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Profession Reporter (The Passenger)
Drame 10

Profession : Reporter

Par Bertrand Mathieux · Le 4 mars 2008

Film de Michelangelo Antonioni
Titre original : The Passenger
Année de sortie : 1975
Pays : Italie, Espagne, France
Scénario : Mark Peploe, Peter Wollen et Michelangelo Antonioni
Photographie : Luciano Tovoli
Montage : Michelangelo Antonioni, Franco Arcalli
Musique : Ivan Vandor
Avec : Jack Nicholson, Maria Schneider, Jenny Runacre, Ian Hendry.

David Roberston: How about Umbugbene ? I bet you’ve never been to Umbugbene.
David Locke: No.
David Roberston: Terrible place. Airports, taxi, hotel…They’re all the same in the end…
David Locke: I don’t agree. It’s us who remain the same.

Dialogues entre David Locke (Jack Nicholson) et David Robertson (Chuck Mulvehill) dans Profession Reporter (The Passenger).

Profession : Reporter (The Passenger), de Michelangelo Antonioni, s’interroge sur le conditionnement de notre perception du monde par nos propres habitudes, et livre une fascinante variation sur le thème de l’identité et du libre arbitre.

Synopsis de Profession Reporter

Le journaliste David Locke (Jack Nicholson) réalise un reportage sur une guerre civile en Afrique. De retour à l’hôtel où il est installé, suite à une expédition dans le désert au cours de laquelle il a vainement tenté de rencontrer les opposants au pouvoir, il découvre un client de l’hôtel, David Robertson, mort dans sa chambre – apparemment d’une crise cardiaque.

Frappé par sa ressemblance avec le cadavre, David Locke décide d’intervertir leurs identités, c’est-à-dire de se faire passer pour mort et de devenir David Robertson.

Critique du film

Les habitudes : une prison sensorielle et intellectuelle pour l’homme

Typique du cinéma d’Antonioni par sa lenteur hypnotique, Profession : Reporter (The Passenger) est un film d’une grande beauté sur un thème pas si souvent abordé au cinéma, en tous cas de cette manière : l’enfermement que représente, pour l’individu, les habitudes et les préjugés qu’il a accumulés au cours de son existence.

Ainsi, si dans la plupart des films de genre (car Profession : Reporter en est un), le personnage principal change d’identité pour fuir une menace quelconque, des gangsters ou des policiers, ce n’est en rien le cas de David Locke (Jack Nicholson), qui n’a strictement aucune raison logique, matérielle, vitale, d’usurper l’identité d’un homme dont il ignore à peu près tout – et ceci alors que sa carrière et sa vie personnelle ne présentent aucune difficulté particulière.

En réalité, l’essentiel est dit au cours de la conversation qui a lieu entre les deux hommes au début de Profession reporter, conversation que David Locke réécoute alors qu’il effectue les quelques manipulations nécessaires à son projet (le journaliste possédant un enregistreur qui était en marche au moment de la discussion). Réagissant au propos de son interlocuteur selon lequel tous les endroits au monde se ressemblent, David Locke affirme que ce ne sont pas les villes, les paysages qui sont les mêmes, mais l’individu qui voit tout de la même manière : à travers le filtre de ses habitudes. Un filtre qui démystifie perpétuellement l’environnement de l’homme et ne lui permet plus d’apprécier la beauté.

C’est donc, en un sens, une quête de ferveur et de vérité que celle du personnage principal de Profession : Reporter ; il espère que se glisser dans l’identité d’un autre, tout en mourant « officiellement », va lui permettre de retrouver une perception de la vie et des autres absolument pure et neuve. Il semble également être las de la neutralité, de la passivité dont il doit faire preuve dans sa démarche journalistique.

