Citizen Poulpe - Critiques de films
  • Critiques de films
    • Toutes les critiques de films
    • Drame
    • Policier / Thriller
    • Horreur
    • Fantastique
    • Science-fiction
    • Comédies / Comédies dramatiques
    • Western
    • Espionnage
    • Guerre
    • Aventures / Action
    • Documentaire
    • Courts métrages
  • Extraits de films
  • Musique et cinéma
  • Dossiers
    • Dossiers thématiques
    • Portraits croisés
    • Personnalités
  • Recueil de nouvelles
  • Contact
Michelle Williams dans "La Dernière piste"
Western 3

La Dernière piste

Par Bertrand Mathieux · Le 20 octobre 2012

Film de Kelly Reichardt
Titre original : Meek’s Cutoff
Année de sortie : 2010
Pays : États-Unis
Scénario : Jonathan Raymond
Photographie : Chris Blauvelt
Montage : Kelly Reichardt
Musique : Jeff Grace
Avec : Michelle Williams, Paul Dano, Bruce Greenwood, Shirley Henderson, Rod Rondeaux, Neal Huff, Zoe Kazan, Tommy Nelson, Will Patton

À l’image de ses protagonistes, La Dernière piste s’éloigne des routes balisées du western pour livrer un moment de cinéma épuré et subtil.

Synopsis de La Dernière piste

En 1845, trois familles de colons traversent le désert de l’Oregon, guidé par le trappeur Stephen Meek (Bruce Greenwood). Celui-ci a choisi de quitter la route principale et de prendre un raccourci mais les membres de l’expédition, constatant la durée anormale du trajet, le soupçonnent de s’être lourdement trompé. L’eau et l’ombre se faisant rares, la situation est de plus en plus inquiétante.

Lorsqu’ils capturent un Indien solitaire (Rod Rondeaux), ils décident, contre l’avis du trappeur, de l’épargner et de le prendre comme guide. L’arrivée de l’Indien va peu à peu bouleverser les rapports de pouvoir au sein du groupe…

Critique et analyse du film

Dès l’ouverture magistrale du film (qui s’inspire d’un personnage authentique, lire les articles Stephen Meek et Meek Cutoff sur Wikipédia), la composition des images, la bande son et le rythme imprimé par le montage révèlent un pouvoir immersif étonnant ; on est littéralement saisi par le cheminement lent et incertain de ces colons égarés dans le désert de l’Oregon, et par la manière dont la réalisation s’attarde sur tous les détails du voyage – lui donnant ainsi une dimension étonnement réaliste et authentique.

La Dernière piste

Le film comporte en effet de nombreuses séquences montrant des hommes et des femmes réparer une roue de chariot, traverser une rivière, préparer de la nourriture, faire du feu, chercher de l’eau potable, coudre, charger (longuement) une carabine, s’interroger sur la direction à prendre. Autant d’instants évocateurs que Kelly Reichardt (Night Moves) capte avec un sens aigu du cadre, de l’espace et du rythme (elle a également signé le montage du film). La réalisatrice a d’ailleurs choisi le format d’image 1,33 (ou 4/3) – singulier pour un western, le genre étant couramment associé au 16/9 – afin, selon ses propres dires, de « resserrer » l’image sur le présent (source : Les commentaires de la critique française).

Bruce Greenwood dans "La Dernière piste"

Stephen Meek (Bruce Greenwood)

La réalisation, habilement, place littéralement le spectateur au sein du groupe. Différents procédés sont utilisés pour appuyer ce parti pris ; par exemple, dans le plan ci-dessous, les personnages sont filmés de dos en train de marcher, ce qui procure l’illusion que nous marchons derrière eux. Et quand la caméra s’éloigne, c’est afin de souligner l’isolement, l’égarement des individus au sein du paysage.

La Dernière piste

Toujours dans le même but, Kelly Reichardt ne filme pas la poursuite de l’Indien. Alors que dans un autre film, elle eut servi de prétexte idéal pour introduire une scène d’action, la caméra reste ici au milieu de ceux qui attendent.

Ce parti pris n’est pas un hasard : en choisissant ce point de vue, la réalisatrice pousse le spectateur à s’impliquer plus directement dans la situation des personnages et à lui faire partager leurs questionnements et leurs incertitudes. Car, comme dans beaucoup de romans et de films qui racontent un voyage (citons par exemple The Killing, de Monte Hellman, metteur en scène que le journaliste Jacques Mandelbaum a cité dans sa critique de La Dernière piste), l’évolution ne se fait pas ici que sur le plan géographique : l’entrée en scène de l’Indien provoque un bouleversement significatif dans la vie du groupe.

Michelle Williams dans "La Dernière piste"

Emily Tetherow (Michelle Williams)

Vis-à-vis de ce supposé ennemi qui devient, ironiquement, le possible sauveur de l’expédition, chaque personnage – et le spectateur également – est amené à se positionner, et cela alors que nul ne comprend son langage. Le film confronte donc les colons à leurs préjugés tout comme il questionne, plus généralement, le rapport que chacun entretient avec ce qui est lui est inconnu, étranger.

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est la manière dont les rapports de pouvoir évoluent au sein du groupe. Exercé au début du film exclusivement par les hommes, le pouvoir de décision bascule progressivement du côté du personnage d’Emily Tetherow (Michelle Williams), dont l’intuition la pousse à faire confiance, non sans nourrir quelques doutes, à l’Indien – et de fait à le défendre quand les autres l’accusent, voire le menacent.

