Film de Josh Lawson
Pays : Australie
Titre original : The Little Death
Année de sortie : 2014
Scénario : Josh Lawson
Photographie : Simon Chapman
Montage : Christian Gazal
Avec : Bojana Novakovic, Damon Herriman, Josh Lawson, Ben Lawson, Erin James, Patrick Brammall, Tasneem Roc, Lisa McCune
Maeve (gênée): I want you to rape me.
Paul: That’s it? That was your embarrassment? OK!
Maeve: Really?
Paul: Of course. You’re a ten, babe. You are a fucking ten. You’re a twenty out of ten, to me. You feel better?
Maeve: No… honey… not rate me. Rape me.
Avec If You Love Me…, Josh Lawson livre des variations à la fois drôles et tourmentées sur la petite mort
, et les chemins parfois sinueux qui y conduisent.
Synopsis du film
De nos jours, dans un quartier résidentiel de Sidney. Plusieurs couples explorent leurs fantasmes sexuels, pour le meilleur et pour le pire…
Critique de If You Love Me…
Le film choral est un genre piégeux : en mettant en scène de nombreux personnages et des situations distinctes, on prend le risque de ne faire qu’effleurer les choses et de masquer une certaine vacuité derrière une trame artificiellement riche. Le cas de If You Love Me… est un peu particulier car, la plupart des histoires n’ayant pas d’interactions directes avec les autres (malgré une relative unité de lieu), il tend à se rapprocher d’un autre genre, à savoir le film à sketches.
Plutôt habilement, Josh Lawson contourne ce « risque » en mélangeant les différents récits ; on a bien plusieurs histoires parallèles, mais les scènes consacrées à chacune d’elles sont dispersées au sein du film, et ne s’enchaînent pas directement (la structure n’est donc pas celle d’un film à sketches).

Chacune de ces histoires met en scène un couple vivant dans un quartier résidentiel de Sidney et dont l’un des membres, ou les deux conjointement, explore un fantasme sexuel spécifique. Ce thème aurait pu être prétexte à une déferlante d’humour vaseux, de blagues en-dessous de la ceinture ; mais voilà, If You Love Me… n’a pas été produit en France (où les comédies bas de gamme sont légion, même s’il y a régulièrement de bonnes surprises) mais en Australie, et Josh Lawson (pour son unique réalisation à ce jour ; l’homme est avant tout acteur) a opté pour une tonalité nuancée, mêlant humour et gravité.
En effet, les fantasmes des uns et des autres sont, dans le film, régulièrement sources de solitude, d’incompréhension, voire de malaise. Sans jamais juger ses personnages ni diaboliser leurs pulsions, l’auteur illustre bien que leurs désirs peuvent être difficiles à assumer, autant que dangereux à assouvir ; ils renvoient par ailleurs à une histoire, à une sensibilité et à des problématiques intimes que le film, intelligemment, laisse dans l’ombre.
Si chaque personnage bénéficie d’un temps d’exposition limité (c’est une contrainte liée au film choral), Lawson, aidé par des comédiens talentueux, parvient à leur donner suffisamment d’épaisseur pour qu’ils soient un peu plus que la simple illustration d’une fantaisie sexuelle problématique. L’ensemble s’affirme ainsi comme un divertissement certes modeste mais rythmé et non dénué de sensibilité et d’intelligence, d’autant plus que If You Love Me… s’achève par une séquence pleine de charme, mêlant des notes comiques, tendres et acides.
Bande-annonce
If You Love Me...
parvient, en dépit de sa construction en récits parallèles, à conserver une cohérence, une unité de ton et une bonne gestion du rythme. On appréciera un traitement équilibré entre humour (jamais lourd) et gravité (jamais plombante), une scène finale qui fonctionne particulièrement bien et plus globalement la manière nuancée, non moralisatrice et jamais sur-explicative avec laquelle le metteur en scène aborde le terrain, forcément glissant, des fantasmes sexuels.
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