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Tim Roth et Alexandra Maria Lara dans "L'Homme sans âge"
Drame 3

L’Homme sans âge

Par Bertrand Mathieux · Le 25 janvier 2009

Film de Francis Ford Coppola
Titre original : Youth without youth
Pays : États-Unis
Année de sortie : 2007
Scénario : Francis Ford Coppola, d’après le roman Youth without youth de Mircea Eliade
Photographie : Mihai Malaimare Jr.
Montage : Walter Murch
Avec : Tim Roth, Alexandra Maria Lara, Bruno Ganz.

Avec L’Homme sans âge, Francis Ford Coppola signe un film visuellement sublime et profond, réflexion sur le passage du temps et sur les dilemmes complexes entre le savoir, l’évolution de l’homme et l’amour. Un film très personnel où le réalisateur américain exprime pleinement sa maîtrise du cadre, de la lumière et des couleurs, ainsi que la dimension poétique, nostalgique et romantique de son cinéma.

Synopsis de L’Homme sans âge

A l’aube de la seconde guerre mondiale, en Roumanie, Dominic Matei (Tim Roth), linguiste, réalise amèrement qu’il ne parviendra sans doute jamais à achever l’œuvre de sa vie : comprendre les origines du langage et l’émergence de la conscience humaine. Après avoir été frappé par la foudre, il commence peu à peu à rajeunir, tandis que ses facultés intellectuelles et sa mémoire décuplent.

Son cas extraordinaire intéresse les nazis et notamment Josef Rudolf, persuadé qu’une forte concentration d’électricité peut augmenter les capacités du cerveau humain et causer l’apparition d’un être supérieur.

Aidé par le professeur Stanciulescu (Bruno Ganz), qui le recueille dans son établissement après son accident, Dominic Matei va tenter d’échapper aux nazis et surtout, de comprendre le sens réel de son rajeunissement et des facultés mentales extraordinaires dont il est désormais pourvu.

Critique du film

L’Homme sans âge : un film très personnel

Quiconque connait bien l’œuvre de Coppola constatera que L’Homme sans âge se range du côté des films très personnels de son auteur.

On y retrouve effectivement des aspects et thématiques typiques de son cinéma. D’abord, l’obsession du temps – ce temps qui fait défaut à Dominic Matei pour achever le travail de sa vie -, traduite par de nombreux plans sur des horloges, est également très perceptible dans Rusty James (Rumble Fish), un autre chef d’œuvre qui a aussi de commun avec L’Homme sans âge une forte dimension poétique et symbolique.

Ensuite, L’Homme sans âge exprime le goût de Coppola pour le romantisme dans son sens le plus noble. Ce romantisme, on le perçoit notamment dans One From the Heart – dont la BO est signée Tom Waits -, dans Rusty James et bien entendu dans sa version de Dracula.

La perfection des plans, de la photographie et du montage de L’Homme sans âge

Ce qui frappe dans L’Homme sans âge, c’est la splendeur des images et l’extraordinaire fluidité de leur enchaînement. C’est principalement dû à l’inventivité dont Coppola fait preuve dans la composition de chaque image ; comme un écrivain qui, à chaque page de son roman, trouve une image ou une tournure de phrase saisissante, le réalisateur exprime toute sa science du cinéma et son imagination dans chaque plan du film.

Mais il faut évidemment souligner le talent du monteur Walter Murch, qui collabora avec Francis Ford Coppola dès le début de la carrière du réalisateur, tantôt sur le montage et le mixage de la bande sonore (Les Gens de la pluie, Le Parrain, Conversation secrète, film où la bande son est particulièrement remarquable et essentielle), tantôt comme monteur (Le Parrain III et Apocalypse Now). La photographie (sublime) de L’Homme sans âge est signée Mihai Malaimare Jr., que Coppola engagera également sur Tetro.

Il y au moins une idée intelligente par image : un cadre qui donne une dimension intrigante à une pièce, un jeu de perspectives, de miroir qui donne une profondeur aux plans, sans oublier bien sûr, la beauté de la lumière et des couleurs qui fait de la vision de L’Homme sans âge une expérience esthétique unique.

Le film nourrit et stimule l’esprit du spectateur par une alchimie parfaite entre la splendeur des images et la profondeur du propos. Car on ne peut pas parler de réussite esthétique si l’image ne sert pas une histoire, et celle de L’Homme sans âge est particulièrement riche et intéressante.

Un sujet passionnant

La quête du personnage principal de L’Homme sans âge – comprendre l’origine du langage et de la conscience – est fascinante en soi ; mais ce qui l’est davantage encore, c’est les questions fondamentales qu’elle pose, et le dilemme crucial qu’elle va provoquer dans l’esprit du linguiste. Celui-ci va en effet réaliser que l’aboutissement complet de son travail suppose un sacrifice de taille ; celui de la femme qu’il aime mais aussi de l’humanité telle qu’elle existe actuellement. Or le savoir et la connaissance justifient-ils un tel prix ?

Parce qu’il agit selon sa nature et ses convictions intimes, le héros de L’Homme sans âge se condamne à l’échec ; et ce en dépit de cette « seconde chance » que le destin lui a donné. C’est donc en un sens un amer constat : refuser le sacrifice et respecter sa nature conduit à la défaite. Mais une défaite noble, précisément parce qu’elle naît de ce refus – une défaite à laquelle cette fameuse « troisième » rose sur laquelle se clôt le film retire définitivement le moindre goût amer.

