Film de Philip Kaufman
Titre original : The Right Stuff
Année de sortie : 1983
Pays : États-Unis
Scénario : Philip Kaufman, d’après le roman de Tom Wolfe, The Right Stuff
Montage : Glenn Farr, Lisa Fruchtman, Stephen A. Rotter, Douglas Stewart, Tom Rolf
Photographie : Caleb Deschanel
Musique : Bill Conti
Avec : Sam Shepard, Dennis Quaid, Scott Glenn, Ed Harris, Fred Ward, Kim Stanley, Scott Wilson.
Gordon Cooper: Who’s the best pilot you ever saw? You’re looking at him, baby.
Eisenhower: An astronaut named Gus? What’s your middle name?
Gus Grissom: Ivan.
Eisenhower: Ivan. Maybe… Gus isn’t so bad.
Grand classique du cinéma des années 80, L’Étoffe des héros relate l’histoire véridique des pilotes d’élite américains recrutés – au cours de la guerre froide – pour les premiers vols spatiaux habités, dans le cadre du célèbre programme Mercury. Une histoire passionnante soigneusement mise en image par Philip Kaufman (L’Insoutenable légèreté de l’être), et servie par des « gueules » du cinéma américain dont Sam Shepard, Dennis Quaid, Ed Harris et Scott Glenn.
Synopsis de L’Étoffe des héros
Chuck Yeager (Sam Shepard), héros de la seconde guerre mondiale, est un pilote d’essai de l’Air Force qui exerce dans la base de Muroc Army Air Fied, située en Californie. En 1947, il est le premier pilote au monde à franchir le mur du son. D’autres pilotes d’élite, dont Gordon Cooper (Dennis Quaid), sont employés dans cette base où de nombreux essais de vols à vitesse supersonique sont régulièrement effectués.
En 1957, lorsque la Russie parvient à envoyer le satellite Spoutnik dans l’espace, le gouvernement américain décide de lancer le programme Mercury. De nombreux pilotes de l’Air Force mais également de l’US Navy – dont Alan Shepard (Scott Glenn) – se portent volontaires pour réaliser une série de tests physiques éprouvants. Au final, sept d’entre eux sont retenus pour être les premiers hommes à voyager dans l’espace…
Critique du film
Alan Shepard: Sounds dangerous
Recruiter: It is! Extremely dangerous!
Alan Shepard: Count me in!
Une construction équilibrée
Philip Kaufman a signé lui-même l’adaptation du livre de Tom Wolfe (auteur, notamment, du célèbre Bûcher des vanités) dont L’Étoffe des héros est tiré. Le résultat est d’une belle efficacité : toutes les étapes du programme Mercury – ainsi, bien entendu, que son contexte historique (la rivalité entre les États-Unis et la Russie) – font l’objet d’un traitement détaillé, crédible et réaliste.
L’une des qualités, et non des moindres, du film, est également d’accorder une place essentielle aux différents personnages. Kaufman livre en effet un portrait humain et juste des sept astronautes, du pilote Chuck Yeager (qui refusa de participer au programme) mais aussi de plusieurs personnages secondaires. Le film s’attarde également sur l’histoire de la base de Muroc Army Air Fied, lui donnant une aura légendaire.
Le scénario parvient de fait à un parfait équilibre entre la grande et la « petite » histoire, et c’est cette richesse qui permet au spectateur de s’impliquer dans le récit et dans ses différents enjeux – qu’ils soient politiques, historiques, ou beaucoup plus intimes et personnels. Ces différentes couches donnent un véritable relief à un film qui, bien que réaliste, est aussi – et avant tout – éminemment romanesque.

Sam Shepard dans « L’Étoffe des héros »
L’humour est également bien dosé et le film, s’il adopte un ton volontiers épique (comme son titre le suggère d’emblée), ne tombe jamais dans le patriotisme à outrance auquel son sujet aurait pu le cantonner, ne se privant pas d’un regard souvent grinçant sur plusieurs représentants politiques américains (le vice-président de l’époque, Lyndon Johnson, est carrément ridiculisé au cours d’une séquence), et faisant preuve d’un certain recul par rapport à la logique de la guerre froide. Ainsi, si l’aventure est glorifiée, c’est davantage pour sa dimension humaine que pour ses aspects purement politiques et patriotiques.
La réalisation et le casting
La réalisation se met humblement, mais efficacement, au service du récit. Philip Kaufman aborde les scènes spectaculaires et les séquences plus intimistes avec une égale rigueur. Quant au casting, il est assurément l’un des points forts de L’Étoffe des héros. Dans le rôle du pilote d’essai Chuck Yeager, l’acteur, écrivain et auteur de théâtre Sam Shepard témoigne d’une présence et d’une aura remarquables. Mais il n’est pas la seule « gueule » du film : Ed Harris, Scott Glenn, Dennis Quaid et d’autres encore rivalisent de charisme et de talent.

Ed Harris dans « L’Étoffe des héros »
Fort d'un scénario qui rend honneur à la richesse des romans de Tom Wolfe - tant au niveau de la caractérisation des personnages que de la présentation du contexte -, d'une réalisation maîtrisée et d'un casting 4 étoiles, L’Étoffe des héros est un excellent film d'aventures, qui possède le souffle indispensable à son sujet.
Un commentaire
Une scène à retenir de la filmographie assez grise de Kaufman : l’étreinte saphique de Brigitte Lahaie dans « Henry et June », cadrée dans un miroir à la Tinto Brass, joli spectacle offert à Maria de Medeiros – et charmant accent de celle qui incarna une Mort mémorable dans « Fascination ». Pour mémoire, Eastwood le débarqua du tournage de « Josey Wales hors-la-loi », malgré sa rédaction du scénario, pour le fameux « désaccord artistique ». On ne le regrette pas vraiment.