Film de Dave Franco
Année de sortie : 2020
Pays : États-Unis
Scénario : Dave Franco, Joe Swanberg
Photographie : Christian Sprenger
Montage : Kyle Reiter
Musique : Danny Bensi, Saunder Jurriaans
Avec : Dan Stevens, Alison Brie, Sheila Vand, Jeremy Allen White, Toby Huss
Variation sur les week-ends entre amis qui tournent mal, à la sauce Airbnb, The Rental se distingue par le soin accordé aux personnages et par la qualité de la mise en place. Une bonne surprise, bien que frustrante dans son dénouement. Le film sortira sur les écrans français le 19 août 2020.
Synopsis du film
Charlie (Dan Stevens) et Mina (Sheila Vand) forment un duo d’associés efficace et complémentaire, qui s’entendent au travail comme dans la vie. Charlie est marié à Michelle (Alison Brie), tandis que Mina est la petite amie de Josh (Jeremy Allen White), le frère de Charlie.
Tous quatre décident de s’offrir un week-end dans une propriété luxueuse, louée par un certain Taylor (Toby Huss).
D’emblée, une tension naît entre le propriétaire et les locataires, le premier ayant décliné la demande de réservation faite par Mina avant d’accepter celle faite par Charlie. Mina est en effet convaincue que ce refus est lié à ses origines iraniennes, ce que l’attitude de Taylor tend à confirmer.
Mais tous souhaitent néanmoins profiter de ce week-end au bord de l’océan. Ce qui ne va pas forcément s’avérer si facile : d’abord parce que la relation entre Charlie et Mina semble quelque peu ambiguë, ensuite parce qu’il semblerait bien qu’un inconnu les observe…
Critique de The Rental
Avant de tourner son tout premier film – celui qui nous intéresse ici –, Dave Franco menait exclusivement une carrière d’acteur. On l’a vu en effet dans des longs métrages pas toujours inoubliables d’ailleurs (21 Jump Street ; Nos pires voisins…), ainsi que dans 6 Balloons, dont l’accueil critique a été favorable ; mais de toutes manières, sa filmographie en tant que comédien ne donne guère d’indications quant à son possible talent de cinéaste.

Talent bien réel, ainsi qu’on peut rapidement le constater en regardant The Rental, qu’il a lui-même co-écrit avec Joe Swanberg, et qui en termes de réalisation témoigne d’un savoir-faire évident. Sur le papier, la trame paraît classique (ce qui n’est pas une critique en soi) : les vacances ou plutôt, ici, les week-end entre amis qui tournent mal, sont légion dans le cinéma d’épouvante. Mais il y a mille et une manière de développer un récit à partir du même point de départ, et celle qu’ont choisi Franco et Swanberg ici est plutôt maline et efficace.

En effet pendant un long moment, et même si certains détails nous rappellent qu’on se situe dans le cinéma de genre, The Rental s’applique à décrire les quatre personnages, leur passé et leurs relations, avec autant de soin que si on se situait dans une comédie dramatique intimiste, et cela fonctionne : le quatuor est plutôt bien croqué, et chacun des comédiens contribue, via une interprétation convaincante, à parfaire cette caractérisation réussie (on notera la présence de la comédienne Alison Brie, vue notamment dans Mad Men, et de Sheila Vand, qui possède une présence particulièrement intéressante à l’écran).

Intelligemment, le film aborde, quoique de façon assez sommaire, le thème du racisme aux USA, via un détail du scénario qui a une double fonction : renvoyer à une réalité sociale indéniable, et générer d’emblée une certaine tension dans la narration. Tension qui grandit ensuite essentiellement sur la base d’éléments intimes (dont l’attirance entre Charlie et Mina), et non par rapport à des événements purement horrifiques. Ainsi, si l’on sent assez vite que les quatre amis sont observés, cette perspective sert avant tout à mettre en relief leurs problématiques personnelles, leurs tâtonnements respectifs, leurs différences aussi.

On se demande un peu comment le film va faire le lien entre ces tensions intérieures et la menace extérieure que la mise en scène, précise et élégante, suggère régulièrement et sur ce point, The Rental s’avère un peu bancal. Certes, la montée de la tension est tout à fait maîtrisée ; certes, le film est immersif, inquiétant et même effrayant par moments ; certes, le scénario exploite plutôt habilement un phénomène actuel (la location façon Airbnb) pour créer un sentiment de paranoïa ; mais le dernier quart d’heure, si efficace soit-il, semble balayer un peu trop raidement les enjeux esquissés auparavant. En d’autres termes, on a presque l’impression qu’un second film, dans le registre du pur slasher, commence sous nos yeux, n’entretenant avec le premier que des connexions finalement assez minces.

Il faut toutefois noter que la fin laisse la place à une possible séquelle, évoquée par Dave Franco à l’occasion d’interviews ; celle-ci lui permettra peut-être de préciser son propos ou sa démarche. Dans tous les cas, et même s’il s’achève sur une note un peu frustrante, The Rental se hisse parmi les bonnes surprises de l’été 2020 dans le rayon du cinéma d’horreur.
Bande-annonce
The Rental capte rapidement l'attention du spectateur, grâce à des personnages bien écrits et à une réalisation soignée. Il souffre néanmoins d'un certain déséquilibre, causé par un final qui envoie valser tout ce que le film avait habilement mis en place pendant la première heure. Mais cette impression finale un peu mitigée ne fait pas oublier les qualités du premier long métrage de Dave Franco. Sortie cinéma prévue pour le 19 août en France.
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