Film de Sidney Lumet
Année de sortie : 1972
Pays : Royaume Uni
Scénario : John Hopkins
Photographie : Gerry Fisher
Montage : John Victor-Smith
Musique : Harrison Birtwistle
Avec : Sean Connery, Trevor Howard, Ian Bannen, Vivien Merchant.
Privé de sortie nationale en France car le film présentait l’acteur Sean Connery dans un rôle trop sombre, The Offence, de Sidney Lumet, est un polar particulièrement sombre et intense où le célèbre acteur britannique livre une prestation remarquable.
Synopsis du film
Dans une banlieue quelconque du nord de l’Angleterre, l’inspecteur Johnson (Sean Connery) recherche activement un criminel qui agresse sexuellement des enfants. Après une nouvelle agression sur une petite fille retrouvée dans un bois, la police finit par arrêter un individu suspect, Kenneth Baxter (Ian Bannen).
Suite à des premiers interrogatoires infructueux, Johnson décide d’interroger le suspect en tête en tête. Passé un long moment, des policiers, alertés par des cris, font irruption dans la salle et découvre l’homme gisant à terre. L’inspecteur lui a manifestement porté des coups violents, et Baxter est hospitalisé en urgence.
The Offence reconstitue progressivement le puzzle de l’interrogatoire, jusqu’à nous révéler ce qui a déclenché la fureur de Johnson…
Critique de The Offence
Il fallait un coup de chance pour remarquer, au cours de l’été 2007, la sortie – dans quelques salles en France – de The Offence, un film de Sidney Lumet réalisé… en 1972. En effet, parce qu’il pouvait nuire à l’image de l’acteur Sean Connery (alors toujours fortement associé à la saga James Bond, même s’il s’était déjà distingué devant la caméra d’Alfred Hitchcock et Martin Ritt, entre autres), le film n’a pas traversé la Manche à l’époque, ce qui priva les spectateurs français de sa vision certes dérangeante mais ô combien intéressante. Pression de l’agent du comédien ? Des producteurs ? Difficile à dire. Dans tous les cas, sur le plan purement artistique, ce fut une bien malheureuse décision.
D’abord, il s’agit de l’un des meilleurs rôles de Sean Connery : le comédien compose avec brio un personnage complexe et torturé, excellant dans un registre qu’il n’avait jusqu’alors jamais eu l’opportunité d’explorer. Ensuite, The Offence est incontestablement une des grandes réussites de Sidney Lumet (qui avait déjà dirigé Connery dans La Colline des hommes perdus et dans Le Dossier Anderson), ce qui n’est pas peu dire quand on songe à la filmographie impressionnante du réalisateur américain.
Connu pour sa maîtrise de l’exercice délicat du huit clos (il est l’auteur notamment de Douze hommes en colère et de Point limite, deux sommets du genre), Lumet exprime brillamment l’intensité des scènes d’interrogatoire, particulièrement chargées en enjeux psychologiques et dramatiques. Sa mise en scène, conjuguée à une bande son très travaillée, parvient à donner au film la dimension fiévreuse et tourmentée qui correspond à l’état d’esprit du personnage principal. Il utilise également fort bien le cadre géographique (anonyme) de l’histoire, soit une banlieue anglaise grise, pluvieuse et brumeuse qui contribue indubitablement à ancrer The Offence dans une atmosphère de polar particulièrement noir et sordide (que l’on retrouvera bien plus tard dans la trilogie Red Riding).
The Offence se compose d’un long flashback qui permet de comprendre peu à peu la scène d’ouverture et surtout les motifs de la colère de Johnson, surpris par ses collègues alors qu’il vient de passer un suspect à tabac. Le scénario nous éclaire peu à peu sur sa personnalité peu avenante et surtout sur son authentique détresse.

En effet, l’inspecteur Johnson est hanté par les souvenirs incontrôlables des scènes de crime qui ont ponctué sa carrière, surgissant sous forme de flashs. Habité par le mal, il n’est plus vraiment capable de détacher sa conscience de ces actes abominables, dont il partage en partie la culpabilité avec leurs véritables auteurs. Ces images traumatisantes deviennent en quelques sortes une part de lui-même, happant au passage son équilibre moral et psychique. Son face-à-face avec Baxter va directement le confronter à cette part douloureuse de lui-même, et le film traite ainsi de la manière dont le mal et la violence peuvent entamer profondément la conscience de l’individu qui en est le témoin.
Nous sommes donc dans le registre du polar psychologique, avec un aspect assez théâtral même si Lumet évite le piège du théâtre filmé par le biais d’une réalisation à la fois sobre (il était peu friand des effets de mise en scène démonstratifs) et néanmoins sophistiquée. Devant sa caméra, Sean Connery et Ian Bannen s’affrontent avec une égale justesse de jeu, le second renvoyant le premier à une violence humaine que Johnson ne peut plus tolérer, dont il ne parvient plus à se détacher. Un personnage de flic hanté relativement classique sur le papier, mais que la composition de Sean Connery et la mise en scène de Lumet rendent particulièrement saisissant et mémorable.
Avec The Offence, Sean Connery démontrait à nouveau, après des rôles dans des films passionnants tels que Pas de printemps pour Marnie, La Colline des hommes perdus et The Molly Maguires, qu'il pouvait incarner des personnages très différents du mythique agent secret séducteur imaginé par Ian Fleming (dont il reste d'ailleurs l'interprète le plus légendaire). Sa performance est excellente, et la caméra précise et déjà expérimentée de Lumet en saisit toutes les nuances (de noir). Un polar aussi sombre que magistral.
8 commentaires
Si je dis que ça a l’air vachement bien on va me dire que je me répète. Mais bon quand même. Vivement le DVD !
Voilà un bon film de nouelle à passer aux enfants pendant que les grands sirotent.
Non?
Non, ptêtre pas en fait.
Pétronille qui perd les cartes de réduction – au bûcher, au bûcher !
peut-être pas effectivement…
concernant le DVD : http://www.amazon.co.uk/Offence-Sean-Connery/dp/B0002VF534
pas de sous-titres français en revanche…
Rien à voir, mais est-ce que le Suspicion de 2000 est un remake?
Pétronille qui teste la connaissance du Poulpe.
Non, suspicion est le (pâle) remake de « garde à vue » de claude miller
Merci pour l’info sur le DVD ! ;o)
Votre article gagnerait en sérieux à être plus précis: qui a composé la musique, chef-opérateur, etc…
Ces informations sont en effet intéressantes mais rarement présentes sur les sites de critiques de films.
Les détails sur l’équipe technique sont plus des données que l’on trouve sur des sites plus « informatifs » (imdb) voire encyclopédiques (wikipedia).
En revanche il m’arrive souvent de mentionner le chef op, le scénariste, etc., dans l’article même.