Profession : Reporter (The Passenger) tient également un propos plus pessimiste à travers le récit que David fait à une jeune femme rencontrée par hasard en Espagne (Maria Schneider, célèbre notamment pour son rôle dans Le Dernier Tango à Paris de Bertolucci) : un aveugle recouvre la vue et, d’abord émerveillé par le monde, il finit par ne plus voir que la laideur partout autour de lui et se suicide. Cette histoire peut être interprétée de deux manières : la première aboutissant au même constat que celui dressé par David Locke à l’hôtel (l’homme s’habitue à son environnement et finit par ne plus l’apprécier, le ressentir), la seconde, plus sombre, impliquant que c’est la première perception de l’homme qui est fausse, et que le temps ne fait que lui révéler une laideur qu’il ne percevait pas avant mais qui est inhérente au monde.

Une dernière image éternelle

David Locke, poursuivi à la fois par les services secrets (l’homme dont il a usurpé l’identité était un trafiquant d’armes) et par ses proches qui soupçonnent la supercherie, réalise peu à peu que sa tentative est vaine et désespérée, même si le film est ponctué de brefs instants où il semble percevoir, ressentir à nouveau une certaine forme de grâce et de liberté.

Beaucoup de critiques de cinéma ont salué le plan séquence final de sept minutes, particulièrement saisissant et surtout original, où Antonioni dilue le temps avec génie. Mais on peut également garder comme souvenir de Profession : Reporter son ultime image : celle d’un village espagnol dont l’atmosphère crépusculaire est comme une ode à l’échec du personnage principal – ce passager que mentionne le titre original.

Un échec évident, éternel, sublime : celui des tentatives perdues d’avance.

8.5 Note globale

Profession reporter est une œuvre crépusculaire sur l'impossibilité d'échapper à soi-même et de redécouvrir la beauté du monde. Amer constat que le dernier plan du film synthétise à merveille.

Jack NicholsonMaria SchneiderMichelangelo AntonioniQuestionnement identitaire
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger...

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10 commentaires

  • Pétronille dit : 5 mars 2008 à 12 h 08 min

    Trop sympa Umbugbene comme prénom ! Si j’ai un fils je l’appellerai Umbugbene. Toutes ces pierres qu’il va recevoir, ça l’endurcira !

    Répondre
  • Pétronille dit : 5 mars 2008 à 12 h 09 min

    Dites donc, en 75 les jeans étaient super serrés ! tu m’étonnes qu’il gueule, plié comme ça, ça doit sévèrement lui pilonner la burne !

    Répondre
  • Pétronille dit : 5 mars 2008 à 12 h 15 min

    The Passenger = Profession reporter ?
    Youhou, encore un titre bien traduit, quel bonheur.

    Après Death at the corner = Des amis pour la vie ; Cry me a Blood River = Tout pour mon Bébé et Die out, die away = Une Colo d’Enfer… mais où s’arrêteront-ils ?

    Répondre
  • Georges dit : 6 mars 2008 à 16 h 03 min

    Je ne connaissais pas du tout Michelangelo Antonioni, en fait je ne connais pas du tout Michelangelo Antonioni, mais ces critiques sont tellement claires et fluides qu’elles donnent envie de découvrir le film, quel qu’il soit.

    Ici, The Passenger (« Profession reporter », mais pourquoi traduire « The Passenger » par « Profession reporter? » c’est vraiment une traduction étrange, c’est vrai quoi, « profession reporter », quel rapport?) donne vraiment envie de regarder ce film, même si les termes de « contemplatif » et de « longs plans-séquences » laissent entendre qu’il ne s’agit pas du format clip d’une heure vingt-cinq hérité des années 80 et des clips vidéos.. chez Citizen, je me demande si vous ne faites pas ici une autre prouesse, celle de manier l’euphémisme avec brio…

    Toujours est-il que Jack Nicholson est un acteur que j’apprécie tout particulièrement et que j’aimerais beaucoup découvrir dans ce film d’Antonioni.

    Dites-nous en plus : avez-vous les noms des responsables photo, lumière, habilleur? De tous ces acteurs dans le film qui fait le film ?

    Cher Citizen, Gloire à Michelangelo Antonioni, gloire à jack Nichloson, gloire à The Passenger.

