la presse mais la performance de la comédienne est saluée.
De son côté, Polanski souhaite diriger à nouveau Sharon Tate dans le culte Rosemary’s Baby (1968), mais sentant qu’il est déplacé de suggérer son nom en raison de leur relation, il attend que les producteurs fassent eux-mêmes cette proposition. C’est finalement Mia Farrow qui sera castée et qui obtiendra le rôle de Rosemary dans ce qui reste aujourd’hui une référence incontournable du cinéma fantastique. La prestation de Farrow est remarquable et on ne peut dès lors que saluer le choix de la production, mais il est vrai que ce film aurait été l’occasion pour Sharon Tate d’explorer des registres de jeu plus riches et plus complexes que dans Eye of the Devil, par exemple, où son personnage reste relativement stéréotypé.
En janvier 1968, Sharon Tate et Roman Polanski se marient et l’année suivante survient la tragédie déjà évoquée dans cet article. On retiendra entre autres de Sharon Tate sa beauté et son aura exceptionnelles, son talent d’actrice et la scène où elle fredonne en prenant son bain dans Le Bal des vampires.
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