Film de Guillaume Brac
Année de sortie : 2018
Pays : France
Scénario : Guillaume Brac, avec la collaboration des comédiens
Photographie : Alan Guichaoua
Montage : Louise Jaillette
Avec : Milena Csergo, Lucie Grunstein, Théo Chedeville, Jean Joudé, Kenza Lagnaoui, Roman Jean-Elien, Salomé Diénis Meulien, Sipan Mouradian, Andrea Romano, Hanne Mathisen Haga
Contes de juillet capture des scènes d’été alternant insouciance, contrariétés et drames ordinaires avec une poésie discrète et une précision délicate.
Synopsis du film
L’amie du dimanche
Été 2016. Milena et Lucie décident de passer un dimanche à l’île de loisirs de Cergy-Pontoise. Sur place, elles rencontrent un moniteur entreprenant.
Hanne et la Fête Nationale
Paris, le 14 juillet 2016. Hanne est une jeune norvégienne qui loge à la Cité universitaire, dans le 14ème. Elle doit repartir le lendemain pour son pays d’origine. Andrea, un étudiant italien, et Roman, un parisien rencontré par hasard pendant le défilé, cherchent à s’attirer ses faveurs avant son départ.
Critique de Contes de juillet
Contes de juillet (en compétition actuellement au Champs-Élysées Film Festival) n’est pas, à l’origine, le fruit d’un projet de long métrage, mais d’une commande passée par le Conservatoire d’art dramatique auprès du cinéaste Guillaume Brac, à qui l’on doit notamment les très réussis Un monde sans femmes et Tonnerre. Le principe était de faire tourner des apprentis comédiens. Brac esquissa à cette fin deux trames volontairement peu développées et non dialoguées, qu’il développa ensuite avec la participation active des jeunes acteurs. Le tournage débuta et c’est la monteuse Louise Jaillette qui, après avoir effectué un premier découpage, fit remarquer au cinéaste qu’il y avait là le potentiel pour faire un film – un film constitué de deux parties autonomes (mais très proches thématiquement), respectivement intitulées L’amie du dimanche et Hanne et la Fête Nationale.
Pas grande chose d’écrit à l’avance ici (le script initial devait faire quatre pages), peu de moyens et peu de temps. Pas de morale clairement articulée non plus (même si chacun pourra librement extraire de ces marivaudages quelques enseignements sur les comportements humains, et autres illustrations des jeux de l’amour et du hasard
). Mais c’est une mauvaise habitude que d’en chercher obstinément une (de morale) dans un film, ou dans un roman d’ailleurs – face à une peinture ou à un morceau de musique, on a rarement cette exigence et ce n’en est pas moins de l’art.
Il y a un sujet, en revanche : la jeunesse (tous les personnages ont dans la vingtaine), l’été, les relations amicales, sexuelles et sentimentales, ainsi qu’une certaine insouciance dont la fin du film tend à illustrer les derniers soubresauts. Contes de juillet capture des instants évocateurs de toutes ces choses – saisit des gestes, des mots, une lumière, des lieux (dont la belle Cité universitaire de Paris et l’île de loisirs de Cergy Pontoise).
Brac témoigne dans cette démarche d’une rare délicatesse (on est très loin du voyeurisme lourdingue d’un Kechiche période Mektoub) ; d’un vrai sens de la caractérisation aussi : chaque personnage, dont le réalisateur avait imaginé les caractéristiques principales en amont (confiant aux acteurs le soin de les étoffer, ce qu’ils font tous fort bien), possède une personnalité propre, souvent riche et nuancée.
Les critiques cinéma évoquent régulièrement Eric Rohmer (c’est d’autant plus le cas ici que le titre Contes de juillet renvoie aux fameux contes de Rohmer, et notamment à son Conte d’été) et Jacques Rozier quand ils parlent de Guillaume Brac, et ce sont des références que l’intéressé cite lui-même avec passion ; mais comme tout auteur d’importance, Brac n’a rien d’un imitateur : ses films possèdent une identité unique, même s’ils partagent en effet avec ceux de Rohmer et Rozier (et certains films de Pialat également) cette manière de proposer des scènes qui semblent autant de moments de vie, dépouillés de toute forme de spectaculaire.
C’est un exercice très difficile, qui repose sur un équilibre fragile : si l’alchimie ne prend pas, le film, de par sa trame minimaliste, tombe aussitôt dans la platitude. Ce n’est jamais le cas chez Brac (pas plus que chez les autres réalisateurs précités dans cet article), et cette réussite tient à quelque chose d’insaisissable, d’invisible – on peut sans doute appeler cela de la grâce.
Interview de Guillaume Brac à propos de Contes de juillet
Guillaume Brac parle de son film Contes de juillet dans le cadre du festival Ciné32 « Indépendance(s) et création », en 2017.
Contes de juillet confirme, après Un monde sans femmes et Tonnerre, que Guillaume Brac excelle dans l'art de créer des scènes de vie précieuses, évocatrices, dont on garde un souvenir aérien et subtilement émouvant. Un très joli film.
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