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First Cow
Western 0

First Cow

Par Bertrand Mathieux · Le 2 février 2022

Film de Kelly Reichardt
Année de sortie : 2020
Pays : États-Unis
Scénario : Jonathan Raymond et Kelly Reichardt, d’après le roman The Half Life de Jonathan Raymond
Photographie : Christopher Blauvelt
Montage : Kelly Reichardt
Musique : William Tyler
Avec : John Magaro, Orion Lee, Toby Jones, Ewen Bremner, Scott Shepherd, Gary Farmer, Lily Gladstone

Une dizaine d’années après La Dernière piste, Kelly Reichardt signe un nouveau western sobre, authentique et délicat.

Synopsis du film

En 1820, dans l’Oregon. Otis « Cookie » Figowitz (John Magaro) est un cuisinier dont la sympathie et la douceur contrastent avec la brutalité des trappeurs avec lesquels il voyage, et dont il finit d’ailleurs par se séparer. Il rencontre par hasard King-Lu (Orion Lee), un immigrant chinois poursuivi par des russes, qu’il aide à se cacher.

Rapidement, une relation amicale se développe entre les deux hommes. Un jour, après que Lu eut amèrement constaté que l’homme pauvre n’a aucune chance de s’en sortir sans un coup du destin ou en bafouant la loi, les deux hommes ont l’idée de vendre des beignets au marché local, Otis connaissant parfaitement la recette de ces petits gâteaux.

Mais voilà, ils n’ont pas de lait sous la main – à moins qu’il ne traie la vache d’un riche propriétaire britannique (Toby Jones), en toute discrétion bien entendu…

Critique de First Cow

First Cow marque la troisième collaboration entre la cinéaste Kelly Reichardt et le romancier Jonathan Raymond, qui avaient déjà co-écrit ensemble La Dernière piste et Night Moves ; mais c’est en tout le cinquième film de Reichardt ayant un lien avec le travail de Raymond, dans la mesure où ses deux premiers longs métrages, Old Joy et Wendy et Lucy, étaient basés sur des nouvelles écrites par ce dernier, dont Reichardt avait signé seule l’adaptation en scénario.

First Cow est un western qu’on pourrait qualifier de naturaliste et de réaliste, dans la mesure où seule l’époque des faits qu’il relate l’apparente au genre cinématographique précité, dont le film ne reprend pas les codes esthétiques ou dramatiques les plus récurrents. Il ne fait pas tout à fait figure d’exception sur ce point : si le western est un genre largement perçu comme caricatural par de nombreux spectateurs et critiques, il a en réalité été plusieurs fois abordé par des auteurs peu soucieux de représenter des cowboys virils et des duels crépusculaires à l’écran. Cependant, l’approche développée ici par Reichardt et Raymond, similaire à celle déjà adoptée dans leur précédent western (La Dernière piste), reste nettement minoritaire si l’on prend l’ensemble des westerns déjà réalisés ; cette rareté lui donne d’ailleurs une valeur supplémentaire, comme les pépites que les pionniers américains recherchaient avec fièvre.

Le film se déroule dans le cadre de ce qu’on appelle aujourd’hui l’histoire des pionniers de l’Oregon, qui couvre les années 1806 à 1890 ; l’action de First Cow se situe précisément en 1820, soit plutôt au début de ladite période. Le film est d’abord une histoire d’amitié, celle liant un cuisinier timide et un immigrant chinois, deux sympathiques « pionniers » sans le sous qui tentent de gagner leur croûte comme ils le peuvent ; en toile de fond, il y a bien entendu les aspects historiques et sociaux dont le film, visiblement très bien documenté, rend compte avec un palpable souci d’authenticité.

Comme tous les films de Reichardt, First Cow propose un récit rigoureux, précis, limpide, qui évoque le meilleur de la littérature américaine ; il pourrait s’agir de l’adaptation d’une nouvelle d’Hemingway, par exemple. Le scénario est en effet un modèle d’écriture : chaque personnage est parfaitement bien défini ; le cadre social, géographique et historique est minutieusement détaillé ; la construction dramatique est d’une simplicité et d’une cohérence exemplaires.

Confié à un réalisateur ordinaire, le script de First Cow aurait pu toutefois n’être qu’un « joli film » (ce qui est déjà beaucoup, soulignons-le), mais Reichardt parvient à en révéler toute la quintessence grâce à cette admirable maîtrise du cadre (notons l’utilisation du format d’image 4/3, déjà utilisé sur La Dernière piste et plutôt atypique aujourd’hui, de surcroît dans un western) et du rythme, maîtrise qu’elle ne cesse de confirmer dans chacun de ses longs métrages (précisons qu’elle effectue le montage de tous ses films). On relèvera ici, entre autres, sa très belle manière de filmer la nature, qui dans le film occupe une place majeure, et cette façon qu’elle a de laisser les personnages, les lieux et l’action respirer, sans rien précipiter et sans pour autant tomber dans le piège d’un cinéma contemplatif narcissique et poseur.

Ce que First Cow illustre à travers, donc, cette histoire d’amitié sur fond d’exploration d’un Oregon encore sauvage et inexploré, ce sont bien sûr les éternelles inégalités sociales, en particulier celles entre le riche propriétaire de la « première vache » que désigne le titre du métrage, et les deux attachants pieds nickelés qui volent une partie de son lait pour confectionner des beignets et les vendre au marché local. Pire, le déroulement du récit montre que les pauvres, condamnés à tout faire pour survivre, se tirent fréquemment dans les pattes (un constat qu’on retrouve entre autres dans un récit plus contemporain, celui de Parasites).

Cette figure du grand propriétaire peu scrupuleux est souvent présente dans les westerns américains des années 70, largement empreints de contre culture. On la retrouve ici sous les traits d’un Toby Jones aussi convaincant que le reste du casting, dans lequel, outre les deux comédiens principaux (excellents Orion Lee et John Magaro), on notera la présence de Lily Gladstone, une comédienne de descendance indienne qui illuminait déjà le remarquable Certaines femmes (le précédent film de Reichardt), et celle de Gary Farmer, l’inoubliable acteur qui accompagnait l’errance poétique de Johnny Depp dans le western psychédélique Dead Man, de Jim Jarmusch.

8 Note globale

First Cow est un beau film d'amitié aux résonances sociales intemporelles, dont l'écriture et la mise en scène sont aussi précises que délicates. À noter également, la jolie partition du musicien folk William Tyler.

Buddy movieGary FarmerJohn MagaroKelly ReichardtLily GladstoneOrion LeeToby Jones
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

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