Film de Jesse Peretz
Année de sortie : 2018
Pays : États-Unis
Scénario : Tamara Jenkins, Jim Taylor, Phil Alden Robinson et Evgenia Peretz, d’après le roman Juliet,Naked de Nick Hornby
Photographie : Remi Adefarasin
Montage : Sabine Hoffman, Robert Nassau
Musique : Nathan Larson
Avec : Rose Byrne, Ethan Hawke, Chris O’Dowd, Azhy Robertson, Lily Brazier
Juliet, Naked est un bon exemple de « petite » comédie dramatique indépendante sans prétention ni faute de goût, qui possède suffisamment de charme pour se distinguer des nombreux ratés en la matière.
Synopsis du film
Annie (Rose Byrne) vit avec son petit ami Duncan (Chris O’Dowd) dans une petite ville balnéaire anglaise. Duncan est fan d’un chanteur de rock oublié à la carrière éclair, Tucker Crowe (Ethan Hawke), qui a totalement disparu des radars et auquel il consacre un site web.
Annie ne partage guère cette passion et commence à se demander si elle n’a pas loupé le coche dans sa vie intime. Quand Duncan reçoit les maquettes de l’unique album de son idole, sous le titre Juliet Naked, Annie publie un commentaire acerbe sur son site, afin de contrarier son compagnon. C’est alors qu’elle reçoit un mail du mystérieux musicien…
Critique de Juliet, Naked
Juliet, Naked est la 8ème adaptation cinématographique d’un roman de l’écrivain britannique Nick Hornby après, entre autres, les célèbres Fever Pitch des frères Farrelly (2005) et surtout High Fidelity de Stephen Frears (2000). Cette fois, c’est Jesse Peretz qui réalise, cinéaste américain qui débuta sa carrière par une adaptation d’une nouvelle d’Ian McEwan en 1997, avant de connaître plus récemment un certain succès public et critique avec Our Idiot Brother (2011), dont la première eut lieu au célèbre festival de Sundance ; comme, 7 ans plus tard, ce Juliet, Naked au casting séduisant, puisqu’on y retrouve Rose Byrne (Sunshine ; Insidious), Ethan Hawke (Before Sunrise ; Bienvenue à Gattaca ; Born to be Blue) et Chris O’Dowd (40 ans ; Mes Meilleures amies).
L’action se déroule principalement dans une petite ville balnéaire britannique, dont les décors un peu désuets contribuent d’ailleurs au charme de l’ensemble. Le thème est classique : Juliet, Naked est un mid-life crisis movie, dont les personnages s’interrogent sur les bien-fondés de leur choix passés et sont confrontés à l’inéluctable passage du temps.
Beaucoup de films explorant un sujet similaire s’embourbent sur les chemins de l’ennui ou de la lourdeur mais en l’occurrence, Juliet, Naked trouve la note juste, grâce à un trio central de personnages bien caractérisés, des comédiens lumineux (Rose Byrne et Ethan Hawke forment un joli tandem ; Chris O’Dowd est parfait en fan obsessionnel) et une écriture qui ne force jamais trop le trait (on retrouve ici la marque de Nick Hornby, qui sait bien maintenir l’équilibre entre légèreté et gravité). De fait, si on n’est à aucun moment vraiment surpris ou saisi par quelque chose de particulier, on suit avec plaisir ce film doux-amer, écrit et filmé avec soin, sobriété et humilité.
Ethan Hawke, dont on avait déjà apprécié les talents de chanteur dans Born to be Blue (où il s’attaquait quand même à du Chet Baker !), s’est pour l’anecdote lui-même chargé d’interpréter les morceaux (assez fades au demeurant, mais c’est probablement volontaire) de son personnage d’ancien rocker paumé ; au cours d’une scène, il reprend même le très beau Waterloo Sunset des Kinks (voir ci-dessous). Un exemple parmi d’autres (on relèvera également la référence à la série culte The Wire, objet d’un cours donné par Duncan) du bon goût des auteurs de ce Juliet, Naked, dont la date de sortie française est inconnue à ce jour.
Vidéos
Reprise de Waterloo Sunset de The Kinks par Ethan Hawke dans Juliet, Naked :
Ethan Hawke chante plutôt bien ce grand classique des Kinks (dont Ray Davies, son auteur-compositeur, est particulièrement fier), mais l’arrangement n’est toutefois pas à la hauteur. Une version plus épurée, dans l’esprit de ce qui est fait au début du morceau, aurait sans doute mieux fonctionné.
Bande-annonce de Juliet, Naked
Juliet, Naked suit certes un sentier relativement balisé et familier, mais il le fait avec élégance et sans prétention aucune. Le film de Jesse Peretz s'affirme donc comme une comédie dramatique divertissante servie par de beaux acteurs, dont on aurait tort de se priver si l'on n'est pas allergique au genre.
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