Il s’agit d’un court extrait du film Police fédérale Los Angeles (lire la critique), de William Friedkin (sorti en 1985), dans lequel on retrouve l’inspecteur Chance (William L. Petersen) et sa maîtresse Ruth (Darlanne Fluegel, vue notamment dans Les Yeux de Laura Mars et Il était une fois en Amérique), qui est aussi son indicatrice. La scène se passe chez cette dernière.
Cette séquence très simple est toutefois révélatrice de plusieurs aspects du film.
I was reading about the stars…
Au tout début de la scène, Ruth, inspirée par une de ses lectures, confie à Chance qu’elle pense que les étoiles sont les « yeux de Dieu » ; et lorsqu’elle lui demande s’il y croit également, l’intéressé répond aussitôt « non ». Cette réponse n’a rien de surprenant : Chance est un personnage qui ne croit en pas grand-chose, voire en rien ; c’est un « fonceur » qui ne s’embarrasse pas avec le mystique ou les sentiments. Cet échange est aussi révélateur de la vision du film dans son ensemble : il n’est nulle question de foi, de croyance ou d’espoir quelconque dans Police Fédérale Los Angeles. Il s’agit d’un film quasiment nihiliste, où rien n’a vraiment de valeur et d’importance (le « méchant », campé par Willem Dafoe, brûle ses propres tableaux, et l’intrigue tourne autour d’un trafic de faux billets), et où les mêmes schémas (dérisoires) se répètent inlassablement. Quant à la mort, elle n’a aucune dimension dramatique ou romantique, comme le sous-entend le titre original (Vivre et mourir à Los Angeles).
Dès lors, on ne s’étonnera pas davantage de la réponse de Chance lorsque Ruth lui demande ce qu’il ferait si elle cessait de lui donner des informations : « J’annulerai ta liberté conditionnelle ».
Enfin, la scène est amusante car elle souligne le côté égoïste et flambeur de Chance, notamment quand il remonte la fermeture de sa veste en cuir et jette un regard implacable à sa compagne, avant de partir sans plus de cérémonie.
Comme dans la plupart des films de Friedkin, il n’y a pas de héros dans Police fédérale Los Angeles, et les sentiments de Ruth résonnent ici dans le vide – un vide qui, dans le film, semble happer les choses et les êtres ; d’ailleurs, le dada de Chance est le saut à l’élastique…
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