Film de Monte Hellman
Titre original : Ride in the Whirlwind
Année de sortie : 1966
Pays : États-Unis
Scénario : Jack Nicholson
Photographie : Gregory Sandor
Montage : Monte Hellman
Avec : Jack Nicholson, Cameron Mitchell, Harry Dean Stanton, Millie Perkins.
Écrit par Jack Nicholson, qui interprète également l’un des rôles principaux, L’Ouragan de la vengeance est un western réaliste et dépourvu du moindre romantisme, caractéristique du style de Monte Hellman.
Synopsis de L’Ouragan de la vengeance
Trois cow-boys tombent par hasard sur une bande de hors-la-loi qui leur offrent l’hospitalité pour une nuit. Le lendemain matin, une patrouille de vigilantes ouvre le feu sur la cabane qui abrite les bandits, et également sur les trois hommes qui s’apprêtaient à quitter leur campement.
Critique du film
Hellman et la contre culture
Si les films – plutôt rares – de Monte Hellman n’ont jamais rencontré de succès commercial, plusieurs d’entre eux ont bénéficié d’une forte reconnaissance critique, accédant même au statut, parfois encombrant et un peu inapproprié, de film culte. C’est le cas particulièrement de Macadam à deux voies, un road movie atypique et désabusé réalisé en 1971, mais aussi, dans une moindre mesure, des deux westerns The Killing et L’Ouragan de la vengeance, tournés en 1965, qui seront directement diffusés à la télévision en 1968. Jack Nicholson a coproduit et a joué dans ces deux films, signant également le scénario du second.
Si ces westerns atypiques sont difficilement comparables à d’autres, on les associa, bien plus tard, à un genre appelé acid western, dont ils furent d’ailleurs considérés comme les précurseurs. L’acid western type dépeint une société synonyme d’enfermement et de mort, où le voyage ne mène nulle part (dans The Killing, le personnage joué par Warren Oates finit par trouver son propre double dans le désert ; dans Pat Garrett et Billy the Kid, le shérif interprété par James Coburn conclut sa quête en tirant une balle de revolver dans son propre reflet), et est fortement imprégné de la contre culture des années 60 et 70.

Jack Nicholson
L’Ouragan de la vengeance ne brille effectivement pas par son optimisme ; l’ouest américain y apparaît comme un territoire aride, miné aussi bien par le crime que par une justice aveugle, expéditive et meurtrière, et dans laquelle l’individu modeste et honnête a bien du mal à trouver sa place. En témoignent ces trois cow-boys fatigués et usés par le travail qui vont subir les foudres d’une justice barbare, incarnée par une bande de vigilantes aux méthodes guère plus morales que celles des criminels qu’ils traquent. « Ce n’est pas un pays pour la marche », déclare Otis (Tom Filer), un des trois cow-boys, alors que ceux-ci croisent le cadavre d’un homme pendu. L’ouest filmé par Monte Hellman ne véhicule aucun idéal de conquête et de réussite, ni aucune forme de romantisme. Lassés par leur condition et par la violence ambiante, les hommes y paraissent profondément désabusés (de nombreux plans montrent leurs visages marqués par la fatigue et la lassitude). La vision de l’Amérique des années 70 dans Macadam à deux voies, du même Monte Hellman, n’est d’ailleurs pas très différente, et c’est sans doute la raison pour laquelle on associa son cinéma à la contre culture de l’époque.
Comme dans Macadam à deux voies et ses courses en voiture volontairement peu excitantes, le réalisateur évite ici toute forme de spectaculaire quand il tourne une scène de violence ; dans L’Ouragan de la vengeance, les coups de feu semblent en effet résonner dans le vide, comme une rengaine entêtante qui renvoie à une réalité un peu absurde et vaine.
Le réalisme de L’Ouragan de la vengeance
L’Ouragan de la vengeance se caractérise également par le réalisme saisissant des personnages, des dialogues et des situations – réalisme que la mise en scène sobre de Hellman ne cherche jamais à sublimer (à travers, par exemple, des longs plans contemplatifs sur les paysages de l’ouest américain). Les cow-boys essaient de se sortir comme ils peuvent d’une situation à laquelle ils ne sont pas préparés, et les bandits cloîtrés dans la cabane tirent vainement quelques coups de feu avant de se laisser pendre. Les réactions des uns et des autres, loin d’être héroïques, sont crédibles, et une multitude de détails (les douleurs dans les pieds ; Nicholson qui perd ses éperons dans la fuite ; le tireur embusqué qui change de fusil pour une meilleur portée ; le froid, la fatigue et la faim éprouvés par les personnages) confèrent à l’ensemble un aspect réaliste et authentique qu’on avait alors peu vu dans les westerns, en tous cas à ce point, et qui frappe encore aujourd’hui.

Harry Dean Stanton
Si le statut de film culte qu’elles ont peu à peu acquis peut contribuer à une mauvaise approche des œuvres de Monte Hellman, il reste que sa vision désabusée de l’Amérique et son style réaliste et sobre en font un réalisateur unique et atypique. Original et sans fioritures, L’Ouragan de la vengeance fait indéniablement partie de ses réussites.
Le film permet également de retrouver deux grands acteurs américains, Jack Nicholson (Easy Rider, Shining, 5 pièces faciles, Vol au-dessus d’un nid de coucou, …) et Harry Dean Stanton (Pat Garrett et Billy the Kid, The Missouri Breaks, Paris Texas, Fool for Love, …), dans le rôle de l’un des hors-la-loi.
L'Ouragan de la vengeance est un "acid western" réaliste, sobre et épuré, à des années lumières du romantisme que le cinéma américain associa parfois au genre. Il tire de cette approche un cachet indéniable, que le poids des années n'a pas altéré.
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