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Fabrice Luchini et Judith Henry dans "La Discrète"
Comédies / Comédies dramatiques 0

La Discrète

Par Bertrand Mathieux · Le 13 juin 2017

Film de Christian Vincent
Année de sortie : 1990
Pays : France
Scénario : Christian Vincent et Jean-Pierre Ronssin
Photographie : Romain Winding
Montage : François Ceppi
Musique originale : Jay Gotlieb
Musiques additionnelles : Mélodie hongroise D817 de Franz Schubert et Sonate K87 de Domenico Scarlatti, interprétées par Jay Gotlieb
Avec : Fabrice Luchini, Judith Henry, Maurice Garrel, François Toumarkine

Antoine : Vous savez qu’au 17ème siècle les femmes portaient ce qu’on appelle des mouches ? C’était des petits morceaux de taffetas noir qu’elle se collait sur le visage ou sur les seins, et qui faisait ressortir la blancheur de leur peau. Celle qu’on portait sur le front s’appelait la « majestueuse », près des yeux c’était la « passionnée », au coin des lèvres c’était la « galante », celle qui cachait un bouton c’était la « voleuse » et celle qu’on portait sur le menton, comme vous ce grain de beauté, c’était la « discrète ».

Pour son premier long métrage, Christian Vincent signait avec La Discrète un modèle de délicatesse et de raffinement.

Synopsis du film

Antoine (Fabrice Luchini), un écrivain séducteur et paresseux, est brusquement quitté par sa petite amie Solange (Marie Bunel) alors qu’il l’attendait gare de l’Est. Qui plus est, la jeune femme descend du train avec un autre homme… Blessé dans sa fierté, Antoine relate ses déboires à un ami libraire-éditeur, Jean Costal (Maurice Garrel), qui travaille dans la rue de l’Odéon.

Celui-ci lui propose alors un étrange accord : pour se venger des femmes, Antoine va séduire la première venue, se faire aimer d’elle puis la quitter sans plus de manières. Il tiendra parallèlement un journal détaillé, que Jean publiera sous forme de roman.

D’abord hésitant, Antoine se laisse convaincre et passe une petite annonce pour trouver une dactylo, en ciblant exclusivement les étudiantes. Il fait alors la connaissance de Catherine (Judith Henry), qui de prime abord lui fait une très mauvaise impression. Mais au fil des rencontres, le plan de Jean Costal s’avère de plus en plus fragile…

Critique de La Discrète

La Discrète possède une qualité assez rare au cinéma : celle de proposer une écriture plutôt littéraire tout en créant un sentiment de légèreté qui fait qu’à aucun moment le film ne devient verbeux ou poseur (deux travers dans lesquels tombent de nombreux cinéastes quand ils partent d’un scénario très « écrit »). Le film de Christian Vincent semble ainsi marcher sur un fil, sans jamais perdre l’équilibre ni même manifester le plus infime basculement d’un côté ou de l’autre. Son titre lui convient par ailleurs à merveille – autant qu’il convient au personnage qu’il désigne (la jeune femme incarnée par Judith Henry) – tant il suggère une sobriété, une finesse auxquelles participent le texte brillant de Christian Vincent et Jean-Pierre Ronssin, la mise en scène élégante, la photographie délicate de Romain Winding, la composition remarquable des comédiens et l’omniprésente mélodie hongroise D817 de Franz Schubert.

Fabrice Luchini dans "La Discrète"

Antoine (Fabrice Luchini) écrivant dans le jardin du Luxembourg dans « La Discrète »

La musique : voilà peut-être ce qui explique, en partie, comment Christian Vincent a pu allier des dialogues très écrits et une atmosphère aussi aérienne. La Discrète est en effet un film profondément musical, même quand les notes de piano de Jay Gotlieb ne se font pas entendre ; il y a une musique dans les mots, dans les partitions des acteurs, dans les mouvements, et le film en respecte le tempo du premier au dernier plan.

Judith Henry et Fabrice Luchini dans "La Discrète"

Catherine (Judith Henry) et Antoine (Fabrice Luchini) dans « La Discrète »

Musique dont la tonalité est d’ailleurs bien particulière, en ce sens que La Discrète s’inscrit dans un cadre plutôt réaliste tout en diffusant une certaine étrangeté – laquelle n’est pas liée qu’au curieux contrat qu’Antoine et Jean concluent ensemble. Le terme le plus exact serait d’ailleurs, sans doute, singularité, car tout ici est singulier et pourtant, on y croit totalement. Jamais le film ne bascule dans une franche bizarrerie, dans un décalage revendiqué. C’est donc une singularité qui, elle aussi, est discrète, à l’image du petit morceau de taffetas noir que certaines femmes, au 17ème siècle, disposaient près de leur bouche, selon l’anecdote significative que raconte Antoine lors de sa première rencontre avec Catherine.

Fabrice Luchini dans "La Discrète"

Antoine (Fabrice Luchini) dans « La Discrète »

Tout ceci fonctionne d’autant mieux que la cohérence formelle dont témoigne La Discrète est au service d’une histoire, de personnages crédibles et, à leur manière, étonnants. Tous sont remarquablement bien définis – le libraire solitaire, cynique et désespéré campé par Maurice Garrel ; le séducteur bavard interprété par Fabrice Luchini ; la jeune étudiante à laquelle la jolie Judith Henry prête un charme si particulier – mais conservent néanmoins une dimension mystérieuse. C’est que « quand on regarde quelqu’un, on n’en voit que la moitié », comme nous le confie une voix off à la fin du film. Conformément à ce point de vue, la caméra de Christian Vincent saisit juste ce qu’il faut chez chaque personnage, observant une distance délicate et mesurée.

Fabrice Luchini et Maurice Garrel dans "La Discrète"

Antoine (Fabrice Luchini) et Jean (Maurice Garrel) dans « La Discrète »

Quant à l’arrangement douteux qui constitue le point de départ de l’histoire de La Discrète (qui évoque, à certains égards, les célèbres Liaisons dangereuses de Laclos), il renvoie habilement au cinéma lui-même. Antoine, quand il exige de son ami Jean qu’il lui dicte tout ce qu’il devra faire et dire, se place dans la position du comédien (Jean incarnant le metteur en scène). Tous deux pensent écrire l’histoire comme bon leur semble, mais une grâce inattendue, une poésie insoupçonnée, une émotion secrète bouleverse subtilement le cours des choses. Or un film, si bien écrit et dirigé soit-il, a besoin de cette même touche de magie pour toucher le spectateur.

La Discrète en est, assurément, bel et bien pourvu.

8.5 Note globale

La Discrète est une pièce élégante et sensible qui traverse les années avec grâce. Judith Henry y est lumineuse ; quant à Fabrice Luchini, il s'agit assurément d'un film clé dans sa carrière. Les retrouvailles avec Christian Vincent à l'occasion du film L'Hermine (2015) ont dû être fort agréables : ces deux-là travaillent remarquablement bien ensemble.

Comédie sentimentaleFabrice LuchiniFrançois ToumarkineJeux de l'amour et du hasardJudith HenryMaurice Garrel
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger...

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