Rod Rondeaux dans "La Dernière piste"

L’Indien (Rod Rondeaux)

Ici, le voyage prend une tournure allégorique : en faisant d’une femme et d’un Indien les guides d’un groupe qui représente, d’une certaine manière, une Amérique en développement, La Dernière piste livre, quoi de manière implicite, un propos politique – qui porte aussi bien sur la place des femmes que sur les rapports entre les blancs et les Indiens.

La Dernière piste

8 Note globale

Épuré, d'une grande cohérence formelle et servi par des comédiens brillants - dont Michelle Williams, Paul Dano (There Will Be Blood) et Bruce Greenwood (très crédible dans le rôle du trappeur) -, La Dernière piste est le western le plus intelligent de ces dernières années. Dépouillé de tous les codes du genre, ce lent voyage cinématographique à travers l'Oregon laisse longtemps le souvenir de ses silences interrogatifs, qui semblent questionner certains des fondements de la civilisation américaine.

Bruce GreenwoodKelly ReichardtMichelle WilliamsPaul DanoRéalisatriceRod Rondeaux
Partager Tweet

Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

Vous aimerez également

  • Certaines femmes Drame

    Certaines femmes

  • Night Moves (2013) Policier / Thriller

    Night Moves (2013)

  • « Certaines femmes », le nouveau film de Kelly Reichardt Actualités

    « Certaines femmes », le nouveau film de Kelly Reichardt

3 commentaires

  • Izabo77 dit : 20 novembre 2012 à 7 h 47 min

    Très grand western. Votre analyse est très juste.
    Ce film est très surprenant : vous achetez le DVD d’un western réalisé en 2010… Vous vous attendez donc à un film du genre TROIS ENTERREMENTS, de Tommy Lee Jones (que j’ai beaucoup aimé), ou bien de 3H10 POUR YUMA, de James Mangold (je préfère de loin le film de Delmer Daves)… Et vous êtes surpris par le dépouillement de la mise en scène, vous êtes fasciné par la lente pérégrination de ce petit groupe, vous partagez leur épuisement, leurs peurs et leur sentiments. C’est un grand film, dans son petit format 4;3 inhabituel.
    Un autre film m’a fait autant d’impression récemment : L’HOMME SANS FRONTIERES, de Peter Fonda, à découvrir s’il vous avait échappé lors de sa sortie en 1971.

    Répondre
    • Bertrand Mathieux dit : 20 novembre 2012 à 8 h 44 min

      Merci ! Cela me fait penser que je n’ai toujours pas vu la version originale de 3h10 pour Yuma, dont j’ai entendu beaucoup de bien ! L’homme sans frontières est effectivement un très beau film.

      Répondre
  • Sylvie Wolfs dit : 23 août 2013 à 19 h 38 min

    Belle critique, un film que je veux voir depuis un moment, c’est pour ce soir…

    Répondre
  • Laisser un commentaire Annuler la réponse.

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

    Rechercher une critique de film

    Facebook

    Facebook

    Dernières actualités

    • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      2 janvier 2023
    • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      13 décembre 2022

    Critiques les plus récentes

    • Ashkal

      Ashkal

      28 janvier 2023
    • Wekufe

      Wekufe

      26 janvier 2023

    Critiques les plus consultées

    L'Apparition
    XX
    L'Annulaire
    Moloch
    Wounds
    PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador
    La Moustache
    Snow Therapy

    Rechercher un film par thématique

    • Chronique intimiste
    • Critique sociale
    • Couples en plein doute
    • Détectives
    • Disparitions
    • Fantômes et apparitions
    • Féminisme
    • Jeux de l'amour et du hasard
    • Joies du libéralisme
    • Monstres et cie
    • Onirique
    • Politique
    • Questionnement identitaire
    • Réalisatrices
    • Récit initiatique
    • Relation vénéneuse
    • Sorcellerie
    • Transformation
    • Le travail c'est la santé

    Abonnez-vous !

    Abonnez-vous à Citizen Poulpe pour recevoir une notification par email à chaque nouvel article publié.

    • Critiques de films
      • Toutes les critiques de films
      • Drame
      • Policier / Thriller
      • Horreur
      • Fantastique
      • Science-fiction
      • Comédies / Comédies dramatiques
      • Western
      • Espionnage
      • Guerre
      • Aventures / Action
      • Documentaire
      • Courts métrages
    • Extraits de films
    • Musique et cinéma
    • Dossiers
      • Dossiers thématiques
      • Portraits croisés
      • Personnalités
    • Recueil de nouvelles
    • Contact

    Dossiers cinéma

    • Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

      Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

      19 avril 2020
    • Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

      Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

      22 novembre 2018
    • Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

      Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

      30 mai 2018

    Actualités

    • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      2 janvier 2023
    • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      13 décembre 2022
    • PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

      PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

      12 décembre 2022

    Musique et cinéma

    • Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

      Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

      3 avril 2021
    • « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

      « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

      25 avril 2020
    • « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

      « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

      26 mars 2020

    Recherche

    Consultez l’index des critiques de films.

    Sites conseillés

    Découvrez une sélection de sites conseillés par Citizen Poulpe.

    Citizen Kane, c’est un film qui a révolutionné le cinéma, aussi bien par ses innovations visuelles que narratives. Le poulpe, et en particulier le poulpe géant, est un animal marin mythique, qui se démarque par son charisme, sa capacité d’adaptation, et sa connaissance de lui-même. Citizenpoulpe.com est un hommage au cinéma et à la grandeur solennelle du poulpe.

    Blog sous license Creative Commons. Propulsé par WordPress.