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Ricardo Darín et Érica Rivas dans "El Presidente"
Fantastique 2

El Presidente

Par Bertrand Mathieux · Le 7 janvier 2018

Film de Santiago Mitre
Année de sortie : 2017 (2018 en France)
Pays : Argentine, France, Espagne
Titre original : La Cordillera
Scénario : Mariano Llinás, Santiago Mitre
Photographie : Javier Julia
Montage : Nicolás Goldbart
Musique : Alberto Iglesias
Avec : Ricardo Darín, Erica Rivas, Dolores Fonzi, Paulina García, Daniel Giménez Cacho, Elena Anaya, Alfredo Castro, Christian Slater

Une journaliste : Croyez-vous à l’existence du bien et du mal ?
Hernán Blanco : Vous pensez que si je n’y croyais pas, je pourrai faire de la politique ?

El Presidente (La Cordillera) évite les poncifs du film politique grâce à un sens aigu de la suggestion et à une atmosphère subtilement imprégnée de fantastique.

Synopsis du film

Le président argentin Hernán Blanco (Ricardo Darín) se rend à un sommet réunissant plusieurs chefs d’État sud-américains, à Santiago du Chili. Le contexte n’est pas idéal pour lui, puisque l’ex-compagnon de sa fille Marina (Dolores Fonzi) l’accuse d’être lié à un scandale financier. Mais les choses prennent une tournure plus inquiétante encore quand Marina sombre brutalement dans un état mutique, pour une raison indéterminée…

Critique de El Presidente

Les films (ou séries TV) politiques qui illustrent les obscurs rouages du pouvoir, la corruption des élus et les affres de la mondialisation sont nombreux, et si bien sûr certains d’entre eux sont réussis, d’autres ont tendance à dérouler un schéma relativement convenu, à enfoncer des portes ouvertes et, sur le plan de la psychologie, à ne pas toujours verser dans la finesse.

El Presidente (encore une fantaisie des « traducteurs » français, inférieure au titre original : La Cordillera) écarte d’emblée, avec beaucoup de style et d’élégance, les lourdeurs du genre. Sa singularité et sa valeur tiennent à plusieurs motifs, qui relèvent tantôt de l’écriture, tantôt de l’esthétique.

La caractérisation des personnages est finement élaborée, et notamment celle du protagoniste ; un homme qui, comme le souligne Dereck Mc Kinley (Christian Slater) dans le film, est assez difficile à cerner (et donc intéressant). De prime abord, il semble assez droit, simple – il faut dire que sa campagne s’est construite sur l’image d’un citoyen « ordinaire ». Un créneau qui rappelle celui d’un certain François Hollande en 2012, et dont une journaliste, dans El Presidente, souligne l’aspect paradoxal (votre visage sera imprimé sur des billets de banque, fait-elle justement remarquer). Le film nous éclaire peu à peu sur ce personnage central moins lisse qu’il ne le prétend, d’une manière qui entretient d’ailleurs un certain suspense, comme si le cinéaste retournait des cartes une à une, en prenant soin d’éviter le piège du manichéisme et de la sur-explication.

Le célèbre acteur Ricardo Darín (Les Neufs Reines, Dans ses yeux, Les Nouveaux sauvages) livre une composition tout en retenue qui contribue au caractère ambigu et mystérieux de l’ensemble. Il est évident que si d’emblée, on avait jugé le président auquel fait référence le titre français comme un énième arriviste magouilleur et ambitieux, l’intérêt du film aurait été bien moindre ; tandis qu’ici, les choses se précisent de façon progressive et conservent toujours une part d’ombre. C’est que Santiago Mitre use volontiers de la suggestion et même du fantastique pour au final livrer une représentation abstraite et métaphorique du pouvoir dans ce qu’il peut avoir de sombre – de mauvais. Le réalisateur a d’ailleurs déclaré à propos de La Cordillera : C’est la figure de Faust, ou la métaphore faustienne, qui a fourni l’approche la plus évidente. […] La Cordillera est un conte fantastique, une histoire d’horreur sans monstre, sur un président cerné par ses démons (source : El Presidente, sur Wikipédia).

L’intelligence du cinéaste est d’être parvenu à faire exister cette dimension fantastique au sein d’un récit en grande partie réaliste, d’une constante sobriété et dont il a soigné tous les aspects. En dehors du protagoniste, l’ensemble des personnages a manifestement fait l’objet d’une écriture rigoureuse, précise et jamais trop appuyée. On appréciera la partition cynique à souhait de Christian Slater mais également celles de la belle Érica Rivas (qui joue l’assistante du président), de Dolores Fonzi et des autres comédiens, d’une égale justesse.

Le réalisateur utilise habilement le décor du film – pour l’essentiel, des montagnes chiliennes enneigées – pour développer une atmosphère étrange, vaguement inquiétante que renforce la bande originale composée par Alberto Iglesias (célèbre notamment pour sa collaboration avec Pedro Almodóvar). On notera ce plan significatif montrant, de haut, une route montagneuse tortueuse empruntée par la voiture du presidente – symbole évident d’un parcours loin d’être exemplaire, que le film dessine avec subtilité.

7.5 Note globale

Par son sens de la nuance, du symbolisme et du non-dit, Santiago Mitre est parvenu à créer une variante habile du film politique, qui tend finement vers le fantastique. Le résultat possède une part d'insaisissable qui intrigue, voire fascine encore après la vision du film. Une réussite.

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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

2 commentaires

  • JEAN DUCHENE dit : 13 février 2018 à 9 h 55 min

    analyse pertinente. Les critiques qui parlent en les opposant de deux pistes, la piste psy, intime et la piste publique, politique passent à côté du film. Les deux pistes sont étroitement mêlées, c’est le coeur même du film et la corruption dont il est question n’est pas tant une corruption par l’argent qu’une corruption plus profonde, plus ancienne, plus intime, une corruption de l’âme.

    Répondre
    • Bertrand Mathieux dit : 13 février 2018 à 10 h 21 min

      Très bonne remarque ! C’est clairement le sens de l’histoire. Merci !

      Répondre

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