Citizen Poulpe - Critiques de films
  • Critiques de films
    • Toutes les critiques de films
    • Drame
    • Policier / Thriller
    • Horreur
    • Fantastique
    • Science-fiction
    • Comédies / Comédies dramatiques
    • Western
    • Espionnage
    • Guerre
    • Aventures / Action
    • Documentaire
    • Courts métrages
  • Extraits de films
  • Musique et cinéma
  • Dossiers
    • Dossiers thématiques
    • Portraits croisés
    • Personnalités
  • Recueil de nouvelles
  • Contact
Les Misérables
Drame 0

Les Misérables

Par Bertrand Mathieux · Le 2 décembre 2019

Film de Ladj Ly
Année de sortie : 2019
Pays : France
Scénario : Ladj Ly
Photographie : Julien Poupard
Montage : Flora Volpelière
Avec : Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djibril Zonga, Issa Perica

Les Misérables n’a pas volé les superlatifs flatteurs que de nombreux critiques usent à son égard depuis sa projection au festival de Cannes 2019 (où il remporta le prix du jury), tant le film témoigne d’un point de vue humain, rassembleur et jamais binaire, servi par une mise en scène et une interprétation remarquables.

Synopsis du film

Stéphane (Damien Bonnard), policier, quitte la ville de Cherbourg pour être affecté à la BAC de Montfermeil, ce qui lui permet de se rapprocher de ses enfants, dont son ex-compagne a la garde.

Il se retrouve aussitôt dans l’équipe de Chris (Alexis Manenti) et de Gwada (Djibril Zonga). Dès sa première journée de travail, Stéphane découvre des méthodes et un environnement auxquels il n’était pas habitué.

À partir du moment où le trio se lance à la recherche d’un lionceau volé par un jeune de la cité, Issa (Issa Perica), les événements vont rapidement prendre une tournure dramatique…

Critique de Les Misérables

Ce n’est jamais facile de traiter, frontalement, d’un problème de société au cinéma. Si ce problème est en partie étranger à l’expérience personnelle du metteur en scène, celui-ci risque d’avoir une approche un peu caricaturale, ou approximative ; si au contraire il est trop proche de son vécu, l’auteur peut alors manquer de recul, d’objectivité. Enfin, quel que soit le problème auquel on s’attaque il faut, au-delà du discours qu’on articule à son sujet, être capable de l’essentiel quand il s’agit d’un film : faire du cinéma.

Le réalisateur Ladj Ly se situe dans le second cas de figure : le sujet des Misérables, son premier long (adapté de son court métrage éponyme), renvoie directement à sa biographie : il a grandi à Montfermeil (cadre géographique de l’histoire) ; a filmé en partie les « célèbres » émeutes de 2005 ainsi que plusieurs interpellations policières trop « musclées ». Si d’être le témoin de ces événements a probablement nourri chez lui une certaine colère, elle ne brouille en rien son regard de metteur en scène (et de citoyen), l’une des qualités les plus frappantes de son film résidant dans cette capacité à prendre de la hauteur (à l’image du drone manipulé par un jeune garçon, ou encore de ces nombreux plans aériens sur les zones urbaines) pour mieux montrer que le problème dont il traite résulte d’un échec social, politique et collectif, avant d’être une affaire d’individus.

Car les hommes, d’un côté comme de l’autre (policiers et habitants des quartiers, certains étant d’ailleurs les deux), le cinéaste ne semble jamais les juger de but en blanc. Bien entendu, certains comportements montrés dans Les Misérables sont condamnables, mais les auteurs de ces comportements n’échappent jamais à l’empathie du cinéaste, quels qu’ils soient. Les Misérables s’affirme en effet comme une œuvre nuancée, dans laquelle jamais un personnage ne se résume à ses seuls actes. Sans tomber dans la sur-explication, Ladj Ly trouve toujours le moyen, en quelques plans, de nous faire considérer chaque individu selon plusieurs angles, nous éloignant ainsi d’un jugement définitif et binaire – la citation de Victor Hugo sur laquelle se clôt le film formulant la synthèse de cette louable démarche.

