Projeté lundi au Festival de Cannes 2009, le dernier film de Lars Von Trier, Antichrist, a suscité des réactions extrêmement violentes. Et surtout, dans certains cas, totalement indignes de la part des journalistes.
Si la polémique va probablement servir le film, comme toujours, on peut légitimement s’étonner des critiques et de l’attitude de certains journalistes après la projection d’Antichrist – car, n’ayant pas eu la chance de le voir, c’est bien l’unique aspect que je peux commenter aujourd’hui.
L’histoire d’Antichrist
Pour rappel, Antichrist, en compétition au Festival de Cannes, raconte l’histoire d’un couple, joué par Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe (To Live and Die in L.A., de Friedkin), qui se retire dans un chalet en pleine nature (lieu symboliquement appelé Eden), après la mort accidentelle de leur enfant, tombé par la fenêtre tandis que ses parents faisaient l’amour.
Le mari, psychothérapeute, va tenter d’aider sa femme à gérer son sentiment de culpabilité, mais celle-ci, travaillant sur une thèse à propos de la sorcellerie, va peu à peu associer la nature environnante à Satan, la femme à la nature et, donc, la femme à Satan.
Des réactions indignes du journalisme
On peut comprendre que Antichrist puisse choquer – il comporte des scènes très violentes – et déplaire, mais on ne peut qu’être consterné par les arguments – ou absence d’arguments – de la plupart des journalistes qui l’ont critiqué. Pendant la conférence de presse à Cannes, un journaliste anglais a demandé à Lars Von Trier de se justifier auprès de la presse. You’re my guests
, lui a habilement répondu le metteur en scène danois. Depuis quand un artiste doit-il se justifier de telle ou telle œuvre ? Expliquer pourquoi il a fait tel film, ou écrit tel livre ?
Ensuite, on a droit aux habituelles accusations de misogynie ; d’abord, sans avoir vu le film, ne confond t-on pas les sentiments du personnage joué par Charlotte Gainsbourg et le point de vue du réalisateur ? Ne procède t-on pas à un raccourci grotesque ? Et quand bien même, en admettant que le film soit misogyne, ne serait-il pas de l’art pour cette seule raison? Personnellement, je pense que l’on peut désapprouver le point de vue véhiculé par une œuvre d’art – et encore une fois, je doute qu’il soit si simpliste, de la part du réalisateur de Dogville – et admirer la manière dont un individu l’exprime. Taxer le film de misogyne, c’est exprimer un sentiment, une opinion personnelle ; on est loin, en tous cas, d’un travail de critique de cinéma et même de journaliste. C’est une réaction de comptoir, en somme.
Pendant la projection à la presse le dimanche soir à Cannes, le métier de journalisme a été bel et bien honoré par ses pratiquants : rires, sifflets, et même un « sale pute » lancé au cours d’une scène de masturbation.
C’est décidément bien les journalistes qui devraient se justifier d’un tel comportement, et non Lars Von Trier d’avoir réalisé Antichrist – qu’il me tarde, personnellement, de découvrir.
Un commentaire
j ai beaucoup aime ce film je ne le trouve pas du tout misogyne au contraire je trouve qu il montre exactement ce que une femme peut ressentir pendant l instant ou le desir et la mort se rencontrent et la culpabilite que ressent en toute evidence l heroine du film .merci a vous monsieur lars von trier ainsi que charlotte et son partenaire . marie