Film de Jez Butterworth
Année de sortie : 2001
Scénario : Tom Butterworth, Jez Butterworth
Directeur photo : Oliver Stapleton
Montage : Christopher Tellefsen
Musique : Stephen Warbeck
Avec : Nicole Kidman, Ben Chaplin, Mathieu Kassovitz, Vincent Cassel
Nadia est un mélange de thriller et de comédie romantique qui possède une fraîcheur à laquelle contribuent son étonnant casting, et son sympathique message anti-conformiste.
Synopsis du film
John Buckingham (Ben Chaplin) mène une vie rangée et plutôt ennuyeuse de conseiller bancaire à St Albans, au nord-ouest de Londres. Plutôt timide, il décide de trouver une épouse via internet et sélectionne l’annonce d’une certaine Nadia (Nicole Kidman), en provenance de Russie.
Quand elle arrive à St Albans, c’est la douche froide : Nadia est belle, certes, mais ne parle pas un mot d’anglais. John tente aussitôt de négocier son retour en contactant les organisateurs du site, en vain.
Mais face aux charmes de la très entreprenante jeune femme, John change peu à peu d’avis et bientôt, se met à apprécier le quotidien avec Nadia.
Quelques jours plus tard, le soir de l’anniversaire de Nadia, deux inconnus débarquent chez John : Yuri (Mathieu Kassovitz), le cousin de Nadia ; et Alexei (Vincent Cassel), l’ami de ce dernier. John apprécie moyennement la compagnie de ces deux hommes qui s’invitent chez lui sans plus de gêne que cela ; et surtout, quelles sont vraiment leurs intentions ?
Critique de Nadia (Birthday Girl)
Nadia reste à ce jour l’unique film réalisé par le britannique Jaz Butterworth, qui est avant tout un auteur de théâtre et un scénariste. Il écrit souvent en collaboration avec ses frères John-Henry et Tom Butterworth ; ensemble, ils ont travaillé sur des films dont plusieurs ont été des succès commerciaux à l’image, par exemple, de Edge of Tomorrow, avec Tom Cruise.

C’est avec l’ex-femme de ce dernier, la célèbre comédienne australienne Nicole Kidman, que Butterworth a tourné Nadia (à mon avis plus connu sous son titre original Birthday Girl), dont il a co-écrit le scénario avec Tom Butterworth. Le film est sorti en 2001, une année faste pour Kidman puisqu’elle était également à l’affiche de Les Autres et Moulin Rouge ; deux années auparavant, on pouvait la voir dans le dernier Kubrick, Eyes Wide Shut.

Parmi tous ces films, Nadia fait office de curiosité à la réputation largement plus confidentielle. Commercialement, ses résultats furent modestes, les recettes au box office n’ayant dépassé que d’environ 3 millions le budget du film (13 millions). L’accueil critique, sans être assassin, s’est montré relativement mitigé et aujourd’hui, il est rare qu’on parle de ce « petit » (tout est relatif) film indépendant, qui prouve que Kidman, alors au pic de sa carrière (on la verra deux ans plus tard dans le remarquable Dogville), ne cherchait pas qu’à tourner dans des films taillés pour le succès, ni des rôles qui la mettaient particulièrement en valeur.

Elle partage ici l’affiche avec Ben Chaplin, Mathieu Kassovitz et Vincent Cassel. On sourit en voyant les deux frenchies incarner un tandem peu fréquentable, dans la mesure où leur complicité dans la vraie vie, à l’époque du moins, était notoire (Kassovitz avait déjà dirigé Cassel dans Métisse, La Haine et Les Rivières pourpres). Leur présence contribue largement au charme de l’ensemble et d’ailleurs, le casting est l’un des points forts du film. On notera au passage que Kidman, Kassovitz et Cassel composent fort bien avec une difficulté imposée par leurs personnages : d’origine russe, ils ont dû adopter l’accent approprié et ont plusieurs répliques écrites dans la langue de Dostoïevski.

Il n’est pas bien difficile d’expliquer l’échec relatif du film au box office, échec qui n’est peut-être pas étranger au fait que Butterworth n’est pas repassé derrière la caméra depuis : Nadia fait partie de ces films que les distributeurs ont du mal à vendre au public, tout simplement parce qu’ils sont hybrides, en quelques sortes.
En regardant la bande-annonce, on peut s’attendre à un thriller trépidant, alors que le film navigue en réalité entre plusieurs genres : le thriller certes, mais aussi la comédie romantique. L’aspect thriller est d’ailleurs presque secondaire : Nadia est avant tout le récit d’une rencontre entre deux personnes, rencontre qui vient s’inscrire dans une critique du conformisme (visible dès le premier plan aérien montrant des rangées de maisons symétriques) et du monde de l’entreprise, dont Jaz Butterworth se moque ouvertement (notamment dans les scènes consacrées aux techniques de management utilisées au sein de la banque où travaille John, le protagoniste).

La façon dont laquelle débute cette rencontre est en phase avec l’époque à laquelle le film a été tourné : nous sommes au tout début des années 2000, et la figure du cadre solitaire, happé par son travail, qui se tourne vers Internet pour faire des rencontres était en train de devenir récurrente au cinéma, conformément à une certaine réalité sociétale. Autre marqueur de l’époque : le célèbre jeu de voitures Grand Turismo, sorti en 1997 et auquel le personnage incarné par Kassovitz joue dès qu’il en a l’occasion !

On peut sans doute parler de film mineur mais cela n’a aucune importance : Nadia combine habilement humour, chronique sociale, suspense et romantisme, pour un résultat tout à fait honnête et divertissant.
Nadia, bien que reposant sur une idée assez classique (l'amour comme moyen d'échapper au conformisme et au poids des habitudes), parvient à affirmer son propre cachet grâce à des personnages pittoresques, des acteurs talentueux et cette touche de charme qui tend presque à se renforcer au fil du temps, dans la mesure où la vision du film aujourd'hui renvoie, par plusieurs aspects, à l'époque de son tournage.
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