Film de Ping Lumpraploeng
Année de sortie : 2018
Pays : Thaïlande
Scénario : Ping Lumprapleng
Photographie : Prayuk Srithongkul
Musique : Chapavich Temnitikul
Avec : Theeradej Wongpuapan, Ratnamon Ratchiratham
The Pool, projeté au PIFFF 2019, est un crocodile movie qui se classe parmi les (très) rares réussites (toutes relatives) de ce sous-genre, même s’il accuse quelques fautes de goût.
Synopsis du film
Après le tournage d’une publicité qui a nécessité l’utilisation d’une grande piscine, Day (Theeradej Wongpuapan) s’offre un peu de repos, étendu sur un lit flottant. Quand il réalise que le bassin est en train de se vider peu à peu, il est déjà trop tard : le rebord est hors de sa portée. La situation de Day est d’autant plus problématique que le bassin est situé dans une zone isolée, et qu’un crocodile s’est échappé d’un zoo…
Critique de The Pool
Comme le soulignaient à juste titre, avant la projection de The Pool au PIFFF, Cyril Despontin et Fausto Fasulo – tous deux membres de l’équipe du festival et co-responsables de sa programmation -, le crocodile movie est un sous-genre (du monster movie) qui satisfait rarement ses amateurs, du moins s’ils sont un minimum exigeants. On citera le très convaincant Rogue (2007) parmi les exceptions (et le regardable Crawl, d’Alexandre Aja), auxquelles s’ajoutera désormais le dernier long métrage du cinéaste thaïlandais Ping Lumpraploeng.
La bonne idée du film est d’opter pour une trame à la fois minimaliste (pratiquement toute l’action se déroule dans une piscine vide) et métaphorique, l’épreuve subie par le héros illustrant, en filigrane, son parcours intime initiatique (autant, d’ailleurs, que celui de l’auteur, qui traversait au moment de l’écriture de The Pool une phase difficile sur le plan personnel).
L’unité de lieu, et le nombre restreint de personnages, représentaient un défi de mise en scène plutôt bien relevé par Ping Lumpraploeng, lequel parvient à maintenir l’attention du spectateur grâce à son sens du rythme, une réalisation soignée et des trouvailles scénaristiques simples mais efficaces.
Le comportement plutôt crédible du crocodile (qui ne devient réellement agressif qu’au bout d’un certain temps, quand la faim le tenaille – on est loin des reptiles psychopathes de Crawl) et sa modélisation particulièrement convaincante contribuent également, dans une large mesure, à la relative réussite du film.
Relative, car le dernier quart d’heure souffre de quelques lourdeurs, dont un héroïsme un peu grotesque et surtout une mièvrerie dégoulinante, typique de certains films asiatiques (et qui se cristallise ici dans une chanson horriblement sirupeuse). Ajoutons à cela un discours a priori peu progressiste sur l’avortement ; mais sur ce point, il faut rappeler que cette pratique est toujours illégale, et largement tabou, en Thaïlande : on se gardera donc de faire trop hâtivement la leçon au metteur en scène (dont le point de vue reste d’ailleurs nuancé et peu explicite).
Un peu plus d’ironie ou de sobriété dans la conclusion n’aurait donc pas été de trop. C’est dommage, certes, mais cela n’ôte pas la totalité de ses atouts à ce film divertissant et finalement assez personnel, qui reste meilleur que nombre de ses « cousins ».
Consulter le site officiel du Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF)
The Pool parvient à revisiter plutôt intelligemment le film de crocodile (dont les codes sont ici détournés pour raconter avant tout un cheminement personnel), même s'il n'est pas exempt de défauts, notamment dans sa dernière partie.
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