8.5 Note globale

L'Homme sans âge procure une expérience cinématographique extraordinaire, de celles que l'on vit trop rarement dans les salles obscures. L'un des plus beaux rôles de l'acteur et réalisateur Tim Roth, excellent dans le film.

Francis Ford CoppolaTim Roth
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger...

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3 commentaires

  • LOPIDUSSE dit : 14 février 2011 à 16 h 04 min

    Permettais moi une lecture du film pour une meilleure compréhension, toujours meilleur que la plupart des critiques (pas la votre)qui laissent souvent transparaitre une vision décousue, une trame d’idées qu’ils ne peuvent épouser dans une compréhension totale du film de Coppola.
    Mon interprétation sous-entend que le vieil homme rêve avant de mourir. Rêve Freudien pour la valorisation d’un état psychique souvent déconsidéré par ailleurs, les critiques pensent parfois que Coppola fait preuve de « légèreté » pour un mysticisme ou une symbolique grossière, moi je pense que non.
    Le plus grand désir du vIeil homme étant l’achèvement de son oeuvre, évidemment. Par cette fabuleuse chance qu’il s’accorde dans la réécriture de son histoire, condensation d’images rêvées des instants les plus importants de sa vie, où il se voit comme le détendeur d’un savoir convoité par tous.
    Dans cette renaissance, les scènes en référence aux « forces surnaturelles » (télékinésie, métempsychose,…) doivent donc être analysées et reconsidérées sous l’oeil critique, ainsi par exemple, de lire un livre sans en ouvrir les pages renvoie à l’idée qu’il est humainement impossible (à l’échelle d’un seul homme) d’accomplir une oeuvre aussi colossale que celle de la recherche du protolanguage et du début de la conscience humaine.
    Autre exemple, l’apparition de sa muse sous les traits de sa défunte compagne, permet le mariage autrefois avorté de l’accomplissement de son oeuvre et de sa vie de couple, une symbiose tellement parfaite que la femme devient l’inspiratrice et qu’il suffit à l’homme de puiser au coeur même de la source, de la matrice. Dans le rêve c’est l’idée contraire à la réalité, le conduisant de manière inexorable vers une vie solitaire, de penseur ascétique, coupé du reste du monde, oublié dans l’inachèvement de son oeuvre par faute de temps et de matériaux.
    Dans cette renaissance, l’apparition de son double et le moteur même de cette nouvelle dynamique. Ainsi par référence à l’inconscience et sa violence intrasèque, un nouveau savoir devient possible.
    Sa nouvelle compagne devient pour son double un cobaye prêt à être sacrifié sur l’autel du savoir, l’espionne à la solde des nazis une pulsion assumée, la capture par le scientifique nazi une attraction possible.
    Mais jamais le linguiste décide de passer dans un camp ou l’autre, il reste en territoire neutre, en Suisse.
    A noter que la proposition de ralliement par les alliés (la scène avec le personnage interprété par Matt Damon) est tout aussi illusoire pour le linguiste que de travailler pour les nazis.
    Mais cette seconde vie est tout autant un échec que la première, pourquoi ?
    Parce que le linguiste entrevoit la fin de son oeuvre et la conclusion lui déplait profondément :
    « Le bien et le mal perdent de leur sens, dans l’absolu l’être fini par coïncider avec le non-être. »
    (Lecture de son manuscrit vers la fin du film).
    Il faut se rappeler que la passion du linguiste est la philosophie des religions et qu’il se trouve alors en opposition d’avec ses valeurs, il préfère briser le miroir pour faire disparaitre son double plutôt que de s’assumer ainsi. Se faisant il décide une nouvelle fois de ne pas achever son oeuvre, ou bien prend il conscience de la dureté de sa mission…..

    Répondre
  • Yvesbonneau dit : 20 novembre 2011 à 4 h 14 min

    Enfin une critique à la mesure de mon appréciation de ce film, qui est, pour moi, un des films les plus marquant qu’il m’est été donné de voir et surtout de sentir. Toutes les critiques que j’ai lu jusqu’à maintenant ont été négatives, au point d’en venir à douter de mon jugement ; malgré la sensation que le « populaire » ne pouvait saisir l’essence d’une telle oeuvre.
    Oubliez l’apparat, malgré que la photographie soit exceptionnelle. Oubliez la superficialité : Ce film exprime ce qu’il y a de plus profond en l’homme et en la vie.

    Merci à Rusty James pour sa critique, et surtout merci à M. Coppola pour avoir osé exprimer l’essence de l’art, et cette vérité personnelle qui peut si facilement être critiquée par ces gens ignorants.

    Yves Charbonneau

    Répondre
  • Laurent Laurent dit : 29 juin 2013 à 23 h 47 min

    Ce film pose les bonnes questions. Que doit-on faire une fois que l’on sait, quand on possède les réponses à des questions non encore posées? le savoir et la croyance du savoir sont-ils une seule et même chose? Le savoir est-il l’illusion de la vérité? Le moteur de l’homme, c’est l’imagination. Est-elle une transfiguration de la mémoire génétique? Comment savons-nous parfois sans jamais avoir appris? Tout n’est-il qu’illusion? L’instant T est-il réel par rapport à l’instant post-T? En tous cas, un film qui rend méditatif. Cinématographiquement, F.F. Coppola n’a rien a prouver. La lumière est pénétrante. Les acteurs sont tout en retenue. Tim Roth excelle dans ce jeu d’auto-conversation. N’oublions pas l’auteur roumain du scénario, qui nous rappelle que son pays est à la croisée des Mondes.

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