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Katrin Cartlidge dans Claire Dolan
Drame 2

Claire Dolan

Par Bertrand Mathieux · Le 4 juin 2020

Film de Lodge Kerrigan
Pays : États-Unis, France
Année de sortie : 1998
Scénario : Lodge Kerrigan
Photographie : Teodoro Maniaci
Montage : Kristina Boden
Musique : Simon Fisher Turner
Avec : Katrin Cartlidge, Vincent D’Onofrio, Colm Meaney

Claire Dolan rend compte, avec beaucoup de justesse, du quotidien d’une femme contrainte à être une call-girl dans une ville filmée comme une prison. Le résultat pourrait être lourd ou verser dans le pathos, mais la sobriété du traitement, la précision de la mise en scène et la finesse de l’interprétation le préservent définitivement de ces travers.

Synopsis du film

Parce qu’elle doit une forte somme d’argent à un dénommé Roland (Colm Meaney), Claire Dolan (Katrin Cartlidge) exerce, pour le compte de ce dernier, le métier de call-girl.

Quand sa mère décède, Claire tente de tourner le dos à ce quotidien pesant. Elle déménage et rencontre un chauffeur de taxi, Elton (Vincent D’Onofrio), avec lequel elle entame une liaison prometteuse.

Mais Roland n’a pas l’intention de laisser sa « protégée » prendre son envol…

Critique de Claire Dolan

Le générique de début de Claire Dolan s’inscrit sur des plans fixes montrant des façades d’immeuble aux lignes géométriques qui, en gros plan, évoquent un peu les barreaux d’une prison. La suite confirme ce parti pris : dans le film, la ville est montrée comme un espace aliénant ; un piège architectural, aux perspectives froides et indifférentes.

Générique du film Claire Dolan
La « ville-prison » où vit l’héroïne du film

En son sein, la protagoniste qui donne son titre au métrage et qu’incarne, avec beaucoup de talent, la comédienne britannique Katrin Cartlidge, se déplace avec, sur ses épaules, le poids des habitudes et de la fatalité. Elle répète à ses clients – c’est une call-girl – les mêmes mots et expressions, sur le même ton dépassionné. Ses entrevues avec son souteneur Roland (Colm Meaney), redoutable pervers manipulateur, se ressemblent toutes, de même que ses journées.

Colm Meaney dans Claire Dolan
Roland (Colm Meaney) dans « Claire Dolan »

Le film est d’une cohérence formelle assez remarquable. Chaque image produit la même sensation d’enfermement, exprime la même absence d’issue. Chaque geste est l’expression d’une contrainte devenue naturelle, acceptée, évidente. Le jeu nuancé de Katrin Cartlidge le souligne d’ailleurs fort bien. Et quand un soupçon d’espoir affleure à la surface de ce quotidien morose, le film se garde de tout élan mélodramatique, conservant sa sobriété initiale. Comme l’héroïne, la caméra est prudente et résignée : elle ne croit plus aux contes de fées depuis longtemps.

À l’instar de tous les réalisateurs un peu subtils, Lodge Kerrigan n’en dit pas trop. Le récit est économe, avare d’explications superflues. On comprend l’essentiel, et cela suffit amplement. Le personnage principal, un très beau personnage féminin, conserve une bonne part de mystère. Pour autant, on éprouve une empathie réelle à son égard.

Katrin Cartlidge et Vincent D'Onofrio dans Claire Dolan
Claire (Katrin Cartlidge) et Elton (Vincent D’Onofrio)

Claire Dolan n’est pas vraiment, en tout cas pas uniquement un film sur la prostitution ; c’est un film sur l’enfermement, sur l’emprise, sur la privation d’identité (le fait que son titre soit le nom du personnage principal renvoie directement à cette thématique). L’héroïne est pour ainsi dire dépossédée d’elle-même ; quand par moment elle se retrouve un peu, c’est très beau, d’autant plus que ce n’est jamais surligné par un plan trop ampoulé ou par une musique indiscrète.

Cette pudeur contraste avec les hommes d’affaires libidineux qui s’offrent les services de Claire. À l’image de cette dernière, c’est une pudeur précieuse et digne, qui fait que le film de Kerrigan traverse les décennies avec grâce.

Voir le film en ligne

Claire Dolan est disponible gratuitement sur le site Arte TV jusqu’au 30 septembre 2020, via ce lien.

8 Note globale

Claire Dolan est une œuvre d'une grande cohérence stylistique et d'une sobriété exemplaire. L'émotion suscitée est discrète, silencieuse, précieuse, à l'image de Katrin Cartlidge, une comédienne disparue bien trop tôt (en 2002, à seulement 41 ans). La vision de Claire Dolan donne envie de voir ou revoir Breaking The Waves de Lars von Trier, ou encore Naked de Mike Leigh, dans lesquels elle avait déjà donné toute la mesure de son talent.

Colm MeaneyFéminismeKatrin CartlidgeLodge Kerrigan
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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

2 commentaires

  • Lucinda dit : 30 mai 2021 à 22 h 56 min

    Je suis rassurée de lire des critiques enthousiastes pour le film CLAIRE DOLAN, des critiques qui expriment bien ce que j’ai beaucoup dans ce film, merci et bonne continuation ! Lucinda

    Répondre
    • Bertrand Mathieux dit : 27 juin 2021 à 21 h 32 min

      Merci à vous pour votre commentaire !

      Répondre

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