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« In Dreams » de Roy Orbison dans « Blue Velvet »

Par Bertrand Mathieux · Le 27 juillet 2017

La superbe chanson In Dreams, de Roy Orbison, a été utilisée par David Lynch dans le film Blue Velvet (1986). Et pour cause : non seulement le cinéaste apprécie ce genre de musique et est un grand admirateur d’Orbison, mais cette chanson en particulier entretient des correspondances évidentes avec son univers.

La chanson

À propos de Roy Orbison

Roy Orbison (1936-1988) était un chanteur (de nationalité américaine) possédant des qualités vocales exceptionnelles, tant au niveau de son timbre – reconnaissable entre tous – que de ses capacités (des spécialistes ont affirmé que sa voix couvrait trois à quatre octaves).

Contrairement à certains autres grands chanteurs de rock’n’roll de l’époque (comme par exemple Elvis Presley), Orbison était aussi un auteur-compositeur qui signait ou co-signait la plupart de ses chansons. Si son tube le plus célèbre est Pretty Woman – notamment grâce au film éponyme de Garry Marshall (1990) qui en fit largement usage -, il a écrit quantité d’autres morceaux, dont celui qui nous intéresse ici.

Composition

In Dreams, écrite et composée par Orbison, est sortie en 1963 sur le label Monument. Cette chanson est représentative d’un style de composition fréquent chez son auteur, à savoir les ballades mélancoliques aux accents opératiques (en anglais, on parle d’operatic ballads) et à la structure d’une complexité relativement inhabituelle dans la musique populaire de l’époque. In Dreams ne comporte ainsi ni couplet ni refrain, mais sept sections mélodiquement distinctes dont aucune ne se répète. Au niveau vocal, le morceau exige une assez large amplitude ; après une ouverture relativement grave, le chanteur monte progressivement et pousse une note en falsetto vers la fin de la chanson.

Thématique

C’est une chanson sur un amour perdu, mais aussi sur l’illusion et sur le rêve : le narrateur s’endort au début du texte, puis se met à rêver qu’il est aux côtés de la femme qu’il aime, pour finalement se réveiller et réaliser que celle-ci l’a quitté. D’ailleurs, Orbison a confié que nombre de ses chansons lui sont venues en rêve, ou dans un état de demi-sommeil, ce qui est précisément le cas de In Dreams.

L’utilisation de cette chanson par David Lynch dans Blue Velvet a contribué à relancer la carrière d’Orbison, qui n’avait pas sorti d’album depuis environ 7 ans et surtout, qui n’avait pas enregistré de chansons à succès depuis un bon moment. Mais l’objectif premier de Lynch n’était pas simplement de mettre un coup de projecteur sur un artiste qu’il admire : la musique est une composante fondamentale de son cinéma et ce choix, comme tous ceux que le cinéaste effectue dans ce domaine, n’avait absolument rien d’un hasard.

In Dreams et Blue Velvet : les correspondances

Nous l’avons vu, le texte de la chanson fait explicitement référence au monde du rêve (In dreams I walk with you, In dreams I talk to you). Or le cinéma de Lynch, et Blue Velvet ne fait pas exception, est profondément onirique. Tantôt les rêves – ou cauchemars – de ses personnages sont directement montrés ou évoqués à l’écran (comme cette scène de Mulholland Drive dans laquelle le client d’un café restaurant raconte son cauchemar à un ami), tantôt les scènes, sans se présenter explicitement comme des rêves, pourraient aussi bien en être et entretiennent une ambiguïté troublante entre réalité et fantasme (toute une partie de Mulholland Drive peut d’ailleurs se voir sous ce prisme). Dans Blue Velvet, le rêve est tout aussi présent, notamment lorsque le personnage de Sandy Williams (Laura Dern) raconte  à Jeffrey (Kyle MacLachlan) un rêve idyllique et lumineux – auquel la dernière séquence du film fera clairement écho.

Plus généralement, l’illusion et les différents niveaux de réalité sont au cœur du cinéma de Lynch. Dans la scène visible ci-dessus, la première où l’on entend In Dreams dans le film (on la ré-entend quelques instants plus tard), l’idée d’illusion est véhiculée par le fait que le personnage de Ben (Dean Stockwell) feint de chanter le morceau avec un micro, après que Frank (Dennis Hopper) ait lancé le vinyle. Ce procédé rappelle la magistrale scène de Mulholland Drive qui se déroule au Club Silenzio, et dans laquelle Rebekah del Rio interprète une chanson intitulée Llorando, puis s’écroule sur scène tandis que sa voix, pré-enregistrée, continue de résonner dans la salle (une belle métaphore du cinéma) ; Llorando qui n’est autre qu’une version espagnole et a cappella de Crying, une chanson de… Roy Orbison.

On notera qu’à la fin de la séquence ci-dessus, les personnages disparaissent brusquement du cadre, de façon totalement surréaliste. Encore une façon de brouiller les pistes entre réalité, rêves, illusions et univers parallèles – de ceux qui hantent la série Twin Peaks du même Lynch, dont la saison 3 passionne et déroute en ce moment-même la critique et le grand public.

In Dreams : la version live de Black and white night

En 1988, l’année même de sa mort (et deux ans après la sortie de Blue Velvet), Roy Orbison donna un concert exceptionnel où il est accompagné (entre autres) de T-Bone Burnett, James Burton (grand guitariste qui joua notamment aux côtés d’Elvis), Jerry Scheff (bassiste sur l’album L.A. Woman des Doors), Bruce Springsteen, Elvis Costello et Tom Waits… Soit beaucoup de musiciens légendaires (représentant plusieurs générations d’artistes) présents sur une même scène !  In Dreams fait partie de la setlist, et Orbison la chante magistralement.

Blue VelvetDavid LynchIn DreamsRoy Orbison
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

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