Citizen Poulpe - Critiques de films
  • Critiques de films
    • Toutes les critiques de films
    • Drame
    • Policier / Thriller
    • Horreur
    • Fantastique
    • Science-fiction
    • Comédies / Comédies dramatiques
    • Western
    • Espionnage
    • Guerre
    • Aventures / Action
    • Documentaire
    • Courts métrages
  • Extraits de films
  • Musique et cinéma
  • Dossiers
    • Dossiers thématiques
    • Portraits croisés
    • Personnalités
  • Recueil de nouvelles
  • Contact
À l'abordage (2020)
Comédies / Comédies dramatiques 0

À l’abordage

Par Bertrand Mathieux · Le 24 juin 2021

Film de Guillaume Brac
Année de sortie : 2020
Pays : France
Scénario : Guillaume Brac, Catherine Braillé
Photographie : Alan Guichaoua
Montage : Héloïse Pelloquet
Avec : Éric Nantchouang, Salif Cissé, Édouard Sulpice, Asma Messaoudene, Ana Blagojevic, Lucie Gallo, Martin Mesnier, Nicolas Pietri, Cécile Feuillet, Jordan Rezgui

À l’abordage prolonge la veine naturelle et spontanée de Contes de juillet, avec une égale dextérité.

Synopsis du film

Félix (Éric Nantchouang) et Alma (Asma Messaoudene), deux jeunes gens d’une vingtaine d’années, passent une soirée ensemble à Paris, au cours de laquelle ils échangent quelques baisers. Au petit matin, Alma prend le train pour rentrer chez ses parents, dans la Drôme.

Félix décide alors de prendre une semaine de congés pour aller la retrouver, sans la prévenir. Il propose à son ami Chérif (Salif Cissé) de l’accompagner. Les deux compères, qui vivent dans le même quartier populaire en banlieue parisienne, réservent un blablacar et se retrouvent dans la voiture d’Édouard (Édouard Sulpice).

C’est le début d’une petite aventure pleine d’imprévus, de tensions, de tendresse et d’incertitudes…

Critique d’À l’abordage

Le dernier film de Guillaume Brac est né d’une proposition faite par le Conservatoire National d’Art Dramatique, consistant à écrire un film pour des comédiens en formation – ce qui correspond d’ailleurs plus ou moins à la manière dont Contes de juillet, son film précédent, avait pris forme.

Ce n’est pas le seul point commun entre ces deux films : on perçoit, dans À l’abordage comme dans Contes de juillet, le même souci de donner au spectateur l’impression d’assister à d’authentiques moments de vie, que le réalisateur ne cherche pas à « dramatiser » outre mesure. Cette approche est perceptible dès les premiers courts et moyens métrages de Brac, mais il est vrai que Tonnerre, loin d’être à l’opposé de celle-ci, entretenait cependant une tension dramatique progressive, flirtant même, à sa façon bien particulière, avec le thriller. Contes de juillet, et maintenant À l’abordage, poussent plus loin que Tonnerre la filiation entre Brac et son cinéaste fétiche, Jacques Rozier.

Le mot « naturel » est celui qui vient le plus immédiatement à l’esprit quand on regarde À l’abordage (ou n’importe quel film de Rozier) : les situations, les dialogues, le jeu des comédiens ne diffèrent pas, dans leur tonalité et leur contenu, de ce qu’on pourrait observer et entendre dans la « vraie vie », tandis que la réalisation se soustrait à toute volonté démonstrative, à toute esthétique trop ouvertement travaillée. Brac a par ailleurs écrit les personnages du film en s’inspirant de la personnalité des comédiens qui les interprètent, rendant ainsi plus encore un peu plus poreuse la frontière entre réalité et fiction (rappelons qu’il a réalisé un documentaire, L’île au trésor). Il a d’ailleurs, de son propre aveu, expliqué aux acteurs que leurs personnages respectifs correspondaient en quelques sortes à celles et ceux qu’ils seraient potentiellement devenus s’ils n’avaient pas choisi de faire de la comédie.

Salif Cissé et Lucie Gallo dans "À l'abordage"
Salif Cissé et Lucie Gallo dans « À l’abordage »

Le résultat est, comme pour Contes de juillet, séduisant et plein de charme. Si l’effort et le travail sont imperceptibles à l’écran, il est en réalité extrêmement difficile d’insuffler, dans un film, une telle spontanéité, une telle vivacité. Tutoyer à ce point l’ordinaire exige une précision d’orfèvre, autant qu’une grande sensibilité, sans lesquelles on a vite fait de sombrer dans la banalité ou l’anecdotique. À l’abordage est bien loin de ces travers : c’est un film qui célèbre la jeunesse et l’amour avec une délicatesse rare. La caméra est elle-même délicate, et discrète ; on ne pense jamais à elle, tant elle paraît s’effacer devant les instants fugaces qu’elle enregistre.