Les bonnes intentions ne font pas forcément les bons films, pourrait-on légitimement avancer alors. Mais voilà, sur le plan purement cinématographique, Les Misérables convainc tout autant. C’est même parce qu’il est très bien filmé et monté que le film nous permet d’abord de ressentir (car le cinéma, c’est avant tout de l’émotion, comme le disait Samuel Fuller dans Pierrot le fou), puis de réfléchir (par nous-mêmes, sans que l’on nous martèle un point de vue sur le crâne). Sur le plan formel et narratif, Ladj Ly maîtrise plusieurs aspects essentiels à l’art cinématographique, dont le rythme et la gestion de l’intensité : tout est très précis, chronométré, millimétré. Le film a d’ailleurs été salué par William Friedkin, qui a quelque expérience en la matière… Parmi toutes les louanges qu’il a reçues, celle-ci, si elle ne lui a pas échappé toutefois, a dû toucher Ladj Ly, même si on suppose que ce dernier ne fait pas du cinéma pour la flatterie mais pour des motifs plus constructifs. Et parce qu’ils se conjuguent à une véritable maîtrise formelle, son engagement et sa sincérité font d’autant plus mouche dans l’esprit, et le cœur, du spectateur.

8 Note globale

Les Misérables fait le choix de la prise de conscience collective au lieu de chercher à braquer des groupes de personnes entre elles, ou de montrer du doigt des coupables tout trouvés (même si les fameux "cultivateurs" de la phrase d'Hugo renvoient probablement ici au monde politique). Cette hauteur de vue, servie par des qualités techniques évidentes, confère au film (que le réalisateur qualifie lui-même de patriotique) une belle résonance.

Alexis ManentiDamien BonnardDjibril ZongaIssa PericaLadj Ly
Partager Tweet

Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

Aucun commentaire

Laisser un commentaire Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Rechercher une critique de film

Facebook

Facebook

Dernières actualités

  • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    2 janvier 2023
  • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    13 décembre 2022

Critiques les plus récentes

  • Ashkal

    Ashkal

    28 janvier 2023
  • Wekufe

    Wekufe

    26 janvier 2023

Critiques les plus consultées

L'Apparition
XX
L'Annulaire
Moloch
Wounds
PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador
La Moustache
Snow Therapy

Rechercher un film par thématique

  • Chronique intimiste
  • Critique sociale
  • Couples en plein doute
  • Détectives
  • Disparitions
  • Fantômes et apparitions
  • Féminisme
  • Jeux de l'amour et du hasard
  • Joies du libéralisme
  • Monstres et cie
  • Onirique
  • Politique
  • Questionnement identitaire
  • Réalisatrices
  • Récit initiatique
  • Relation vénéneuse
  • Sorcellerie
  • Transformation
  • Le travail c'est la santé

Abonnez-vous !

Abonnez-vous à Citizen Poulpe pour recevoir une notification par email à chaque nouvel article publié.

  • Critiques de films
    • Toutes les critiques de films
    • Drame
    • Policier / Thriller
    • Horreur
    • Fantastique
    • Science-fiction
    • Comédies / Comédies dramatiques
    • Western
    • Espionnage
    • Guerre
    • Aventures / Action
    • Documentaire
    • Courts métrages
  • Extraits de films
  • Musique et cinéma
  • Dossiers
    • Dossiers thématiques
    • Portraits croisés
    • Personnalités
  • Recueil de nouvelles
  • Contact

Dossiers cinéma

  • Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

    Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

    19 avril 2020
  • Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

    Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

    22 novembre 2018
  • Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

    Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

    30 mai 2018

Actualités

  • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    2 janvier 2023
  • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    13 décembre 2022
  • PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

    PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

    12 décembre 2022

Musique et cinéma

  • Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

    Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

    3 avril 2021
  • « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

    « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

    25 avril 2020
  • « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

    « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

    26 mars 2020

Recherche

Consultez l’index des critiques de films.

Sites conseillés

Découvrez une sélection de sites conseillés par Citizen Poulpe.

Citizen Kane, c’est un film qui a révolutionné le cinéma, aussi bien par ses innovations visuelles que narratives. Le poulpe, et en particulier le poulpe géant, est un animal marin mythique, qui se démarque par son charisme, sa capacité d’adaptation, et sa connaissance de lui-même. Citizenpoulpe.com est un hommage au cinéma et à la grandeur solennelle du poulpe.

Blog sous license Creative Commons. Propulsé par WordPress.