    Répondre
  • yazz dit : 4 décembre 2010 à 10 h 33 min

    « Profession de Reporter » est un film saisissant….La phrase de Citizen »l’enfermement que représente, pour l’individu, les habitudes et les préjugés qu’il a accumulés au cours de son existence » me fait penser au titre du livre de Lévinas « Autrement qu’être »….Le film montre à quel point l’Homme finit littéralement écrasé par son identité, impossible d’y échapper, ce même lorsqu’il tente de changer d’identité »…Lévinas suggérait pour sortir de l’en soi « Autrement qu’être » pour ne pas être condamné à rencontrer son propre néant… Antonioni lui répond par la négative…
    « Profession Reporter », un film troublant et vertigineux sur la difficulté de traverser la vie dans sa propre peau…l’Homme semble nous dire Antonioni est d’abord et avant tout victime de lui même, subissant l’essence de son être sans pouvoir y échapper, si ce n’est par la mort…Vision fataliste de la condition humaine…
    Georges, si vous ne connaissez pas le films d’Antonioni, voir le sublime « l’Aventura ». Un chef d’œuvre…

    Répondre
    • Citizen Poulpe dit : 4 décembre 2010 à 19 h 36 min

      Je n’ai toujours pas vu « l’Aventura » ! mais ça ne saurait tarder, merci de m’avoir rappelé ce film. D’ailleurs, je n’ai vu que trois films d’Antonioni (Profession reporter, Blow up – j’ai appris que c’était inspiré d’une nouvelle de Cortazar, super écrivain – et zabriskie point).

      Répondre
  • yazz dit : 16 décembre 2010 à 21 h 38 min

    Je classe Antonioni dans mon top 3 des cinéastes favoris…Faut aussi voir « Blow Up » et effectivement « Zabriskie Point »…Pour ma aprt, j’ai vu quasiment tous es films…Certains comme « Le Désert Rouge » ou « l’Éclipse  » y sont plus cérébraux, donc plus difficile d’accès, mais quel cinéaste….

    Répondre
  • MAISOUBLANCO dit : 5 novembre 2011 à 16 h 14 min

    Je découvre ce jour votre site et cet aperçu de Prof. Reporter qui est un de mes films préférés.
    Dans votre conclusion, je ne comprends pas si c’est cette tentative d’échapper à soi-même qui est vouée à l’échec ou si s’il s’agit de toutes les tentatives de l’homme … donc de l’humanité.
    La fin du film l’ECLIPSE montre l’endroit habituel de rencontre d’un couple. Le couple ne vient plus, la réalité reste : le réverbère, le canivau.
    Je vous transmet une vue de la place de la Mairie de Ferrara où est né Antonioni :
    http://www.maisoublanco.fr/wordpress/?p=16

    Répondre
    • Citizen Poulpe dit : 5 novembre 2011 à 17 h 14 min

      Merci pour le lien !
      Je dirai qu’il s’agit avant tout de l’échec d’un homme, mais que cet échec a une portée plus grande… Et qu’il y a derrière effectivement un propos assez désabusé sur l’humanité en général. Mais j’avoue que je n’ai pas revu le film depuis un moment, et il y a probablement des niveaux de lecture qui m’échappent !
      Quant à « L’Éclipse », il faut absolument que je le vois ! J’ai lu une interview d’Antonioni sur « Identification d’une femme », que je n’ai pas vu non plus, comme « Le Désert rouge », un autre de ses classiques. En revanche, j’ai vu « Zabriskie Point » que je trouve moins intéressant que « Profession Reporter » mais qui comporte de très belles séquences et est vraiment agréable à regarder, avec une belle musique en prime…

      Répondre
  • Toyasilvan dit : 13 septembre 2013 à 0 h 26 min

    The passenger d’antonioni chef d’oeuvre absolu image de luciano tovoli sublime acteurs au top ! ! ! Voir et revoir

    Répondre
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