La dimension sociale du film est traitée d’une façon tout aussi pudique. Félix et Chérif vivent tous deux dans un quartier populaire, et plusieurs détails viennent habilement nous le rappeler ; toutefois, ce n’est jamais surligné, tandis que leur personnalité est bien loin des clichés dont témoigne souvent le cinéma français quand il cherche à dépeindre des personnages issus des banlieues défavorisées. De toute évidence, Guillaume Brac n’est pas étouffé par les préjugés, et son regard sur la jeunesse française émeut par sa bienveillance jamais mièvre (ses personnages sont tous nuancés : ils peuvent être tour à tour sympathiques, lourds, agressifs, fragiles, injustes, généreux…).

Les acteurs nous procurent un plaisir constant. On devine qu’ils ont dû broder autour de situations données, ne disposant sans doute pas d’un texte très écrit, et ils le font admirablement bien. Les amours souvent contrariés vécus par leurs personnages font songer, parfois, au cinéma de Rohmer (les critiques évoquent, bien entendu, son fameux Conte d’été) mais encore une fois, c’est bien de Rozier dont Guillaume Brac semble être le plus proche, même s’il ne cache pas son admiration pour le réalisateur de Pauline à la plage. Brac n’a, ceci dit, rien d’un imitateur ; il est même, assurément, l’une des personnalités les plus singulières et intéressantes du cinéma français contemporain.

Voir À l’Abordage sur Arte

Le film, produit par Arte, est visible gratuitement sur le site de la chaîne franco-allemande ainsi que sur sa chaîne YouTube.

Regarder le film sur Arte

8 Note globale

Avec À L'Abordage, Guillaume Brac filme une jeunesse amoureuse d'une bien jolie manière, parvenant à saisir des moments simples et précieux qui nous vont droit au cœur. On oublie volontiers la caméra, ce qui veut dire, en général, qu'elle est fort bien employée ; en l'occurrence, par l'un des cinéastes les plus talentueux de sa génération.

Ana BlagojevicAsma MessaoudeneChronique intimisteÉdouard SulpiceÉric NantchouangGuillaume BracJeux de l'amour et du hasardSalif Cissé
Partager Tweet

Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

Vous aimerez également

  • Contes de juillet Comédies / Comédies dramatiques

    Contes de juillet

  • Finding Sofia Comédies / Comédies dramatiques

    Finding Sofia

  • Chronique d’une liaison passagère Comédies / Comédies dramatiques

    Chronique d’une liaison passagère

Aucun commentaire

Laisser un commentaire Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Rechercher une critique de film

Facebook

Facebook

Dernières actualités

  • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    2 janvier 2023
  • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    13 décembre 2022

Critiques les plus récentes

  • Ashkal

    Ashkal

    28 janvier 2023
  • Wekufe

    Wekufe

    26 janvier 2023

Critiques les plus consultées

L'Apparition
PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador
Ashkal
The Woman
XX
Resurrection
Moloch
Blue Velvet

Rechercher un film par thématique

  • Chronique intimiste
  • Critique sociale
  • Couples en plein doute
  • Détectives
  • Disparitions
  • Fantômes et apparitions
  • Féminisme
  • Jeux de l'amour et du hasard
  • Joies du libéralisme
  • Monstres et cie
  • Onirique
  • Politique
  • Questionnement identitaire
  • Réalisatrices
  • Récit initiatique
  • Relation vénéneuse
  • Sorcellerie
  • Transformation
  • Le travail c'est la santé

Abonnez-vous !

Abonnez-vous à Citizen Poulpe pour recevoir une notification par email à chaque nouvel article publié.

  • Critiques de films
    • Toutes les critiques de films
    • Drame
    • Policier / Thriller
    • Horreur
    • Fantastique
    • Science-fiction
    • Comédies / Comédies dramatiques
    • Western
    • Espionnage
    • Guerre
    • Aventures / Action
    • Documentaire
    • Courts métrages
  • Extraits de films
  • Musique et cinéma
  • Dossiers
    • Dossiers thématiques
    • Portraits croisés
    • Personnalités
  • Recueil de nouvelles
  • Contact

Dossiers cinéma

  • Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

    Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

    19 avril 2020
  • Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

    Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

    22 novembre 2018
  • Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

    Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

    30 mai 2018

Actualités

  • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

    2 janvier 2023
  • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

    13 décembre 2022
  • PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

    PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

    12 décembre 2022

Musique et cinéma

  • Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

    Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

    3 avril 2021
  • « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

    « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

    25 avril 2020
  • « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

    « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

    26 mars 2020

Recherche

Consultez l’index des critiques de films.

Sites conseillés

Découvrez une sélection de sites conseillés par Citizen Poulpe.

Citizen Kane, c’est un film qui a révolutionné le cinéma, aussi bien par ses innovations visuelles que narratives. Le poulpe, et en particulier le poulpe géant, est un animal marin mythique, qui se démarque par son charisme, sa capacité d’adaptation, et sa connaissance de lui-même. Citizenpoulpe.com est un hommage au cinéma et à la grandeur solennelle du poulpe.

Blog sous license Creative Commons. Propulsé par WordPress.